Noctambule (Iwan Gilkin)

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Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 76).


Noctambule


Dans le quartier tapi derrière la caserne,
Bat, comme un cœur peureux, le bruit d’un pas hâtif.
Ô Nuit ! Dans la terreur du silence attentif
L’Ange des Lâchetés ouvre son aile terne.

Quelqu’un fuit. Un danger qu’on ignore, le cerne.
Angoisse des longs murs cauteleux, et plaintif
Désir d’aide ! Là-bas, sur le plâtre craintif
Cligne l’œil injecté d’une rouge lanterne.

Des cris ? Non. Rien. Pas même un souffle, ou la rumeur
D’un meurtre sourd, au loin, ni la chute qui meurt
Sous un pont, dans le vent des ténèbres velues.

Mais voici que, tirant les soldats du sommeil,
Un clairon, dont l’appel perce les mornes rues,
Annonce la puissance et la paix du Soleil.