Notes d’un bibeloteur au Japon/Préface
Voici un petit livre sans prétention qui raconte les achats d’un marchand parisien au Japon, en 1874.
Et tout de suite l’admirable bonne fortune, au débotté, que cette retrouvaille au bazar de Nagazaki, sous un lit de poussière de deux ans, de ce lot d’écritoires et de boîtes de laque, payées un dollar pièce, et dont beaucoup valent, à l’heure qu’il est, mieux qu’un billet de mille francs. Une véritable halle d’objets d’art à bas prix, en ce temps, que cette terre du Japon, avec ces rues de marchands de curiosités, de marchands d’étoffes, de monts-de-piété, avec ces foules de vendeurs assaillant votre porte dès le jour, vendeurs de kakémonos, vendeurs de foukousas, vendeurs de bronzes qui entraînent des charretées à leur suite, avec enfin les passants même, se laissant dépouiller, sans trop de difficultés, du netzké de leur ceinture. Et cela dure tout le temps jusqu’à la fin, où il vient presque à l’acheteur, une fatigue, un dégoût de l’achat, devant l’émeute des offres.
Cependant les aimables marchands que ces marchands d’exotiques objets qui se font vos guides et vos marchandeurs pendant huit jours pour une boîte de bonbons à l’enfant, et les gracieux trafics que ces marchés de bibelots se terminant par des festins qui ont pour dessert les danseuses et les chanteuses d’Osaka.
Intéressant, il l’est vraiment ce petit livre, ce petit livre beaucoup trop court.
Oui, j’aurais voulu déterminer l’auteur, à le faire plus long, à entrer dans des détails plus étendus, à désigner d’une manière plus reconnaissable les objets hors ligne rapportés de ce voyage, mais vraiment faut-il se montrer trop exigeant avec un écrivain par occasion, fatigué bien vite de tenir une plume.
Pour l’histoire de l’achat des bibelots français du dix-huitième siècle, nous avons l’immense « Journal de Lazare Duvaux, le marchand bijoutier ordinaire du Roy » pour l’histoire de l’achat des bibelots du Japon, nous aurons le tout petit carnet de Philippe Sichel.