Notes historiques sur la vie de P. E. de Radisson/À la Baie James

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QUATRIÈME VOYAGE.

À la Baie James.



À peine Radisson était-il de retour dans la colonie, qu’il songeait à s’élancer de nouveau, vers l’extrême Nord-Ouest. Les tribus inconnues, qui l’habitaient et les plages inhospitalières de la Baie d’Hudson l’attiraient invinciblement.

Il dût attendre toutefois, le retour du printemps.

Dans sa dernière expédition, il avait rencontré un parti de Christineaux et en avait reçu des renseignements sur leur pays. Il n’ignorait pas, que la traite avec les nations du Nord, dût rapporter d’immenses profits. Il y avait là, une véritable mine, dont les riches trésors miroitaient déjà, devant ses yeux.

Aussi, il avait eu la précaution de s’entendre avec son beau-frère des Groseilliers, pour ne dévoiler à personne, leur précieux secret.

Ils espéraient tous deux, entreprendre l’année suivante, une nouvelle expédition, pour aller recueillir la moisson qui les attendait.

Cependant, les riches fourrures, que les sauvages, qui les avaient accompagnés, venaient d’apporter à Québec, avaient allumé la convoitise du gouverneur et de son entourage. Leur secret transpira, par l’indiscrétion, paraîtrait il, de la sœur de Radisson, épouse de des Groseilliers.

La rumeur en parvint jusqu’aux oreilles du gouverneur, qui fit mander Radisson. Il lui proposa, de lui donner pour compagnons de voyage, deux de ses serviteurs, avec l’entente que les profits de la traite, seraient partagés par moitié.

Radisson, ne se souciait guère, d’avoir des associés. Il n’était pas d’humeur, à céder une aussi large part des bénéfices, qui lui coûtaient déjà tant de fatigues. Il repoussa donc ces offres.

Il sentait bien cependant que le gouverneur, pour s’en venger, pouvait le gêner dans ses entreprises. Il était en effet, le dispensateur des licences de traite. Aucun voyageur, ne pouvait s’éloigner de la colonie, sans s’être muni de son autorisation.

Le gouverneur en profita. Afin de le contraindre, à prêter une oreille plus attentive à ses propositions, il lui fit défense d’entreprendre aucun voyage.

Pour le fléchir, Radisson fit intervenir les Révérends Pères Jésuites. Ils firent une tentative en sa faveur. Le gouverneur refusa de lâcher sa proie.

Il est bon de noter ici, le beau témoignage que notre découvreur, rend au zèle de ces saints missionnaires. Il vient d’un homme, qui avait été témoin de leur dévoûment et qui les avait vus à l’œuvre dans leurs lointaines missions.

« Leur seul désir, dit-il, est l’agrandissement du royaume de Dieu. Ils font preuve d’une charité vraiment admirable, envers tous ceux qui travaillent et qui, par leur conduite honnête, se montrent dignes d’être aidés. Ceci est la pure vérité. C’est la réponse que je fais, à tous ceux, qui voudraient jamais prétendre le contraire. Je parle ici, avec connaissance de cause. »

Au printemps, deux missionnaires partirent pour le Nord. Ils se proposaient, dit Radisson, de se rendre à la mer du Nord, en remontant le Saguenay, mais ils rencontrèrent de telles difficultés, qu’ils furent contraints de rebrousser chemin.

Radisson, semble indiquer ici, l’expédition, entreprise en 1661, par les RR. Pères Dablon et Druillètes et dont faisaient partie, Michel Leneuf de la Vallière, Denis Guyon, Desprès Couture et François Pelletier.

Il ne savait trop, que faire, en face des défenses formelles du gouverneur, lorsqu’arrivèrent, au mois d’août (1661) sept bateaux, conduits par des sauvages de l’Ouest. Comme ils avaient déjà eu des rapports avec lui, ils l’invitèrent à les suivre. Ne pouvant plus y tenir, il résolut de braver le gouverneur et de partir quand même.

Il fut donc décidé par des Groseilliers et Radisson qu’ils accompagneraient les sauvages, et s’éloigneraient clandestinement avec eux, afin de tromper la surveillance du gouverneur.

Ils donnèrent rendez-vous, à leurs compagnons, sur le lac St. Pierre, à 6 lieues de Trois-Rivières.

Les sauvages, devaient se tenir cachés, dans des hautes herbes, sur le bord du lac, à un endroit convenu, et attendre leur arrivée.

Des Groseilliers, était à cette époque, capitaine à Trois-Rivières et comme tel, il était en charge des clefs du fort.

Ils quittèrent le fort, vers minuit. La sentinelle qui montait la garde ce soir là, en voyant son capitaine, les laissa passer et leur souhaita un bon voyage.

Ils étaient trois ; Radisson, des Groseilliers et un nommé François LaRivière.

Impatientés de leur retard, les sauvages avaient fini par quitter leur retraite. Nos voyageurs les rejoignirent à trois lieues du Fort Richelieu.

Ce pauvre LaRivière, n’alla pas loin dans cette expédition. Quelques jours après leur départ, ayant aperçu plusieurs canots Iroquois, ils se cachèrent dans un bois, et partirent pendant la nuit.

LaRivière, qui était peu habitué aux fatigues de tels voyages, dormait profondément lors du départ de ses compagnons. Ces derniers ne s’aperçurent pas de son absence. Il ne se réveilla que le lendemain. Il erra pendant 14 jours, se mourant de faim. Des sauvages amis, le recueillirent et l’amenèrent à Trois-Rivières, où le gouverneur le constitua prisonnier. Les habitants lui rendirent sa liberté.

Nos découvreurs, rencontrèrent quelques jours après sept bateaux d’Octanacs, qui se rendaient eux aussi, au lac Supérieur. Ils ne pouvaient venir plus à propos. Ce renfort leur fut d’un grand secours. Il s’agissait en effet, pour eux, de briser la ligne d’Iroquois, qui rayonnaient tout autour de la colonie, et interceptaient partout les passages.

À cette époque, il était impossible de s’aventurer sur le St. Laurent, sans avoir maille à partir avec eux. Ils surgissaient de tous côtés, comme par enchantement, guettant le premier venu, pour lui courir dessus. Il ne se passait pas de jour, sans que nos découvreurs aperçussent quelques canots ennemis, sillonnant le fleuve ou se hâtant de se porter sur la rive, pour les attendre au passage.

Afin de se protéger contre leurs traits, nos voyageurs avaient rangé, sur les bords de leurs canots, des peaux de castor, en guise de rempart. De temps à autres, lorsque les Iroquois se concentraient en forces trop considérables, il leur fallait débarquer, près du premier bois venu, se fortifier le mieux possible et soutenir un siège qui durait quelquefois, plusieurs jours.

Ces petits engagements étaient souvent, assez meurtriers. C’est ainsi, que dans l’un d’eux, les Iroquois, laissèrent 16 morts sur la plage.

Chaque fois, qu’un Iroquois tombait entre leurs mains, les Octanacs s’empressaient de le dépecer et de faire bouillir sa chair, pour la dévorer avec un appétit féroce. En passant près de la chute Niagara, ils eurent la curiosité, à l’instar des touristes modernes, d’aller visiter les cavernes qui se trouvent sous la chute. Ils traversèrent le lac Érié, que Radisson appelle « lac des Castors » et remontèrent la rivière Ste. Claire à laquelle Radisson donne le nom de « Sorciers ». Parvenu au lac Supérieur, il nous apprend, qu’ils purent dormir sans avoir de sentinelle au guet, vu que les Iroquois ne se rendaient que rarement jusque là.

Il s’enthousiasme à la vue des beautés sauvages de ce lac immense. Ses descriptions exagérées se ressentent de l’état d’exaltation de son esprit. C’est ainsi qu’il prétend avoir vu des masses de cuivre pesant 100 lbs, et des montagnes de sable si élevées, qu’un homme au sommet, ne paraissait guère plus gros qu’un corbeau. Il raconte qu’un jour, 50 monticules de sable, furent transportés par une tempête d’un côté d’une baie, à l’autre etc. La description féerique, qu’il donne, d’un énorme rocher qu’il rencontra sur les bords de ce lac, est des plus curieuses.

Un énorme rocher s’avance, dit-il, au milieu du lac, comme un monstre géant qui garde cette rive.

Il est coupé à pic, et d’une hauteur étonnante. Les vagues qui viennent se briser à ses pieds, ont fini par l’attaquer. À force de lui déchirer les flancs, les flots se sont creusés une caverne, dans laquelle ils viennent s’engouffrer.

Cette caverne ressemble au portique d’un édifice. Lorsque le lac est agité, par la tempête, une voix lugubre s’échappe de l’intérieur de ce rocher, qui glace d’effroi, le pauvre voyageur, qui l’entend pour la première fois. Les sauvages effrayés, lui offrent des sacrifices, pour apaiser les mauvais Manitoux, qui président à cet endroit.

Radisson, lui donna le nom de « Portique de St. Pierre. »

Il côtoya le lac Supérieur presque tout l’été et rencontra des Christineaux auxquels il fit des présents. Il se fit escorter par plusieurs bandes, avec lesquelles il se lia d’amitié.

Il parvint enfin à une baie d’environ 10 lieues.

À quelque distance de là, s’élevait un cap en forme de pyramide et fort élevé. Les sauvages qui l’avaient guidé, lui apprirent que leurs femmes se trouvaient à cinq jours de marche de cet endroit ; mais ils lui dirent en même temps que la navigation était très difficile et qu’il lui faudrait faire de longs et de nombreux portages.

Nos découvreurs, décidèrent de se reposer à cet endroit, pendant que leurs sauvages iraient visiter leurs familles. Il fut convenu qu’ils reviendraient, au bout de 14 jours. Pendant ce temps là, ils demeurèrent exposés aux attaques des Nadonéseronons, qui rodaient dans les environs. Ces sauvages étaient fort nombreux et très cruels. Un seul de leur village comprenait plus de 7000 guerriers. Pour se mettre un peu à couvert, ils construisirent un petit fort, sur le bord de la rivière.

Ils l’entourèrent de pieux debout, garnis de clochettes. Ces dernières, en cas d’attaque nocturne, devaient leur donner l’alarme. Les ennemis ne se montrèrent pas, mais par contre, les écureuils et les renards venaient souvent la nuit, sonner le carillon et les tenir en éveil.

Après 2 à 3 semaines d’attente, une cinquantaine de jeunes gens, suivis de quelques uns de leurs anciens compagnons de voyage, arrivèrent au fort.

Ils décidèrent de continuer leur route, en dépit des obstacles. « Le pays que nous traversons, dit Radisson, est beau et un peu montagneux. Le bois est pauvre et rabougri. »

Ils arrivèrent après plusieurs jours de marche, dans un village Cri, composé d’environ 100 cabanes. Le chef, qui les avait accompagnés depuis Montréal, leur donna sa propre cabane pour logement. La femme de ce chef, appartenait à la tribu des « Folles Avoines. » L’hiver les surprit à cet endroit.

La neige tomba en abondance. Comme la chasse n’était pas excellente, il fut résolu, qu’ils se disperseraient dans les bois, par groupe de 2 à 3 personnes, afin de pouvoir vivre plus facilement.

Ils devaient se réunir au printemps suivant, près d’un petit lac.

Pendant l’hiver (1661-1662) Radisson et des Groseilliers envoyèrent des messages à diverses nations, les invitant à venir célébrer avec eux, la fête des morts.

Le froid fut très intense. Ils tuèrent quantité de bœufs sauvages, cariboux, ours etc. Aux premiers signes du printemps, ils se dirigèrent vers le lieu du rendez-vous. La neige commençait à fondre et pour faire le trajet, ils furent obligés de chausser des raquettes de 6 pieds de longueur.

La neige avait en général de 5 à 6 pieds d’épaisseur. Une fois rendus au petit lac, le froid se mit à sévir, avec autant de rigueur que durant l’hiver.

Les provisions furent bientôt épuisées. Les sauvages se virent réduits, à se nourrir d’écorce et de cuir.

La famine devint si grande, que 500 personnes moururent faute de vivres.

Enfin les beaux jours commencèrent à luire et dans trois jours, toute la neige disparut.

Peu de temps après, arrivèrent 8 délégués de la célèbre nation des Nadonéseronons.

Sans nous expliquer pourquoi, Radisson, nous annonce à cette partie de son récit, qu’à l’avenir, il désignera ces sauvages, sous le nom de « Nation du Bœuf. » On peut conjecturer néanmoins, qu’il leur donna ce nom, parcequ’ils se livraient surtout à la chasse des troupeaux de buffles, qui constituaient leur principale nourriture. Ils lui offrirent des présents consistant en avoine, maïs, peaux de buffle et de castor blanc.

Des envoyés de 18 nations différentes se rendirent au petit lac. Ils tinrent un grand conseil, auquel assistaient plus de 500 sauvages.

Ils décidèrent de construire un grand fort, qui devait être l’emporium de la traite du Nord-Ouest. Ils se mirent immédiatement à l’œuvre et l’achevèrent en très peu de temps.

Il était carré et dominait un monticule ; en sorte qu’on pouvait l’apercevoir de loin.

Ce poste, dans l’idée de nos découvreurs, devait être permanent. Ils espéraient pouvoir établir des rapports non-interrompus avec ce fort, et y déposer des marchandises, destinées à alimenter la traite, dans tous les environs.

Quelques jours après, arriva un parti des « Anciens ». Ils se présentèrent en grande pompe et admirablement parés. Ils avaient la figure tatouée de mille couleurs, les cheveux noués en touffe sur la tête et ornés de plumes d’aigle et de corbeau. Ils portaient une longue robe blanche, faite de peaux de castor et un couteau poignard d’un pied et demi de longueur.

Leur principale nourriture, durant l’hiver, consistait en riz, qu’ils faisaient bouillir dans des vases en cuivre.

Radisson, avait rencontré quelques bandes de cette nation, dans son expédition précédente. Ils lui dirent qu’ils étaient venus pour amener de nouveau, des Français, dans leur pays. Ils désiraient également, que les découvreurs épousent leurs querelles contre leurs ennemis, les Christineaux.

Radisson, qui au contraire, voulait cimenter la paix entre toutes les nations, partit avec 50 hommes pour aller visiter les Christineaux et leur conseiller d’enterrer la hache de guerre. Après trois jours de marche, il atteignit leur village. Les Christineaux étaient réunis au nombre de 600, dans un fort.

Il fut bien accueilli et réussit dans sa mission pacifique, audelà de toute attente.

Il leur promit, qu’au printemps suivant, il se rendrait sur le côté du lac Supérieur, qui se trouvait dans la direction de leur pays et qu’il les attendrait sur le bord du lac. Les Christineaux devaient de leur côté, venir le rencontrer à cet endroit, pour l’amener dans l’intérieur, vers la région qu’ils habitaient. Le fort où ils se trouvaient, n’était que temporaire. Ces sauvages n’étaient point fixés à cet endroit, d’une manière permanente. D’ailleurs, le gros de leur nation, se trouvait fort éloigné de ce territoire.

À sept jours de marche de là, se trouvait la nation du « Bœuf. » Elle possédait de grandes cabanes couvertes de peaux. Un de leur village possédait une population de 7000 âmes. Leur pays n’était pas boisé. Pour se chauffer, ils étaient obligés de se servir de mousse. Ils cultivaient le maïs et chassaient le buffle, qui paissait dans les vallées avoisinantes.

Les grains de maïs étaient petits, à cause du froid qui les empêchait de parvenir à maturité.

Leur pays, contenait plusieurs mines de cuivre et de plomb. « On y trouve, dit Radisson, des montagnes couvertes d’une pierre transparente et tendre comme celle de Venise ». Après avoir lié amitié avec ces sauvages et les tribus avoisinantes, nos découvreurs poussèrent plus loin. Ils furent obligés de faire de pénibles portages, à travers les bois, pendant huit jours. Ils atteignirent un lac, où ils tuèrent plus de 600 orignaux, et bâtirent un fort sur les bords de ce lac.

Ils passèrent une partie de l’hiver (1662-1663) dans ce fort. Ils se mirent de nouveau en route, avant que les rivières ne fussent libres et enfin arrivèrent à un camp de Christineaux, qui les conduisirent à la grande rivière.

« Nous arrivâmes, dit Radisson, au rivage de la mer où nous trouvâmes une vieille maison toute démolie et percée de balles ».

Les sauvages lui dirent que les hommes qui étaient venus là, appartenaient à deux nations différentes. D’après la description qu’ils en donnèrent, ce ne pouvait être d’autres que des Européens.

Ils passèrent l’été, à visiter diverses îles et à tuer des poules et des canards. Les buffles se rendaient jusque là, mais les sauvages ne les tuaient que dans le cas de pressante nécessité.

Nos découvreurs s’avancèrent plus loin, dans la Baie. Ici, laissons la parole à Radisson. « La grande rivière vient du lac et déverse ses eaux dans la rivière des Sagnes (Saguenay) appelée Tadousac. Cette dernière de l’endroit où nous étions dans la Baie du Nord, se trouve à 100 lieues de la grande rivière du Canada ».

Durant l’hiver, (1663-1664) ils retournèrent au lac Supérieur, en suivant une rivière différente de celle par laquelle ils étaient venus.

S’il faut en croire, le témoignage de Radisson, il aurait poussé si loin dans le Nord, qu’il serait parvenu avec des Groseilliers jusqu’à la Baie James. Les ruines d’une maison dont il parle, ne seraient-elles pas, par hasard, celle construite et abandonnée par les Danois, vers 1634 ? On rapporte en effet, que les sauvages trouvèrent de la poudre laissée par les Danois. Comme ils n’en connaissaient pas l’usage, ils y mirent le feu et la maison sauta avec eux. Cet établissement des Danois se trouvait, paraîtrait-il, à environ 60 lieues au nord, de la rivière Nelson.

Avec une narration aussi peu précise que celle de Radisson, il n’est pas permis de l’affirmer avec aucun degré de certitude, mais la chose est bien possible.

Le voisinage du Saguenay indique, ce me semble, qu’il ne se rendit point jusqu’à la Baie d’Hudson, mais qu’il visita simplement la Baie James. S’il eût poussé ses courses jusqu’à la rivière Nelson, il n’eut pu manquer d’avoir connaissance du grand lac Winnipeg.

De retour au lac Supérieur, il apprit par les sauvages, qu’il existait dans une direction nord du lac Supérieur, un lac plus grand que tous les autres. Radisson déclare qu’il n’avait jamais entendu parler de ce lac, auparavant.

Ce lac en question, ne serait-il pas, par hasard, le lac Winnipeg, qui se trouve dans une direction nord, Nord-Ouest du lac Supérieur ?

Si oui, alors, on ne peut raisonnablement prétendre que Radisson visita la rivière Nelson ; autrement, il n’eut pu ignorer l’existence de ce grand lac. Les sauvages lui en auraient parlé.

Il rapporte une épisode assez amusante de son séjour à la Baie du Nord (Baie James). Un jour son beau-frère des Groseilliers, montrait à un sauvage, une image représentant « la fuite en Égypte ». La Ste. Vierge et l’enfant Jésus d’après le dessin, se trouvaient assis sur un âne et St. Joseph suivait tristement à côté. Le sauvage, après avoir examiné un instant, cette image, se mit à pleurer et à se lamenter d’une manière pitoyable, au grand étonnement de des Groseilliers qui ne pouvait s’expliquer la cause d’une conduite aussi étrange. Pendant une demi-heure, ce sauvage fut en proie à un véritable désespoir. Des Groseilliers réussit enfin à le calmer et se fit expliquer ce que cela voulait dire. Le sauvage lui déclara, qu’il croyait qu’il était sorcier et qu’il connaissait tous les événements passés.

Les gens de la nation du « Bœuf » lui avaient enlevé, il y avait environ 4 ans, sa femme et son enfant et il n’avait pu les retrouver depuis. Or, cette image, d’après sa modeste interprétation, représentait ce qui lui était arrivé.

La Ste. Vierge et l’enfant Jésus ne figuraient ni plus ni moins, que sa femme et son enfant. Les gens du « Bœuf » étaient symbolisés par l’âne, tandis que St. Joseph était tout bonnement son humble personne. Est-ce assez crâne ?

Nos découvreurs partirent de bonne heure au printemps (1664.) Les sauvages qui les accompagnaient, étaient au nombre de 700.

Ayant rencontré quelques canots Iroquois, les Christineaux effrayés, rebroussèrent chemin. Parvenus à la rivière Éturgeon, ils passèrent 14 jours à faire des provisions. Ils firent sécher près d’un million d’eturgeons. Le reste du voyage se fit sans incident remarquable.

Ils arrivèrent à Montréal dans l’été 1664.