Notes historiques sur la vie de P. E. de Radisson/Au service de la Cie. de la Baie d’Hudson

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Au service de la Cie de la Baie d’Hudson.



En 1670, Radisson, se rendit au Port Nelson avec le premier gouverneur de la Cie., M. Charles Baily. Il y retourna en 1671 avec trois navires. Pendant ce voyage, il laissa des marchandises pour faire la traite, sur la rivière Nelson. Il établit aussi un poste sur la rivière Orignal (Moose) et alla hiverner sur la rivière Rupert.

L’historien « Oldmixon » prétend avoir eu, en sa possession, le journal tenu par Thomas Gorst, qui agissait dans cette expédition, comme secrétaire du gouverneur Baily. Il cite, comme consignés dans ce journal, certains faits fort intéressants.

C’est ainsi que, d’après Oldmixon, les sauvages étaient très mal disposés vis-à-vis les Anglais et fréquentaient peu la Baie.

Les Français lui faisaient une concurrence ruineuse. Ils avaient fondé un établissement sur la rivière Orignal, à une distance de pas plus de huit jours de marche, de celui des Anglais. Ils vendaient leurs marchandises à plus bas prix que les Anglais.

Baily sentant que les sauvages abandonnaient la Cie, tint un grand conseil de tous les officiers, le 3 Avril 1673. Le Capt. des Groseilliers et le Capt. Cole assistaient à ce conseil. Des Groseilliers fut d’avis qu’il fallait remonter la rivière Orignal, pour empêcher les Français d’intercepter le commerce de la Baie.

Son opinion prévalut. Baily l’envoya sur cette rivière, avec le Capt. Cole et Gorst. Ils en rapportèrent 250 peaux de castor et firent alliance avec le chef de la nation des Abbitibbis.

Le 30 Août, Baily vit arriver à son poste un Père Jésuite. Le seul renseignement que nous ayons, sur ce missionnaire, c’est qu’il était né de parents Anglais. Il était porteur d’une lettre, de la part du gouverneur de Québec, en date du 8 octobre 1673. Dans cette lettre, le gouverneur demandait à Baily, de traiter ce missionnaire, avec tous les égards voulus. Il remit aussi à des Groseilliers une lettre qui lui venait de son gendre.

Le zélé missionnaire, était parti de Québec, avec le gendre de des Groseilliers, et trois autres Français, pour se rendre à la Baie. Les difficultés du voyage, et la crainte des tribus sauvages, avaient fini, par décourager ses compagnons, et ils étaient retournés sur leurs pas.

Baily, crut que ce religieux n’était pas étranger au mécontentement, qui régnait parmi les sauvages, à l’endroit des Anglais. Il le retint dans son fort et résolut de l’amener avec lui, en Angleterre.

Il crut, que des Groseilliers entretenait des rapports secrets avec ses compatriotes, au détriment de la Cie, et conçut de graves soupçons sur sa fidélité. Le 22 Septembre 1673, le Capt. Gillam, parut dans la Baie, amenant sur le « Prince Rupert, » le successeur de Baily, M. William Lyddell.

Des Groseilliers, aurait donc hiverné dans ces parages, durant l’année 1672 à 1673. Radisson était-il avec lui ? Il n’en est fait aucune mention.

C’est vers ce temps là, qu’il épousa Lady Kertk, fille de Sir John Kertk. Il est probable qu’à cette époque, il passait en Angleterre, sa lune de miel.

Il est certain que de 1668 à 1674 Radisson fit au moins, deux voyages à la Baie d’Hudson. Il pourrait se faire, qu’il en fit davantage.

Malgré l’influence de son beau-père qui était membre du bureau de direction de la Cie, Radisson se vit négligé. D’un autre côté, la fidélité de des Groseilliers était considérée, comme chancelante. Les principaux officiers de la Cie, jaloux de leur mérite, les traitèrent tous deux indignement.

Humiliés et déçus dans leurs espérances, ils se disposèrent à abandonner ces ingrats, qui s’enrichissaient de leurs travaux.

C’est là, d’ailleurs, l’histoire de tous ceux qui désertent le drapeau de leur patrie.

On les cajole et les caresse, tant qu’on en a besoin, pour les rejeter ensuite avec mépris, comme des instruments inutiles.