Notice historique sur l’enseignement primaire à Saint-Étienne avant la Révolution/Les écoles à Saint-Etienne avant 1675.

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Texte établi par Johannès Merlat, Société de l'Imprimerie de La Loire républicaine (p. 18-19).

I

Les écoles à Saint-Etienne avant 1675.

Et avant ? Je ne sais rien, ou à peu près.

Y avait-il à Saint-Etienne, au XVe siècle, quelque école semblable à celles de Saint-Bonnet-le-château, Montbrison, Saint-Germain-la-val, dont on voit le duc Charles de Bourbon donner et octroyer à des clercs « le régime et gouvernement » par des lettres datées de 1455 à 1457 ? C’est infiniment probable. Rien ne permet de l’affirmer.

La première mention d’une école stéphanoise est apportée par l’indication des Lettres-patentes du 29 juin 1596, par lesquelles le roi Henri autorisait l’imposition de 900 liv. ordinaires pour réfection de certaines parties de l’église et de 300 liv. ordinaires remises aux marguilliers pour entretien d’école et honoraires d’un prédicateur. J’ai vainement cherché le texte de ces Lettres-patentes. Si l’indication est exacte, il s’agit bien, là, de l’enseignement du petit peuple du travail.

Mais jusque vers 1675, aucun document sur les écoles de Saint-Etienne. J’ai lu attentivement toutes les délibérations du Conseil de la Commune de 1636 à 1639, si intéressantes à tant d’égards ; je n’y ai pas trouvé la plus petite allusion à une école.

Et, cependant, c’est vers ce temps, plus tôt peut-être, que Jacques Chapelon, l’aïeul de l’abbé, écrivait son petit poème sur l’Education des enfants de Saint-Etienne, un chef-d’œuvre de couleur et de vie. N’était la nécessité de traduire, c’est-à-dire de tout perdre, j’y relèverais des vers qui nous font bien connaitre le sentiment des plus pauvres ouvriers de ce temps et de ce pays sur l’école. L’enfant grandit dans la rue et autour des ateliers, en un milieu où se développent excellemment ses instincts et ses caprices de petit animal indompté ; il y profite de l’expérience des aînés ; il y apprend d’eux le langage du ruisseau ; il y est initié aux jeux tapageurs et violents, aux exploits des expéditions buissonnières qui sont des expéditions de destructive maraude ; il devient, à son tour, pour les plus jeunes, un chef et un guide et, enfin — quand il n’a pas mal tourné — il rentre dans l’atelier où il devient l’ouvrier paresseux qui ne trime et ne peine que poussé par la faim. Le côté féminin est un peu différent : je passe. Or, il y a un moment où le jeune vaurien traverse l’école — gratuite, assurément. — C’est le plus tard possible et le moins possible. Ce qu’il en reste : le souvenir de la férule et du fouet, un goût plus vif de l’indépendance.

On entend bien que le poème ne montre de la population stéphanoise que la couche profonde ; mais l’intérêt n’en est pas diminué ; la couche profonde tenait déjà grande place en ce temps : c’est pour elle qu’on allait ouvrir les Petites-écoles des pauvres.

Avant la création de ces écoles, on trouve, vers le milieu du XVIIe siècle, une institution d’enseignement, pour les filles. Dans la demi-douzaine de couvents fondés de 1608 à 1636,[1] le dernier en date, celui des Ursulines, paraît s’être attaché d’abord au service d’une école. Les Ursulines s’installèrent, en 1636, en un monastère déjà construit que leur cédaient les dominicaines de Sainte-Catherine, dont les destinées devenaient plus brillantes. Démoli vers 1843, ce monastère nous a laissé la place des « Ursules ». En 1675, on y enseignait. Dans le contrat de fondation de son école de garçons, le curé Colombet place, à cette date, la constatation suivante : … « les filles estant enseignées et instruites par les dames religieuses de Sainte-Ursule qui s’en acquittent avec zèle »…

  1. Attirés dans ce pays, dit l’abbé Chauve, par la salubrité de l’air, la bonté des habitants et la facilité d’y vivre avec aisance.