Notice historique sur l’enseignement primaire à Saint-Étienne avant la Révolution/Notes générales des inspections
c) Notes générales des inspections. — Telles sont — copiées sur ses calepins — les notes de l’ecclésiastique inspecteur. Je n’en ai rien omis.
Il serait puéril de tenter une comparaison entre les écoles laïques et cléricales. Les conditions — d’une école à l’autre — sont si différentes, que rien ne serait plus impossible.
Cependant, l’inspecteur accable, « la plupart » de ces malheureux laïques sous un monceau d’énormes reproches dont il leur fit lecture en un conférence, le 23 juin 1687.
de Saint-Estienne et touchant leurs écoles.
On les voit rarement assister aux ofices des paroisses et y communier ;
On fait l’école en chemise[1] et bonnet de nuit ;
On entend dans les écoles des paroles messéantes et des malédictions, surtout quand les maitres ont trop beu ;
On va tous les jours au cabaret avec les pères des écoliers ;
Les filles passent dans l’école des garçons ;
Les femmes de maistres ne sçavent lire, ont mauvais accent et parlent le patois :
Il y a des écoles où l’on ne fait point la prière ;
L’on ne se sert point des livres imprimés pour les écoles ;
L’on ne fait point lire par bandes ;
On tire par adresse les enfans des autres écoles que l’on reçoit sans que l’ancien maistre ait été satisfait ;
On se veut mal et on tâche de se faire valoir aux despens des autres maistres de qui on se raille publiquement les traitant d’ignorans, de pédans ;
On souffre aux enfans des sottises et des paroles soit messéantes, etc. ;
Il y en a qui négligent extraordinairement leur école et de qui les enfants ne profittent point ;
On n’observe pas la civilité et la bienséance chrestienne ;
On chastie les enfans avec fureur et sans modération ;
Il y a des plaintes particulières que l’on marquera dans la suite.
C’est encore un renseignement curieux sur l’état d’esprit de ce personnel enseignant que cette phrase extraite de notes sur une sorte de conférence pédagogique :
Il y a eust quelques petits différents entre les maistres des riches et des pauvres touchant certains termes dont se servit M. Terrasse appelant les maistres des pauvres maistres des gueux : Après avoir pacifié les partyes…
Il ne me reste plus qu’à ajouter des constatations qui prouvent l’efficacité de l’action entreprise.
En avril 1684, inspection incomplète :
Garçons 196 |
Total : 239 | |
Filles 43 |
En août 1684, tout semble avoir été vu :
Garçons | 369
|
} | Total : 487 |
Filles | 118
|
En juin 1687
Garçons | 507
|
} | Total : 823 |
Filles | 316
|
Sur les 507 garçons, 70 environ qualifiés « latinistes ».
- ↑ L’inspecteur aurait dû, sans doute, employer l’expression locale : « en bras de chemise ».