Notice sur les Eddas

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Traduction par Mlle  Rosalie du Puget.
EddaLibrairie de l’Association pour la propagation et la publication des bons livres (p. v-vi).

NOTICE SUR LES EDDAS





Tous les peuples ont eu recours aux dogmes religieux pour se rendre compte de l’origine de l’Univers et de sa conservation, de la mission de l’homme durant sa vie, et de son état après la mort. Les Eddas sont le résumé de la croyance des Scandinaves païens sur ces divers sujets.

Il y a deux Eddas : la plus ancienne et celle de Sæmund-le-Sage, l’Edda poétique ou rhythmique, contient un assez grand nombre de poèmes, composés à différentes époques par les skalds ou poètes, sur des sujets mythologiques et historiques. L’un de ces poèmes, la Prédiction de Wola, offre les traces incontestables d’une origine païenne extrêmement reculée.

L’Edda en prose est d’une date plus récente. On l’attribue à Snorre Sturleson, célèbre annaliste norwégien[1] ; mais il est évident que plusieurs écrivains ont participé à sa composition. Suivant toutes les probabilités, le travail de Snorre Sturleson s’est borné à une esquisse du voyage de Gylfe ; la mort ne lui a point permis d’y mettre la dernière main. Ce manuscrit, resté dans la famille de Sturleson, y a pris peu à peu des accroissements ; divers auteurs se sont plu à l’augmenter, sans qu’il soit possible de déterminer avec certitude la limite où chacun s’est arrêté.

J’intervertis l’ordre chronologique en publiant d’abord la traduction de l’Edda de Snorre Sturleson : mon but, en agissant ainsi, est de faciliter la lecture de l’Edda poétique ; autrement elle serait devenue très-fatigante par la multiplicité des notes dont il aurait fallu accompagner le texte, afin de le rendre intelligible. J’ai mis un soin particulier à conserver, dans ma traduction, la couleur locale et la naïveté de l’original.

Les principaux manuscrits des Eddas sont : le Codex Regius ou Edda Royale, le Codex Wormianus[2], l’Edda d’Upsal[3] et six manuscrits de la Bibliothèque royale de Stockholm.


R. Du Puget.
  1. Né en 1178, mort en 1241.
  2. Appartient à la Bibliothèque royale de Copenhague.
  3. Donné en 1669 à la Bibliothèque de l’Université d’Upsal par M. le comte M. G. de La Gardie, chancelier de Suède.