Nous ne sommes pas le troupeau
Nous ne sommes pas le troupeau :
C’est pourquoi bien loin des bergères
Nous divertissons notre peau
Sans plus de phrases mensongères.
Amants qui seraient des amis,
Nuls serments et toujours fidèles,
Tout donné sans rien de promis,
Tels nous, et nos morales telles.
Nous comptons d’illustres aïeux
Parmi les princes et les sages,
Les héros et les demi-dieux
De tous les temps et tous les âges.
En ses jours de gloire et de deuil
La gloire honorait notre grâce ;
Notre force était son orgueil
Et le rire fier de sa face.
Rome aussi nous comblait d’égards !
Nous éclatâmes dans ses thermes ;
Les poètes de toutes parts
Nous célébrèrent en quels termes !
Chez les modernes nous avons
Les Frédéric et les Shakspeare.
Nos phalanges en rangs profonds
Allaient nous conquérir l’Empire
Du monde en de très vieux Olim,
Quand, tueurs de femmes et d’hommes,
Les jaloux, ces durs Elohim,
Se ruèrent sur nos Sodomes…
Sus aux Gomorrhes d’à côté !