Nous tous/Figaro

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Nous tousG. Charpentier et Cie, éd. (p. 236-238).
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LXXXV

FIGARO


Par un bon rapatriage,
L’heureux Théâtre Français
A repris Le Mariage
De Figaro. Grand succès.

La caisse à présent se dore,
Car de son génie épris,
Toujours chez nous on adore
Cet Espagnol de Paris.

Ah ! qu’il intrigue et qu’il serve,
Ce laquais à l’œil brûlant,
Dont la fabuleuse verve
Est comme un flot turbulent !


On dit que la comédie
Où sa folle passion
Brille comme un incendie,
Fit la révolution.

Mais, bien plus ! il a fait toutes
Les révolutions. Tout
S’écroula, palais et voûtes,
Et rien ne resta debout,

Lorsque ses mots qui foisonnent
Eurent éveillé l’écho
De ces trompettes qui sonnent
Tout autour de Jéricho.

Tu l’as dit, barbier frivole,
Ô maître des échansons,
Dont l’esprit ailé s’envole,
Tout finit par des chansons.

Ce que dit notre épigramme
Sur des rythmes toujours prêts,
C’est la romance à madame
Et la Carmagnole, après.


Thalie au front ceint de lierre,
Qui chérira son bourreau,
Et le grand vers de Molière,
Tu brises tout, Figaro !

Et la phrase, méchant homme,
Barbier, laquais et bandit,
Tu la haches menu, comme
Chair à pâté ! Tout est dit.

Et quand tu chantes, par bribe,
Des zon zon pour ta Suzon,
Je vois déjà monsieur Scribe
Qui se lève à l’horizon !


5 mars 1884.