Nous tous/Le Boulevard
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LE BOULEVARD
Sur le grand boulevard,
Où passe et roule
Tout un peuple bavard,
Mouvante houle,
Comme il va, par troupeaux,
Emplir les gares,
Oh ! qu’on voit de chapeaux
Et de cigares !
Obstinés et têtus,
Sans faire halte,
Tous les souliers pointus
Battent l’asphalte,
Et pour nous inspirer
Des épigrammes,
De même on voit errer
Beaucoup de femmes.
Flambants et rayonnants,
Aux étalages
Brillent de surprenants
Bariolages.
Plus loin le regard, las
De ces toilettes,
Trouve les blancs lilas,
Les violettes,
Et parmi d’autres fleurs,
Les azalées,
Que l’on admire, ailleurs,
Dans les allées.
Des hommes bruns, vantant
La Canebière,
Boivent, en se hâtant,
Des bocks de bière,
Et la trombe de vent
Qui court la ville
Tourbillonne devant
Le Vaudeville.
Le monde insoucieux
Se désennuie ;
Mais tout à coup des cieux
Tombe la pluie.
Chacun se hâte, et sous
Le gaz, qui flambe,
Des femmes à l’œil doux
Montrent leur jambe.
L’eau qui tombe d’en haut,
Sempiternelle,
Ruisselle comme il faut ;
Et ta prunelle,
Ô pâle fils d’Adam,
Où que tu fuies,
Ne voit qu’un océan
De parapluies !