Nouvelle Biographie générale/ALEXIS

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ALEXIS ou ALEXIUS Ier COMNÈNE (Άλεξιζ ou Άλέξιοζ Κομνηνόζ), empereur de Constantinople, né l’an 1048, mort le 15 août 1118, fils de Jean Comnène, fut proclamé empereur au mois de mars 1081, et couronné le 1er avril suivant. Doué de beaucoup de talents, il reçut de plus une éducation très-soignée sous la direction de sa mère, et fit ses premières armes à l'âge de quatorze ans dans une guerre contre des aventuriers européens, commandés par un Écossais, Russel de Balliol, qui, après avoir été vaincu, devint l’ami intime du jeune Alexis. Il fut envoyé ensuite contre Nicéphore Botaniate, qu’il combattit avec succès. Quelque temps après, Michel VII fut déposé ; et ce même Nicéphore étant monté sur le trône en 1077, Alexis lui offrit ses services. Le nouvel empereur, qui avait pu apprécier la valeur de son ennemi, le combla d’honneurs et le chargea de la pacification de l’Asie, qu’occupait alors Nicéphore Bryennius, qui prétendait à la dignité impériale. Alexis, dans une bataille meurtrière, ranima le courage de ses troupes par un stratagème hardi, défit l’armée ennemie et s’empara même de Nicéphore, qui fut aveuglé. Cette victoire lui valut le titre de Sébastos (Auguste) ; mais elle lui attira la jalousie de l’empereur. Avec la protection de l’impératrice, il parvint à s’é
de celle de ses alliés. Il reconquit quelques villes importantes de l'Asie Mineure, les îles de Rhodes et de Chios. Et lorsque les chrétiens eurent tant à souffrir devant Antioche , il mit le comble à sa duplicité en les abandonnant. Bohéraond, devenu prince d'Antioche, fut tellement outré de ce manque de foi, qu'il retourna en Europe, et qu'après y avoir ramassé une armée considérable, il recommença en Épire la guerre contre Alexis ; mais il ne réussit pas davantage, toujours à cause du manque de vivres , un des principaux moyens de défense employés par Alexis. La paix se fit ; Bohémond mourut peu de temps après, et ses héritiers rendirent hommage à l'empereur pour la principauté d'Antioche.

Alexis mérite à beaucoup d'égards les reproches dont l'ont accablé les historiens latins, quoique les attaques des Turcomans aient pu l'empêcher de seconder utilement ses sauveurs. Il employa le reste de sa vie agitée à consolider ses conquêtes et à pacifier ses États, troublés par des hérésies. Il réprima entre autres très-sévèrement les manichéens ; mais le clergé ne lui en voulut pas moins d'avoir dépouillé les églises peut-être plus que ne l'exigeaient les circonstances, il mourut âgé de soixante-dix ans, après un règne de trente-sept ans quatre mois et demi. La longueur de ce règne explique comment les Grecs, habitués au changement, ne lui surent pas gré de tout ce qu'il avait fait pour eux. Il avait agrandi l'empire ; et pour le défendre il laissait à ses successeurs une armée bien disciplinée, ce qui n'avait pas existé avant lui. On comprend les éloges que sa fille Anna lui prodigue dans son Alexiade ; mais sa femme n'avait pas la même opinion de lui. On raconte que, le priant sur son lit de mort de désigner son successeur, elle reçut pour toute réponse des paroles vagues sur la vanité du monde ; à quoi elle aurait répliqué : « Vous mourrez comme Vous avez vécu, en hypocrite. »

Anna Comnène, Alexias. — Glycas, P. IV, in fin., pag. 616, etc., cd. Bonn. — Guillaume de Tyr, t. II, c. 5, 23. — Strada, Thesaurus antlquitatum, seu vitiæ imperatorum occidentalium et orientalium, in vita Alexii. — Gibbon, Decline and fall of the Roman Empire, chap. 48, 56, 58, 59. — Wilken, Geschichte der Kreuzzilge — Mill, History of the Crusades. — Michaud, Histoire des Croisades, et Bibliothèque des Croisades. — Zonare. — Baronius. — Friedrich Wilken, Commentatio rerum ab Alexio l, etc.; Heidelb., 1812, 4.

ALEXIS OU ALEXIUS II COMNÈNE (Άλεξιζ ou Άλέξιοζ Κομνηνόζ), empereur de Constantinople, né le 10 septembre 1167, mort en 1183. Fils de Manuel, il parvint à l'empire le 24 septembre 1180, sous la tutelle de sa mère Marie. Cette princesse accorda la régence au sébastocrator Alexis , neveu de Manuel. Ce choix ne fut pas heureux. L'abus que le sébastocrator fit de son autorité souleva la plupart des grands contre lui : ils appelèrent à leur secours Andronic, cousin du défunt empereur, qui l'avait envoyé en exil. Andronic s'étant rendu maître de Constantinople au mois d'avril 1182, fit

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crever les yeux au sébastocrator, et s'empara de la régence. A peine en fut-il revêtu , qu'il fit massacrer tous les Latins établis à Constantinople. Le 16 mai de la même année, il fit couronner le jeune Alexis avec Agnès, fille de Louis le Jeune, roi de France, qui lui était fiancée depuis le 2 mars 1180. La mort de l'impératrice Marie suivit de près cette cérémonie. Andronic la fit étrangler, après en avoir fait signer l'ordre par l'empereur. En 1183, Andronic se fit associer à l'empire dans le mois de septembre, et au mois d'octobre suivant il fit étrangler Alexis. Le cadavre de ce malheureux prince lui ayant été apporté, il le poussa du pied , en disant que « sa mère avait été une impudique, son père un parjure, et lui un imbécile. » Alexis avait régné trois ans et quelques jours. Ce prince était né sans esprit et avec des penchants vicieux, que l'éducation n'avait pu réformer.

Nicétas, Alexius Manuelis Comn. fil., 18. — Du Cange, Familiæ Byzantinæ, p. 188. — Gibbon, Decline and Fall, c. 48. — Le Beau, Histoire du Bas-Empire. — Strada, Thesaurus antiquitatum, seu vitæ imperatorum. — Guillaume de Tyr ; Anna Comnène, Alexiados libri XX rerum ab Alexio patre imperatore gestarum, publ. par Pierre Possin ; Paris, 1651, in-fol.

ALEXIS ou ALEXIUS III L'ANGE (Άλεξιζ ου Άλέξιοζ Άγγελοζ), empereur de Constantinople , mort en 1210. Il était le petit-fils de Théodore Comnène, fille d'Alexis Ier. Pendant le règne du tyran Andronic il s'était réfugié auprès de Saladin ; il revint dans sa patrie lorsque Isaac son frère eut détrôné Andronic et se fut emparé de la couronne. Comblé d'honneurs par le nouvel empereur, il n'en complota pas moins contre lui ; il le fit aveugler, et fut, en 1195, nommé empereur à sa place. Dédaignant alors le nom de son père, il prit celui de Comnène, nom de son aïeule. Son règne fut honteux à l'extérieur par la faiblesse de ses armes, et indigne à l'intérieur par les déprédations qu'il laissait faire sur ses sujets par sa femme Euphrosine. Il dut sa perte à l'activité de son neveu, fils d'Isaac, qui était parvenu à s'échapper de ses mains. Celui-ci excita son beau-frère Philippe de Souabe, et l'empereur d'Allemagne Henri VI, à déclarer la guerre à Alexis ; une forte somme d'argent fut promise à Henri par Alexis, pour l'apaiser : il spolia les églises leva d'énormes impôts sur ses sujets ; et la somme étant réunie, il la garda pour lui-même et se moqua de l'empereur, dont le ressentiment lui aurait été fatal, si la mort de celui-ci n'eût interrompu la guerre déjà commencée. Quelques années après, le jeune prince Alexis implora les princes chrétiens réunis à Venise pour une nouvelle croisade, en leur promettant des subsides considérables et la cessation du schisme grec.

Sous le commandement de Dandolo, doge de Venise (Voy. Dandolo), une flotte formidable vint, en 1203, anéantir les moyens de défense du brave Théodore Lascaris, gendre de l'empereur. Celui-ci se sauva, sans attendre le résultat, avec des trésors immenses auprès de son beau-frère

ALEXIS V, surnommé Ducas Murtzuphle, empereur de Constantinople, né dans la deuxième moitié du douzième siècle, tué en avril 1204. Grand maître de la garde-robe sous Isaac l’Ange et Alexis IV, il détrôna ce dernier et le fit étrangler (Voy. Alexis IV). Quant à Murtzuphle, Baudoin, ou, selon d’autres, son propre beau-père Alexis III, auprès duquel il s’était réfugié, lui fit crever les yeux ; et les Français, irrités contre lui, le précipitèrent du haut d’une colonne. Le surnom de Murtzuphle lui avait été donné, parce qu’il avait des sourcils épais qui se joignaient entre les deux yeux. Il ne régna qu’environ trois mois. Artificieux, dissimulé, avare et cruel, il dépouilla presque tous les grands seigneurs de la cour et s’appropria leurs richesses, qui lui appartenaient, disait-il, par la loi du plus fort.

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Nicétas, Murtzuphlus ; Isaacius Angelus et Alex, fil., cap. 4, 5. — Gesta Francorum. — Villehardouin, De la conqueste de Constantinople, éd. Paulin ; Paris, c. 51, 56, 60, etc. — Gibbon, Decline and Fall, c. lx. — Le Beau, Histoire du Bas-Empire. — Du Cange, Historia Franco-Byzantina.

* ALEXIS ou ALEXIUS II COMNÈNE, empereur de Trébizonde, né en 1282, mort en 1330. Il succéda en 1297 à son père Jean II, sous la tutelle d’Andronic II, empereur de Constantinople, qui voulut le marier avec la fille d’un Grec, nommé Chumnus. Mais Alexis épousa une princesse ibérienne, et Andronic fit de vains efforts pour faire casser ce mariage. Cette circonstance fit rompre la bonne harmonie entre les deux cours grecques. Alexis eut des guerres avec les Turcomans et les Turcs, qui vinrent assiéger Cérasus et Sinope, mais furent repoussés (en 1319 et 1320). Il eut aussi quelques démêlés avec les Génois, qui avaient formé des établissements à Trébizonde dès le commencement du treizième siècle. Comme leur commerce avec Constantinople était exempt d’impôts, ils demandèrent le même privilège à l’empereur de Trébizonde ; celui-ci refusa, et les Génois n’insistèrent plus, après un conflit sanglant où une grande partie de leurs factoreries furent brûlées. En 1329, Alexis reçut du pape Jean XXII une lettre qui l’engageait à terminer le schisme de l’Église grecque. Le pape lui donna dans cette lettre le titre d’Excellence. Alexis n’y répondit pas.

Fallmerayer, Geschichte des Kaiserthums von Trapezunt, p. 158-167. — Nicéphore Grégoras, VIII, 10. — Pachymère, IX, 27. — Petrus Bizarus, Hist. rer. gest. S.P Q Gennensis, Anvers, 1579, p. 759. — Du Cange, Familiæ Byzantinæ, p. 193.

* ALEXIS ou ALEXIUS III COMNÈNE, empereur de Trébizonde, né en 1338, mort vers 1390. Fils de l’empereur Basilius II mort en 1339, il succéda, en décembre 1349, à Michel Ier, et épousa, deux ans après, la princesse Théodora, de la maison impériale des Cantacuzène à Constantinople, Les grands se disputèrent la

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tutelle du jeune empereur, et furent mis à la raison par l’archevêque de Trébizonde, aidé de l’impératrice Irène, de Constantinople.

Alexis fut pendant vingt ans en guerre avec les Turcomans, et faillit tomber entre leurs mains dans les montagnes neigeuses de la Chalybie. En 1380, il eut un démêlé grave avec Mégollo Lercari, riche marchand génois. Mégollo avait reçu un soufflet d’un favori de la cour : après en avoir demandé vainement réparation à l’empereur, il retourna à Gênes, arma deux vaisseaux, revint ravager la côte de Trébizonde, et prit quatre navires. Il coupa le nez et les oreilles à l’équipage de cette petite flotte, et les envoya dans un sac à l’empereur : celui-ci livra à Mégollo le favori qui l’avait offensé. Mais le Génois hautain refusa cette satisfaction, et lui renvoya le courtisan, « trouvant, disait-il, indigne de se venger sur une femme. » L’empereur, pour avoir la paix, fut obligé d’accorder de grands priviléges commerciaux à Mégollo et à ses compatriotes. — Alexis obtint la paix avec les Turcs en donnant aux principaux chefs plusieurs de ses filles en mariage. Anne Comnène, sa seconde fille, fut mariée à Bagrat VI, roi de Géorgie, d’où descendent les princes russes actuels de Bagration. Alexis aima avec succès les arts de la paix ; il fit élever un magnifique couvent sur le mont Athos, et restaura celui où Tournefort trouva l’inscription grecque dont nous avons parlé à l’article Alexis Ier de Trébizonde. Il eut pour successeur son fils Manuel III.

Fallmerayer, Geschichte des Kaiserthums von Trapezunt, p. 192-213. — Petrus Bizarus, Hist. rer. gest. S. P. Q. Gennensis, p. 745. — Ubertus Folletta, Hist. Genuensis, lib. VIII, p. 493.

* ALEXIS ou ALEXIUS IV COMNÈNE, empereur de Trébizonde, mort entre 1445 et 1449. Il succéda en 1412 à Manuel m. U acheta la paix avec les Turcomans par un tribut annuel, et en donnant à leur prince Djihou-Schah une princesse de sa famille, tandis qu’A maria sa fille Marie (septembre 1427) à Jean Paléologue Porphyrogénète. Il contracta d’autres alliances avec les familles les plus considérables de la Géorgie, de Constantinople, de Lesbos et de Venise, et partagea quelque temps le trône avec son fils aîné nommé Kalo-Joannes (le beau Jean), qui fut ensuite exilé pour avoir tué sa mère, soupçonnée d’aimer le protovestiaire. Caio-Joannes s’échappa de son exil, et vint avec quelques mécontents assassiner l’empereur dans son lit, et s’emparer du trône. Ce fut sous le règne d’Alexis IV que les Vénitiens commencèrent à remplacer les Génois dans les parages de Trébizonde.

Fallmerayer, Gesch. des Kaiserthums von Trapezunt, p. 245-230. — Léon Allatius, De consensu utriusque Ecclesiæ, p. 954. — Marino Sanuti dans Muratori, Script. rer.Ital., XXII, p. 900. — Du Cange, Familiæ Byzantinæ, p. 246.

* ALEXIS ou ALEXIUS V COMNÈNE, empereur nominal de Trébizonde, mort vers 1470. Il était fils de Kalo-Joannes IV, mort en 1458, et

ALEXIS ou ALEXIUS DRAGON COMNÈNE, général au service de la France, né vers 1553 à Péra, faubourg de Constantinople, mort le 23 janvier 1619 à Paris, où il fut enterré à l’église de Saint-Étienne du Mont. Il descendait de la famille impériale des Comnène ; il quitta sa patrie, et servit successivement dans les armées du duc de Savoie, de la république de Venise, et du pape. Catherine de Médicis le fit venir en France, et lui donna le commandement d’un corps de cavalerie. En 1590, il devint gouverneur de la province du Perche. Le dernier descendant de cette illustre famille, Joseph Comnène, mourut à Chambéry en 1784.

Du Cange, Familiæ Byzantinæ, p. 199. — Démétrius Comnène, capitaine des dragons de Louis XVI, Précis historique de la maison impériale des Comnène.

ALEXIS-MICHAÉLOWITZ, czar de Russie, et fils du czar Michel Féodorowitz, naquit le 10 mars 1629, et mourut le 29 janvier 1676. A la mort de son père en 1645, il fut couronné par les soins de son gouverneur Morosou, qui devint son premier ministre, obtint sa confiance, et essaya de le détourner des affaires publiques. Il lui fit épouser la fille d’un noble, et prit lui-même pour femme la sœur de sa souveraine. La mauvaise administration de ce favori et de ses agents occasionna une insurrection dans Moscou. Les mécontents obtinrent la punition de plusieurs coupables, et ce fut avec peine que le czar parvint à sauver Morosou.

Alexis, ayant pris les rênes du gouvernement, donna de grandes preuves de vigueur et de capacité. Il fit la guerre aux Polonais, et recouvra les places et les provinces qui leur avaient été cédées. Lorsque Charles-Gustave, roi de Suède, fit une invasion en Pologne, Alexis conclut une trêve avec ce royaume (1 656), et tourna ses armes contre Charles, qui s’était emparé de la Lithuanie. Les succès furent balancés, et la guerre se termina, en 1661, par le traité de Carlis. Pendant ces guerres, le czar porta la plus grande attention à l’amélioration de ses États ; et, quoique privé d’une bonne éducation, il montra un esprit vraiment éclairé ; il fit traduire en russe un abrégé de diverses sciences, qu’il fit enseigner dans des écoles fondées par lui. Il rassembla en un seul corps toutes les lois des différentes provinces de son empire, et les fit imprimer en langue russe ; elles forment le code Oulagenié : c’est une compUation imparfaite, mais qui fixait au moins la législation. Il introduisit plusieurs nouvelles industries dans son pays, particulièrement pour la soie et la toile ; ajouta deux faubourgs à Moscou, et bâtit, dans divers districts, des villes à marches, qu’il peupla de Polonais


et de Lithuaniens. Il fit défricher plusieurs vastes déserts par des prisonniers de guerre qu’il y établit. Il forma aussi le dessein de créer des flottes sur la mer Noire et sur la mer Caspienne, et envoya chercher des constructeurs en Hollande. Il reçut des ambassadeurs de la Perse, de la Chine, et d’autres pays de l’Asie, et entretint une correspondance suivie avec les principales puissances de l’Europe. Enfin il anticipa presque en tout sur Pierre le Grand ; mais il n’essaya qu’en petit ce que celui-ci exécuta en grand. Désirant augmenter le pouvoir de la couronne, il institua une chambre pour juger des offenses commises contre lui, et fit presque toujours exécuter la justice en secret. Ses revenus n’étaient pas considérables ; cependant il parvint à avoir une cour magnifique, une armée nombreuse, et à laisser un riche trésor. Une rébellion formidable vint mettre obstacle à ses plans. Cette révolte, excitée en 1669 par Stenko Razin, chef des Cosaques du Don, fut souiUée par des actes de barbarie. Stenko s’assura d’Astracan ; et, secondé par une multitude de paysans, il réunit jusqu’à 200,000 hommes. Alexis se montra aussi violent et cruel que les révoltés ; mais la sédition ne fut entièrement apaisée qu’en 1671 : Stenko fut alors livré au czar, et mis à mort.

Les affaires de Pologne donnèrent lieu à quelques différends entre le czar et le Grand Seigneur. Celui-ci, dans sa correspondance, donnait à Alexis le titre de hospodar chrétien, tandis qu’il se donnait à lui-même celui de roi de tout l’univers. Le czar, irrité, répondit « qu’il n’était pas fait pour se soumettre à un « chien de mahométan, et que son sabre valait « bien le cimeterre du Grand Seigneur. » Telles étaient les relations diplomatiques de ce temps-là dans ces contrées. Cependant Alexis, qui désirait engager tous les princes chrétiens dans une ligue contre les Turcs, fit porter à Rome des paroles plus dignes de lui ; mais son ambassadeur refusa de baiser la mule du pape. Malgré ce refus, il fut accueilli, obtint de grandes promesses, mais rien de plus. Alexis s’unit ensuite aux Polonais, et, par la division qu’il opéra contre les musulmans, contribua beaucoup à la mémorable victoire que Jean Sobieski remporta sur eux près de Vienne. Quand la couronne de Pologne devint vacante, Alexis proposa son fils pour roi, ainsi qu’une union entre la Pologne, la Lithuanie et la Russie ; mais son offre ne fut point acceptée. Durant la guerre contre les Turcs, il s’éleva entre les Russes et les Polonais quelques différends, à la suite desquels les Polonais s’emparèrent de l’Ukraine. Alexis mourut âgé de quarante-sept ans, laissant de sa première femme deux fils et quatre filles, et de la seconde, une fille et un fils. Ce dernier fut Pierre le Grand, dont la gloire surpassa celle de son père.

Ustrialov, Russkaya Istoriya, II, 200-255. — S. Glinka, Russkaya Istoriya, VI, 79-150. — Leclerc, Histoire de la Russie ancienne III, 40, 97. — Durdent, dans la Biographie universelle.

ALEXIS (Pétrowitz), fils du czar Pierre le Grand et d’Eudoxie Lapouskin, né à Moscou en 1695, tué en 1718. Il fut marié de force, à l’âge de seize ans, à Charlotte de Brunswick-Wolfenbüttel, sœur de l’impératrice d’Allemagne, épouse de Charles VI. La manière dont il traita cette princesse affaiblit l’intérêt qu’inspirent ses propres malheurs. Alexis, élevé par sa mère (qui avait été reléguée par le czar dans un couvent) dans un attachement superstitieux pour les anciens usages de sa nation, et dans un mépris absurde pour les arts des peuples civilisés, montra dans ses desseins et dans ses discours une opposition constante aux réformes entreprises par Pierre le Grand. Ce monarque, craignant qu’un pareil successeur ne détruisît son ouvrage, résolut de le déshériter ; et le czarowitz, soit lâcheté, soit dissimulation, parut lui-même renoncer à l’espérance du trône. Cependant, à peine Pierre le Grand eut-il commencé le second de ses glorieux voyages, que son fils quitta secrètement la Russie, et se retira d’abord à Vienne, ensuite à Inspruck et à Naples. Cette imprudence fut regardée comme un crime par le sévère réformateur. Rappelé par le czar, Alexis obéit sans hésiter, et vint se remettre entre les mains d’un père inflexible. Arrêté à son arrivée, il fut obligé de renoncer solennellement à l’empire, devant les principaux membres de la noblesse et du clergé. Pierre ne se borna point à cette mesure. Les confidents et les amis de son fils, et ceux qui l’avaient suivi dans sa fuite, périrent sur la roue. Eudoxie, sa mère, fut cloîtrée plus sévèrement dans un monastère près du lac Ladoga, et la princesse Marie, sœur de Pierre, fut enfermée dans la forteresse de Schlusselbourg. Le czarowitz lui-même fut condamné à mort, comme coupable de lèse-majesté. Pour donner à cet arrêt barbare une apparence d’équité, on força le malheureux Alexis d’écrire, de sa main, « que s’il y avait eu dans l’empire des révoltés « puissants qui l’eussent appelé, il se serait mis « à leur tête. » Cette étrange déclaration fut admise comme preuve, et la seule supposition d’un cas imaginaire fût jugée un attentat digne du dernier supplice. Son arrêt et sa grâce, qui lui furent annoncés presque en même temps lui causèrent une révolution si violente, qu’il mourut le jour suivant. Le czar manda à ses ministres dans les cours étrangères que son fils était mort d’une apoplexie causée par le saisissement qu’il avait éprouvé. Quelques personnes prétendent que le czar dit au chirurgien qui fut appelé pour saigner le prince : « Comme la révolution a été terrible, ouvrez « les quatre veines. » D’autres prétendent qu’Alexis eut la tête tranchée ; mais il est beaucoup plus certain qu’il fut empoisonné par ordre de son père, qui crut devoir faire le sacrifice de ses sentiments paternels au succès de ses projets d’amélioration. Le corps du czarowitz fut


exposé, à visage découvert, pendant quatre jours, à tous les regards ; ensuite inhumé dans la citadelle de Pétersbourg, en présence de Pierre et de l’impératrice Catherine Ire. La mort d’Alexis a fourni le sujet d’une tragédie à Carrion de Nisas.

Lévesque, Histoire de Russie, V, 1-70. — Leclerc, Histoire de la Russie ancienne, III, 419-502. — Voltaire, Histoire de Russie, II, chap. x. — Von Halem, Leben Peters des Grossen, II, 203, 254. — Article de Buhle dans Ersch et Gruber, Allgemeine Encyclopädie, III, 64-72. — Glinka, Russkaiia Istoriya, VII, 174-177. — Ustrialov, Russkaiia Istoriya, III, 145-149. — Éobald Totze, Don Carlos und Alexis Petrowitz ; Greitsw, 1776, in-8o. — Biographie universelle.

ALEXIS, patriarche de Constantinople, né dans la seconde moitié du dixième siècle, mort le 20 février 1043. Supérieur du monastère de Stude, il fut ordonné patriarche de Constantinople sur la désignation de l’empereur Basile au mois de décembre 1025, le jour même de la mort de ce prince. En 1034, il refusa la bénédiction nuptiale à l’impératrice Zoé et à Michel le Paphlagonien, tous deux coupables de la mort de l’empereur Argyre. Mais un présent de 50 livres d’or triompha de sa résistance. Il bénit les deux époux et les couronna. En 1037, quelques évêques, assemblés en synode, voulurent le déposer pour mettre à sa place l’eunuque Jean, ministre de l’empereur, et l’homm.elepîus ambitieux de son siècle. Ils alléguaient pour prétexte qu’Alexis n’avait pas été fait patriarche par le suffrage des métropolitains, mais par ordre de l’empereur. Alexis se tira heureusement d’embarras, en disant qu’il était prêt à quitter son siège, pourvu qu’on déposât les métropolitains qu’il avait nommés pendant onze ans et demi, et qu’on anathématisât les deux empereurs qu’il avait couronnés. Une réponse si peu attendue déconcerta ses ennemis, et les obligea d’abandonner leur entreprise. En 1042, le 12 juin, il couronna l’empereur Constantin Monomaque, après avoir refusé de bénir son mariage avec Zoé. Alexis mourut, laissant un grand trésor qu’il avait amassé, et dont l’empereur s’empara.

Baronius ; Zonaras ; Europalate.

ALEXIS de Samos, historien grec, écrivit les annales de sa patrie (Σαμίων ώροι), dont le second et le troisième livres sont mentionnés par Athénée. Celui-ci mentionne encore un Alexis, auteur d’un ouvrage sur la Suffisance (περι Αύταρκείαζ). On ignore l’époque où vivait cet écrivain.

Athénée, XII, 540 ; XIII, 572 ; X, 418.

* ALEXIS (Άλεξιζ), nom de deux sculpteurs grecs : l’un, élève de Polyclète, est mentionné par Pline, tandis que l’autre, père de Cantharus de Sicyone, est cité par Pausanias. Suivant Thiersch, l’Alexis de Pline et celui de Pausanias sont le même personnage. Mais Siilig a essayé de démontrer que cette opinion repose sur un anachronisme : que l’Alexis de Pline ne peut être antérieur à la 98e olympiade, et que celui de

* ALEXIS, poëte grec comique, mort vers l’an 290 avant J.-C, à un âge très-avancé. Il était, selon Suidas, l’oncle du comique Ménandre et l’un des poètes les plus féconds de la Grèce. On porte le nombre de ses comédies à deux cent quarante-cinq. Il avait la réputation d’exceller dans la composition des rôles de parasites. Les comiques romains l’ont souvent imité. Athénée nous a conservé les titres et quelques fragments de plus de cent comédies de ce poëte : elles traitaient des sujets mythologiques et d’histoire contemporaine ; celle où il est question du mariage de Ptolémée Philadelphe est intitulée Hypobolymœus. A. Meineke a recueilli les fragments d’Alexis dans Fragmenta comicorum grœcorum.

Fabricius, Biblioth. Graeca, II, 406. — A. Meineke, Historia critica comicorum grœcorum, p. 374. — Bode, Geschichte der Dramat. Dichtkunst der Hellenen, II, 405.

ALEXIS (del Arco), peintre espagnol, né à Madrid en 1625, mort dans sa ville natale en 1700. C’était un habile coloriste, mais son dessin manque de justesse. Il est aussi connu sous le nom d’el Sordillo de Pereda, parce qu’il était sourd et muet, et que Pereda fut son maître. Il fit, outre un grand nombre de portraits, plusieurs tableaux d’église pour sa ville natale. On cite principalement une Assomption et une Conception, exécutées, lorsqu’il était très-jeune, pour le cloître des Trinitaires déchaussés. La chapelle de Notre-Dame de la Novena fut peinte en entier de sa main, et la chapelle del Santo-Christo, dans l’église de San-Salvador, possède de lui une Sainte Thérèse estimée. Sa femme, qui était très-avare, faisait exécuter, par des élèves d’Alexis, des tableaux qui se vendaient sous son nom, et qui nuisaient à sa réputation. Son chef-d’œuvre est un Baptême de saint Jean-Baptiste, qui se trouve dans l’église de ce saint à Tolède.

Bermudez, Diccionario, etc. — Durdent, dans la Biographie universelle.

ALEXIS {Guillaume), savant bénédictin, vivait vers la fin du quinzième siècle et au commencement du seizième. Il fut surnommé le bon Moine de l’abbaye de Lyre, dans le diocèse d’Évreux, et devint ensuite prieur de Bussy, dans le Perche. On ignore les dates précises de sa naissance et de sa mort en 1486. Il fit un pèlerinage à Jérusalem, et y tomba, dit-on, victime de la persécution des Turcs. Les ouvrages qui restent de lui sont : 1o le Passe-temps de tout homme et de toute femme, avec l’A, B, G des doubles, le tout en vers ; Paris, sans date, in-8o et in-4o ; — 2o le Grand Blason des faulces amours, in-4o en caractères gothiques ; Paris, in-16, sans date, et in-4o, 1493 ; Lyon, in-4o, 1506, et à la suite des Quinze joies du mariage ; la

ABDAL BALKHl . 950

Haye, 1726 et 1734, in-12 : la Fontaine en admirait la versification ; — 3o le Contre-blason des faulces amours, intitulé le Grant Blason d’amours spirituelles et divines, avec certaines épigrammes, etc. ; Paris, sans date, in-8o, et in-16 goth. ; — 4o le Dialogue du Crucifix et du Pèlerin, composé en Hyerusalem l’an 1486, etc. ; Paris, Guill . Eustache, 1521, in-8o ; — 5o le Loyer des folles amours, et le Triomphe des Muses contre amour, à la suite des Quinze joies du mariage, dans les deux éditions déjà citées ; — — 6o le Passe-temps du prieur de Bussy et son frère le cordelier, etc. ; Rouen, in-8o, sans date ; — 7o le Miroir des moines ; Rouen, sans date ; — 8o le Martyrologe des fausses langues, et le chapitre général d’icelles tenu au temple de Danger, faits par couplets, etc. ; Rouen, in-4o, sans date ; et Paris, Lambert, 1493, in-4o ; — 9o Quatre chants royaux qui se trouvent parmi les Palinodes, etc., imprimés in-4o à Paris, à Rouen, à Caen, sans date.

La Croix du Maine et Du Verdier, Bibliothèques françaises. — Goujet, Bibliothèque française.