Nouvelle Biographie générale/Abad ier

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Firmin-Didot (1p. 11-12-13-14).
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ABAD Ier (Abou’l-Cacem-Mohammed), premier roi maure de Séville, fondateur de la dynastie des Abadytes, mort le 24 janvier 1042, (le 29 djomadi Ier, an 433 de l’hégire). Son père, Ismaël-ben-Abad, était originaire d’Emèse en Syrie. Un de ses ancêtres vint en Espagne au deuxième siècle de l’hégire, et se fixa dans les environs de Séville, à Tocina près du Guadalquivir. Par son opulence et son habileté, Ismaël acquit beaucoup de considération et d’autorité à Séville : sa maison devint l’asile des bannis de Cordoue pendant les dissensions civiles ; son fils Abou’l-Cacem-Mohammed marcha sur les traces du père, gagna la confiance du roi de Cordoue Al-Cacem-Al-Mamoun et obtint la charge de grand cadi de Séville, avec le gouvernement de la province. Lorsque ce dernier perdit pour la seconde fois le trône de Cordoue, Abad se rendit indépendant, l’an 413 de l’hégire (1023 de J.-C.), par le secours des sheiks et des vizirs, que ses largesses avaient gagnés. La défaite et la mort d’Yahia-Al-Motaly, prince de Cordoue, l’an 417 (1026 de J.-C), déterminèrent le premier acte de révolte d’Abad, et consolidèrent sa souveraineté. Après l’extinction des Omeyades, il prit le titre de roi, et ne laissa échapper aucune occasion d’agrandir sa puissance. Il tourna ses armes contre Mohammed-ben-Abdallah-Al-Boracely (Barzeli ou Barozila de quelques historiens), maître absolu de Carmone et d’Ecija, lui enleva plusieurs places, et l’assiégea dans sa capitale. Serré de près et manquant de provisions, Al-Boracely s’évada de Carmone, envoya son fils solliciter les secours du roi de Grenade, et alla lui-même implorer l’assistance du roi de Malaga. Ismaël, fils d’Abad, surprit d’abord isolément les troupes de ces souverains, et les défit ; mais, après leur jonction il succomba, et perdit la vie dans une bataille sanglante. Le roi de Séville, craignant d’être accablé si le roi de Cordoue se déclarait contre lui, eut recours à un stratagème. Il fit annoncer que le khalife Hescham II Al-Mowaïad, dont on ignorait depuis longtemps le sort, avait reparu à Calatrava, et était venu se mettre sous sa protection. Afin d’accréditer le bruit de l’existence de ce prince, il voulut que le nom de Hescham fût proclamé dans la Khothbah et gravé sur les monnaies, au mois de moharrem 427 (novembre 1035) ; en même temps il annonça à tous les sheiks de l’Andalousie, à tous les walis de l’Espagne et de l’Afrique, qu’il n’avait pris les armes que pour rétablir Hescham sur le trône de ses aïeux. À l’aide de ce stratagème il réussit à raffermir la royauté de Séville, et déconcerta les projets pacifiques du souverain de Cordoue. L’émir de Carmone, étant rentré dans sa capitale, se joignit à ses alliés pour se venger du roi de Séville et ravager ses États. Mais ce dernier, par ses richesses, par les ressources de son esprit et la valeur de son général Ayoub-ben-Amer, remporta divers avantages sur les coalisés, sema parmi eux la discorde, et les força à la retraite. Alors, pour tirer un dernier parti du nom de Hescham, il fit répandre le bruit que ce prince venait de mourir, après lui avoir légué son héritage et sa vengeance. Le testament supposé qu’il publia séduisit les Al-Améris, qui, regrettant les Omeyades, s’attachèrent jusqu’à l’ombre de leur puissance. Abad vit alors presque tout le midi de l’Espagne se déclarer pour lui, ou rechercher son alliance. Il se disposait à marcher contre ses ennemis, lorsqu’il mourut subitement, après un règne de vingt ans.

Masdeu, Historia critica de España, t. XII, p. 344 et suiv. ; Madrid, 1793, in-4o. — Cardonne, Histoire de l’Afrique et de l’Espagne sous la domination des Arabes, t. II, p. 167 ; Paris, 1763, 8. — Conde, Hist. de la domination des Arabes, etc.