Nouvelle Biographie générale/Adrien (patriarche)

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Firmin-Didot (1p. 329-330).

ADRIEN, dernier patriarche de toutes les Russies, mort en 1702. Il avait été auparavant métropolitain de Kasân, et eut la douleur, pendant son pontificat suprême, de voir le siége patriarcal déchoir de son ancienne élévation, et perdre successivement plusieurs des priviléges que la piété des prédécesseurs de Pierre le Grand lui avait reconnus. Quand ce czar, terrible dans aes vengeances, décima les strélitz et inonda de sang les rues de Moscou, le patriarche Adrien eut le courage d’aller en procession vers


lui, de lui présenter l’image miraculeuse de la sainte Vierge de Vladimir, et d’implorer la grâce des coupables. A sa mort, Pierre le Grand s’opposa à ce qu’il fût remplacé : son esprit de domination exclusive, justifié sans doute par les circonstances, ne permit point de partager le pouvoir et l’influence sur le peuple orthodoxe avec le patriarche, dont il avait commencé par affaiblir l’autorité, et qu’il fit ensuite tourner en ridicule dans des parodies jouées à Moscou. Il déclara au clergé russe que désormais il serait lui-même son chef, et qu’il réunirait la dignité patriarcale avec celle de sa couronne ; il nomma en même temps un administrateur du patriarcat, et institua pour le remplacer, en 1721, le saint synode. C’est ainsi que l’Église russe perdit son chef spirituel. Le patriarcat avait duré cent quatorze ans depuis l’exaltation de Job, sacré en 1588 par Jérémie, patriarche de Constantinople, et dont Adrien fut le neuvième suecesseur. [Enc. des g. du m.]

Karamsin, Histoire de la Russie.