Nouvelle Biographie générale/Aelius césar

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Firmin-Didot (1p. 333-334-335-336).

ÆLIUS CÉSAR, ou mieux Lucius Céjonius Commodus Vérus, entré par adoption dans la famille Ælia, né dans la seconde moitié du neuvième siècle de Rome, mort dans cette ville. le 1er des kalendes de janvier de l’année 891 de sa fondation (137 de J.-C.). Le choix que fit Adrien de Lucius Céjonius pour son successeur, les monnaies qui furent frappées en son nom, les statues, les temples qui lui furent élevés dans les grandes villes de l’empire par les ordres de son père adoptif, le titre de César qu’il porta deux ans, lui ont mérité une place dans l’histoire, malgré le peu d’intérêt qui s’attache à cette vie éphémère, où rien ne justifie des honneurs aussi peu mérités qu’ils étaient inattendus. Ælius, toutefois, appartenait à une famille patricienne où plusieurs personnages étaient parvenus au rang de consul. Ses ancêtres paternels étaient originaires de l’Étrurie ; sa mère était de Faventia, aujourd’hui Faenza en Romagne. Beau, bien fait, ne manquant ni d’éloquence ni d’instruction, il fut accusé par quelques écrivains malveillants, à ce que nous apprend Spartien, d’avoir dû l’affection d’Adrien plutôt à sa beauté qu’à ses qualités morales. Occupé de ses plaisirs, de sa parure, il montrait un de ces caractères faciles où l’égoïsme se cache sous les apparences d’une bienveillance banale, et n’avait pas plus l’énergie du vice que celle de la vertu. Inventer un lit suspendu où de légers réseaux renfermaient de moelleux coussins sur lesquels on effeuillait des roses ; composer un mets nouveau dans lequel entraient des tétines de truie, de la chair de faisan, de celles de paon et de sanglier (1)[1] ; attacher des ailes aux épaules de ses coureurs, et donner à l’un le nom de Borée, à l’autre celui de Notus : telles étaient les futiles occupations de celui qu’Adrien, dans l’espoir peut-être de se faire regretter, voulut léguer aux Romains comme maître de leur vaste empire.

La date précise de l’adoption d’Ælius César a excité des controverses parmi les érudits, qui se sont efforcés de fixer les points de chronologie litigieuse de l’histoire romaine. Les uns adoptèrent, avec Spartien, l’année de Rome 888 ; les autres reculèrent cet événement jusqu’à l’année suivante, 889. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’une inscription rapportée par Gruter prouve qu’avant la fin de l’année 889, Ælius César n’avait pas exercé la puissance tribunitienne, et que l’examen attentif des monuments épigraphiques tend à prouver que ce fut aux calendes de janvier 889 qu’il fut nommé consul pour la première fois, mais sous le nom de Céjonius Commodus, et sans qu’il soit fait mention pour lui du titre de César. Ce serait dans le courant de cette même année qu’aurait eu lieu son adoption, à la suite de laquelle il fut envoyé sur les bords du Danube comme préteur chargé de gouverner la Pannonie, après avoir été désigné pour un second consulat. Il sut, nous dit Spartien, se maintenir convenablement à la tête de cette province ; et ses succès militaires, ajoute-t-il, ou pour mieux dire le bonheur qui accompagna ses expéditions, lui valurent la réputation, sinon d’un grand général, au moins d’un bon officier. Ni l’histoire ni les monuments ne nous apprennent rien sur l’époque de son retour à Rome, où le rappelèrent probablement les soins qu’exigeait sa santé. Usé par l’abus des plaisirs, d’une constitution naturellement délicate, il n’aurait pu, quand même il eût vécu, supporter les fatigues du commandement ; et Adrien, frappé de son incapacité, pensait à faire un autre choix. La mort lui épargna la honte de se voir chassé des degrés du trône : une potion qu’il avait prise la veille des ides de janvier de l’an de Rome 891, dans l’espoir d’être en état de prononcer le lendemain un discours de félicitation adressé à l’empereur, produisit un effet trop violent sur ce tempérament si faible, et l’emporta dans la nuit. La solennité du premier jour de l’année, pendant lequel on faisait en faveur du prince des vœux solennels, empêcha qu’on ne prit le deuil ; mais, quelques jours plus tard, sa mort fut pleurée par ordre, comme celle d’un prince de la maison impériale, et il fut placé le premier dans le magnifique mausolée qu’Adrien venait de faire élever sur la rive droite du Tibre, où il porte aujourd’hui le nom de château Saint-Ange. Le mausolée d’Auguste, placé au champ de Mars, et où les empereurs étaient portés après leur mort quand ils n’étaient pas traînés aux Gémonies, n’avait plus désormais de place pour la cendre des maîtres du monde. Ælius n’ayant été que César ne fut pas mis an rang des dieux : du moins on n’a retrouvé aucune monnaie frappée en l’honneur de sa consécration ; et cependant Spartien nous dit qu’Adrien lui fit élever des temples dans quelques villes. Il voulut aussi qu’Antonin, devenu son successeur, adoptât Lucius Verus, fils d’Ælius


César, en disant : Il faut que l’empire ait quelque chose d’Ælius, Habeat respublica quodcumque de Æliis. Avec son fils Lucius, Ælius laissait une fille du nom de Fabia. Quant à sa femme, elle était fille du consulaire Nigrinus ; mais l’histoire ne nous dit pas son nom. Noël des Vergers.

{{t|Eckhel, Doctrina nummorum veterum, t. VI. — Le Nain de Tillemont, Histoire des Empereurs, t. II. — Spartien, apud Scriptores Historiæ Augustæ.

  1. (1) On nommait ce mets tétrapharmaque.