Nouvelle Biographie générale/CASIMIR III

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CASIMIR III, dit le Grand, né en 1309, mort en 1370. Il est le plus illustre des rois de Pologne, et celui dont les exemples, s’ils avaient été suivis, auraient prévenu les orages auxquels ce pays est resté presque constamment en proie après sa mort, et qui amenèrent à la fin les malheurs que toute l’Europe déplore. Il succéda, à l’âge de vingt-trois ans, à son père Vladislaf Lokiétek ou le Bref, prince énergique et sage, qui, après un long et triste démembrement, réunit sous son sceptre tous les petits États auxquels la dissolution de l’ancien royaume de Pologne avait donné naissance. Vladislaf avait choisi pour épouse à son fils, âgé alorsde seize ans, une fille de Ghédimine, grand prince de Lithuanie, préparant ainsi entre deux peuples jusque-là ennemis cette alliance qu’un autre mariage devait cimenter plus tard.

Le long règne de Casimir (1333-1370) ne commença pas sous des auspices heureux. Le jeune prince ne s’était encore fait connaître que par une galanterie poussée à l’excès, et qui n’était arrêtée par aucun respect humain. Il avait, quoique roi chrétien, un véritable sérail. En politique il acheta cher la paix, objet de tous ses soins. Son père lui avait recommandé, en mourant, de ne jamais faire aucune concession au margrave de Brandebourg ni aux chevaliers de l’ordre Teutonique, mais de les combattre, et de s’ensevelir plutôt sous les ruines du trône que d’encourager l’ingratitude de ces étrangers, auxquels la piété de ses aïeux avait ouvert un asile en Pologne. Ce conseil ne fut pas suivi : environné d’ennemis et de dangers, Casimir III traita avec les chevaliers ; et, pour sauver la Cuïavia et Dobrzyn, dont ils s’étaient emparés, il leur sacrifia la Poméranie, malgré les remontrances du pape. Trop pressé de porter remède aux abus qu’il découvrait partout dans l’administration et dans la justice, il consentit même plus tard à acheter le désistement du roi de Bohême à ses prétentions à la couronne de Pologne, et au titre qu’il en avait pris par la cession de toute la Silésie, belle et riche province qu’il aurait dû mettre toute son ambition à reconquérir. Mais c’est du côté de la Russie que Casimir III dirigea sa politique. À la mort de Boleslaf-Troïdénovitch, duc de Varsovie (1340), Casimir éleva des prétentions à la succession de ce prince, comme héritier naturel d’un vassal mort sans progéniture. Il arma avec