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Nouvelles diverses/12 juillet 1896

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(p. 221-224).

NOUVELLES DIVERSES


ÉTRANGER

La mort de sir Augustus Harris pourrait bien amener la disparition complète de Covent Garden et de l’Opéra de Londres. Il paraît que lady Harris n’a pas la moindre envie de risquer sa fortune personnelle dans une entreprise de ce genre, ce qui est fort raisonnable, et que M. Faber, le titulaire du bail de l’immeuble, ne veut le confier qu’à un homme offrant toutes les garanties voulues. Cet homme ne se trouvera pas facilement, et il se pourrait bien que M. Faber cédât son bail au duc de Bedford, qui ne demande pas mieux que de convertir Covent Garden en un marché des quatre-saisons, comme il a fait déjà pour Floral Hall. Il paraît, en effet, qu’à Londres les choux et les oranges sont à même de payer un loyer plus considérable que l’art lyrique. Verrons-nous alors une season à Londres sans opéra et sans dames très largement décolletées dans les loges ? Quod Dei averlant !

— D’autre part on raconte, à Londres, que M. Maurice Grau se trouve à la tête d’un syndicat formé dans le but d’exploiter l’Opéra de Covent-Garden. Le contrat n’est pas encore signé, mais il paraît probable que M. Grau prendra la direction de Covent-Garden. Il resterait en même temps avec M. Abbey, à la tête du Métropolitan Opera House de New-York, la saison de Londres ne commençant qu’à l’expiration de celle de New-York. Le fait que M. Grau réunirait dans ses mains les directions de ces deux importants théâtres d’opéra pourrait même être fort utile au point de vue de l’acquisition des œuvres à jouer et des engagements d’artistes.

— Voilà qui est d’un bel exemple de charité et aussi de modestie, par les temps de statuomanie que nous traversons. Les amis de sir Augustus Harris avaient songé à ouvrir une souscription pour l’érection d’un monument à sa mémoire. Sur le désir exprimé par sa veuve, le produit de la souscription servira à construire une maison de refuge pour les comédiens infirmes ou malheureux. Harris, qui fut un simple au milieu d’une vie très mouvementée et un esprit pratique qui ne s’attardait pas à l’apparat, approuvera certainement du fond de sa tombe.

— Le prince de Galles, en sa qualité de premier chancelier de la nouvelle université de Galles, a promu la princesse sa femme au grade de doctoresse en musique de cette université. Le prince et la princesse portaient le costume traditionnel de docteur et semblaient fortement amusés du cérémonial, qui a été célébré avec beaucoup d’éclat. Le prince a prononcé en latin la formule d’usage : « Altissima principissa, admisso te in gradum doctoris musices et ad omnia provilegia hujus dignitatis. » Ajoutons que la princesse de Galles est déjà doctoresse en musique de l’université d’Irlande.

On vient de produire, une fois de plus, l’oratorio de Mendelssohn, Elie, au Palais de Cristal de Londres. Parmi les choristes se trouvait un amateur, M. Pountney, qui avait pris part, en qualité de basse, à la première exécution d’Elie en 1846, sous la direction de Mendelssohn. Ce vétéran est encore si bien conservé qu’il a pu venir de Birmingham à Londres pour chanter au Palais de Cristal et retourner à son domicile immédiatement après avoir célébré ses noces d’or avec cet Elie. Inutile de dire que parmi les 23.000 personnes qui assistaient au concert se trouvaient aussi plusieurs amateurs qui avaient vu Mendelssohn diriger la première exécution de son célèbre oratorio.

— Il s’est formé à New-York une société anonyme pour l’exploitation du Metropolitan Opera House au capital de 2.500.000 francs, qui est divisé en actions de 500 francs chacune. Comme nous l’avons dit, MM. Grau et Abbey sont engagés en qualité de directeurs de cette nouvelle entreprise.

— À Genève a été représentée au Bâtiment électoral, arrangé en théâtre pour la circonstance, une œuvre importante de deux auteurs suisses, MM. Baud-Bowy pour le texte et Jacques Dalcroze pour la musique. Le Poème alpestre est une sorte d’ode patriotique, de vastes proportions, avec soli, chœurs, danses et orchestre. La musdique de M. Jacques Dalcroze est abondante en inspirations mélodiques, claire sans vulgarité, originale sans recherche et remarquablement orchestrée. Les soli étaient tenus par M., Mme et Mlle Ketten, et les ensembles comprenaient les chœurs de la Lyre sacrée et de la Société du Conservatoire ; au total, avec l’orchestre de l’Exposition ; 550 exécutants sous la conduite du jeune compositeur.

— Le grand succès d’un des derniers concerts de l’Exposition de Genève a été pour la Rapsodie cambodgienne de M. Bourgault-Ducoudray, exécutée sous la direction de l’auteur, qui a été l’objet de deux bruyants rappels. Constatons en même temps que M. Gustave Doret, le chef d’orchestre des concerts, a dirigé d’une façon remarquable la symphonie en ut mineur de Beethoven, la Joyeuse Marche de Chabrier, et la Marche funèbre de M. Hugo de Singer.

— Autre correspondance de Genève. La musique à notre exposition nationale tient une place fort large ; outre les grands concerts symphoniques dirigés par M. Gustave Doret ainsi que ceux donnés par le même orchestre dans le parc des Beaux-Arts, dirigés par M. L. Rey, premier violon-solo à l’orchestre, nos nombreuses sociétés chorales et instrumentales rivalisent de zèle et d’entrain en donnant chaque semaine des auditions musicales très variées et intéressantes, soit dans l’enceinte de l’Exposition, au village suisse ou dans les jardins publics. Le théâtre poursuit une carrière très brillante. Mignon d’Ambroise Thomas, Manon et Werther de Massenet, et tant d’autres chefs-d’œuvre dramatiques se succèdent avec succès sur notre scène genevoise. L’orchestre, excellent à tous les points de vue, est dirigé d’une main ferme et sûre par le vétéran de nos chefs d’orchestre, M. Francis Bergalonne. — À partir du 22 juillet prochain, M. Otto Barblan, l’organiste de la cathédrale de Saint-Pierre, recommencera ses concerts d’orgue annuels. — L’Exposition ne serait pas complète si, outre les auditions musicales multiples, elle n’avait pas aussi fait surgir quelques compositions originales destinées à rappeler aux nombreux visiteurs les délices qu’offre aux regards enchantés le vaste champ du travail et de la paix. Nous n’en citerons que les principales : Poème alpestre, pour soli, chœurs et orchestre de M. Jacques Dalcroze ; Ode patriotique pour soli, chœurs d’hommes et orchestre de M. Otto Barblan ; Salut à Genève, marche ; au Village suisse, idylle, composition bien venue de M. H. Kling. — Mentionnons encore les concerts quasi religieux donnés avec le concours d’artistes et amateurs distingués, dans l’église du Village suisse, et qui obtiennent le suffrage des connaisseurs.

— Au théâtre de Sion (Suisse), on a donné la première représentation d’un opéra en deux actes, Fleur maudite, dont le sujet est tiré d’une légende du Valais et dont la musique a été écrite par M. Charles Hænny, directeur de l’École de musique de Sion. L’auteur était déjà connu par un premier opéra, Blanche de Mans, représenté au mois de mars 1894.

— Le gentil Portugal s’apprête, comme tant d’autres, à célébrer un de ses glorieux anniversaires. Il s’agit, en l’espèce, du quatrième centenaire de la découverte des Indes par Vasco de Gama, ou tout au moins de la route qui y mène par le cap de Bonne-Espérance. On sait que c’est en 1497 que le grand navigateur fut chargé de cette expédition par le roi Emmanuel de Portugal, et c’est cette date importante que l’on songe à célébrer l’année prochaine. À cet effet, une grande commission centrale s’est formée à Lisbonne, qui doit provoquer, de la part des artistes et des lettrés, la composition d’œuvres nationales de divers genres, entre autres un hymne de commémoration, une marche triomphale, un drame historique sur un sujet patriotique, enfin un grand opéra ou drame lyrique d’un caractère national, etc. De plus, on organisera des concerts de musique portugaise ancienne et des représentations d’œuvres de l’ancien théâtre national. En ce qui concerne l’opéra nouveau, qui, peut-être donnera lieu à un concours, un annonce que déjà plusieurs compositeurs sont à l’œuvre : M. Auguste Machado, M. Alfred Keil, l’auteur de Donna Branca, M. le vicomte d’Arneiro, auteur de l’Elisire di giovinezza, et M. Miguel Angelo. Pour nous, il nous semble qu’en cette circonstance et en dehors de toute question d’art national, il y a une œuvre qui s’impose : c’est l’Africaine, de Meyerbeer. Il sera difficile de jamais mieux faire chanter le héros de la découverte des Indes.

— On a donné, les 18 et 20 juin, au club de Lisbonne, deux représentations d’un ouvrage lyrique en trois actes, Lancha Favorita, dû à M. Arthur Marinho da Silva pour les paroles et à M. Filippe Daarte pour la musique. Les auditeurs ont fait à cette œuvre importante un accueil très brillant.

— Le gouvernement de Madrid a pris un arrêté décidant que toutes les représentations théâtrales devront désormais être terminées à minuit et demi et que l’usage abusif de les prolonger jusqu’à deux heures du matin ne serait plus toléré. Cet arrêté a été provoqué par un grave scandale qui eut lieu au théâtre Circo de Colon, à l’occasion de la première représentation d’un nouvel opéra, la Grande Foire. Le public ayant énergiquement protesté contre cette œuvre médiocre, la claque lui a opposé une résistance acharnée et à la fin la police dut intervenir.

— Jean-Sébastien Bach va avoir à Berlin un monument assez original. Guillaume ii a conçu en effet le plan d’orner l’avenue des Victoires, dans le jardin Thiergarten, de trente-deux groupes de statues qui représenteront chacun un souverain entouré de deux des hommes qui se sont le plus illustrés pendant son règne. Or, Guillaume ii a ordonné d’entourer la statue de Frédéric ii, le roi compositeur et flûtiste, d’un général et du grand cantor de Leipzig. Il est évident qu’aujourd’hui le pauvre musicien est beaucoup plus illustre que le général prussien et que Frédéric ii ne pourra se plaindre de l’avoir à son côté. Mais que vient faire J.-S. Bach dans cette galère ? Il n’a pas été « sujet » prussien, il ne doit rien à la Prusse, et sa courte rencontre avec Frédéric ii a été plutôt fortuite. J.-S. Bach est bien un contemporain de Frédéric ii. Mais quel rapport existe-t-il entre lui et le roi de Prusse, et de quel droit le place-t-on à Berlin comme une illustration du règne de Frédéric ii ? On se le demande.

— On vient d’inaugurer la statue du compositeur hongrois Franz Erkel à Békés-Gyula, son pays natal. Erkel a écrit plusieurs opéras que le théâtre royal de Budapest joue encore avec beaucoup de succès.

— Le théâtre royal de Cassel vient de jouer un nouvel opéra intitulé les Mousquetaires au couvent, paroles de M. Cassmann, musique de M. Fritz Baselt.

— Une petite plaisanterie qui nous est apportée par les journaux étrangers. M. Carl Goldmark, l’auteur de Merlin et de la Reine de Saba, l’un des compositeurs allemands de ce temps les plus en vue, a écrit aussi plusieurs œuvres symphoniques, parmi lesquelles une suite d’orchestre qui lui inspire, parait-il, une affection toute particulière, à ce point qu’il l’emporte partout avec lui dans ses voyages. Or, on raconte que dernièrement, comme il arrivait à Salzbourg, pour les fêtes de Mozart, avec l’excellent chef d’orchestre Hellmesberger, celui-ci se chargeant d’inscrire leurs deux noms sur le registre de l’hôtel où ils descendaient, écrivit ainsi celui de son ami : « Goldmark et sa suite. » Et jusqu’au départ des deux voyageurs, l’hôtelier attendit en vain « la suite » de Goldmark, pour laquelle il avait réservé des chambres. È vero ?

— Après le piano, après la mandoline, voici le tour de force du gosier. Il paraît qu’à Budapesth un certain chanteur nommé Solak a donné, à l’Hôtel Europa, une séance vocale de douze heures dans laquelle il a fait entendre, sans s’arrêter, 250 chansons. Ici, nous enverrions à Bicêtre un toqué de ce genre, et c’est assurément ce qu’il y aurait de mieux à faire.

— La Société musicale d’Odessa a ouvert une souscription dont le produit est destiné à une « Fondation Antoine Rubinstein ». Les meilleurs élèves de l’École de musique d’Odessa recevront des bourses pour pouvoir terminer leurs études et pour aller se perfectionner à l’étranger.

— Le compositeur Niccolo Van Westerhout, auteur des deux opéras, Fortunio et Dona Flor, est nommé professeur d’harmonie au Conservatoire de Naples, dont il a été naguère un des plus brillants élèves.

— Au théâtre Bellini de Palerme, apparition et éclipse immédiate d’un opéra en un acte et deux tableaux, Mariedda, auquel on reproche d’être par trop servilement copié, livret et partition, sur la fameuse Cavalleria rusticana, et de manquer absolument de personnalité. L’auteur de la musique, M. Gianni Buceri, est un jeune artiste élève de M. Nicola d’Arienzo. Ladite Mariedda, dont les interprètes étaient Mmes Scalera et Riso, MM. Coruso et Morghen, est défunte après sa première représentation, qui a été la dernière. Par contre, à Naples aussi, mais au théâtre des Variétés, gros succès pour une opérette nouvelle intitulée Rugantino, livret de M. Almerigo Ribera, musique fort gracieuse, paraît-il, du maestro De Gregorio, « remarquable, dit un journal, par d’excellentes qualités artistiques qu’il serait très fâcheux de ne pas voir encourager. »

— À Cesena, dans un spectacle de bienfaisance, on a donné la première représentation d’une opérette intitulée un Casino di campagna, musique de M. Gamberini, jouée par quelques élèves des écoles féminines supérieures.

PARIS ET DÉPARTEMENTS

À l’Opéra, mardi prochain 14 juillet, on donnera en spectacle gratuit l’Hamlet d’Ambroise Thomas avec la Marsellaise, en guise d’entr’acte, bien entendu. Cette année, par contre, en ce jour de réjouissance publique l’Opéra-Comique chômera pour cause de graves réparations au plancher de la scène. On s’est aperçu qu’on jouait depuis pas mal de temps non pas sur un volcan, mais sur un terrain mal solide qui ne demandait qu’à s’effondrer et à ensevelir dans les dessous du théâtre tous ceux qu’il portait. Il n’était que temps d’aviser. C’est d’une réfection presque complète qu’il s’agit.

— L’hiver prochain nous aurons deux Don Juan, l’un à l’Opéra, l’autre à l’Opéra-Comique. — À notre Académie nationale de musique, MM. Bertrand et Gauilhard feront exécuter le chef-d’œuvre de Mozart par MM. Renaud, Delmas et Mme Caron. Sur notre seconde scène lyrique, M. Carvalho fera chanter Don Juan par MM. Maurel et Fugère, Mme Nina Pack et Mlle Lejeune qui fera ses débuts dans le rôle de Zerline. — Ce n’est pas la première fois que nos différentes scènes de musique donnent en même temps le chef-d’œuvre de Mozart. Vers la fin de l’Empire, l’Opéra, le Théâtre-Lyrique, dirigé par M. Carvalho et le Théâtre-Italien jouèrent Don Juan presque simultanément. L’exécution féminine fut surtout des plus brillantes au Théâtre-Lyrique avec Mmes Miolan-Carvalho (Zerline), Nilsson (Elvire), et Mme Charton-Demeur (Donna Anna) et au Théâtre-Italien avec Mmes Patti (Zerlina), Tiberini (Elvira) et Penco (donna Anna). Les deux don Juan les plus remarqués furent l’admirable Faure à l’Opéra et Graziani au Théâtre-Italien, où Zucchini dans Leporello et Gardoni (Ottavio) complétaient une exécution parfaite. À l’Opéra, les trois rôles de femmes étaient tenus par Mmes Marie Battu, Guyemard et Marie Sasse.

M. Carvalho se rapprochera le plus possible, pour le Don Juan qu’il projette, de la version originale de Mozart, telle qu’on va la représenter à Munich. C’était à l’origine un opéra semi seria, sans grande prétention, avec vingt-cinq musicien à l’orchestre. L’Opéra y mettra plus de pompe, selon son habitude.

— Vendredi, à l’église Saint-Augustin, on a célébré un service de bout de l’an à la mémoire de Mme Miolan Carvalho. La nef entière était remplie d’une foule émue, tant le souvenir de la grande artiste reste toujours vivace dans le cœur de ses nombreux amis. M. Carvalho et son fils en étaient profondément touchés.

— Puisque nous parlons de Mme Carvalho, disons que le sculpteur Mercié a déjà terminé son projet pour le monument qu’on se dispose à élever en l’honneur de la célèbre cantatrice. C’est une maquette d’un jet superbe, où le long, d’une stèle, Mme Carvalho est représentée en pied dans une sorte d’extase religieuse, comme elle était dans la prison de Marguerite lorsqu’elle chantait : Anges purs, anges radieux.

— On peut voir, en même temps, dans l’atelier de M. Mercié, et déjà fortement ébauché, le monument pour Charles Gounod. Au pied du buste du compositeur, un ange joue sur l’orgue, entouré des trois grandes héroïnes célébrées par le maître : Marguerite, Juliette et Sapho. Le tout d’une très belle envolée.

— Ambroise Thomas a légué au Conservatoire de musique ses partitions d’orchestre. En suite de cette disposition, Mme Ambroise Thomas vient de remettre à M. Weckerlin, bibliothécaire du Conservatoire, les ouvrages dont les titres suivent : le Guerillero, le Songe d’une nuit d’été, la Tonelli, le Caïd (moins l’ouverture), la Cour de Célimène, Psyché (en deux versions), le Carnaval de Venise, le Roman d’Elvire, Mignon, Hamlet, Françoise de Rimini et le ballet de la Tempête. — L’ouverture du Caïd avait été prêtée à un chef de musique qui a oublié de la rendre ; Ambroise Thomas n’a jamais pu se rappeler son nom, pas plus que son adresse. Ne prêtez jamais vos livres ni vos partitions.

— Cette semaine, à l’Opéra, dans un entr’acte d’Aïda, M. Gailhard a réuni le personnel des chœurs dans un des foyers de répétition et a présenté à ces artistes leur nouveau chef, M. Claudius Blanc, qui remplacera dorénavant le regretté Delahaye. M. Claudius Blanc a pour successeur dans ses fonctions antérieures de second chef des chœurs, M. Mestre, qui était souffleur, lequel est lui-même remplacé par M. Idrac. M. Claudius Blanc est prix de Rome et l’auteur, avec M. Léopold Dauphin, de Sainte Geneviève de Paris, partition exécutée au théâtre d’ombres du Chat Noir, et de nombre de jolis petits recueils comme la Chanson des joujoux, Rondes et Chansons d’avril, Chansons d’Écosse et de Bretagne, etc. Ajoutons qu’il a été pendant plusieurs années directeur du Conservatoire de Marseille.

— La commission supérieure des théâtres, au conseil municipal de Paris, se trouve composée de la façon suivante pour l’exercice 1896-97 : MM. Grébeauval, Despatys, Paul Strauss, Georges Villain et Quentin-Bauchart. On sait que l’un des membres de cette commission, M. Georges Villain, est l’auteur d’un projet de reconstitution du Théâtre-Lyrique, qu’il voudrait, avec l’appui de la Ville, voir installer dans la salle du Châtelet, à l’expiration du bail de celle-ci.

— L’auteur anonyme de la partition Sextus, qu’on avait fort remarquée au concours musical de la Ville de Paris et à laquelle on avait attribué une prime de 3.000 francs, s’est fait connaître. C’est M. Colomer, le musicien très distingué et trop modeste, qui n’est certainement pas au plan qu’il devrait occuper. Nous avons publié de lui, il y a quelques années, sous le titre Rondels de mai, une petite suite de mélodies qui sont des pages fines et délicates et qui mériteraient certainement d’être plus connues.

— Suite des résultats des concours à huis clos au Conservatoire :

Piano, classes préparatoires (hommes). 4 Juillet. 6 concurrents.

1re médaille : M. de Lausnay ; 2e médaille : M. Galland ; 3e médaille : M. Moscan. Tous élèves de M. Decombes.

Harmonie (femmes). 6 Juillet : 12 concurrentes.

Pas de 1er prix. 2es Prix : Mlles Meyer, élève de M. Barthe, et Lhote, élève de M. Chapuis. Pas de 1er accessit ; 2es accessits : Mlles Grumbach et Hansen, élèves de M. Chapuis.

Fugue. 7 Juillet. 15 concurrents.

1er Prix : M. Caussade, élève de M. Théodore Dubois. 2e Prix : MM. Estyle, et Gonard, élèves de M. Ch. Lenepveu. Pas d’accessits.

Piano, classes préparatoires (femmes). 8 Juillet. 24 concurrentes.

1res Médailles : Mlles Debrie et Ploquin, élèves de Mme Tarpet-Leclerc ; 2es médailles : Mlles Nosny, Franquin, Bousquet, élèves de Mme Tarpet-Leclerc, et Joffroy, élève de Mme Trouillebert ; 3es médailles : Mlles de la Bouglise, élève de Mme Chené Robillard, élève de Mme Tarpet-Leclerc, Bournac, élève de Mme Trouillebert, Grumbach et Brisard, élèves de Mme Chené.

Violon, classes préparatoires. 9 Juillet. 14 concurrents.

1re médaille : Mlle Schneider, élève de M. Desjardins ; 2es médailles : Mlle Védrenne, M. Quesnot, élèves de M. Desjardins, et Mlle Schück, élève de M. Hayot. 3es médailles : M. Kronenberger, élève de M. Hayot, Mlle Coudart, M. Chailley, élèves de M. Desjardins, et M. Dorson, élève de M. Hayot.

Orgue. 10 Juillet. 5 concurrents.

Pas de 1er prix. 2e Prix : M. Quex ; 1er accessit : M. Harnisch. Tous deux élèves de M. Widor.

— Une erreur de transcription nous a fait attribuer à la classe de Paul Vidal le nom de Mlle Poigny, qui a obtenu une 3e médaille au concours de solfège pour les chanteurs. Mlle Poigny est élève de M. Édouard Mangin.

— Concours de l’École classique de musique et de déclamation dirigée par M. Édouard Chavagnat :

Ensemble instrumental, section violon : 1er prix Mlle Bourdelas et M. Hasslauer ; 2e prix, MM. Agarant et Mancel ; 2e accessit, M. Claveau. — Section piano : 1er prix, Mlle Soulé ; 2e prix, Mlles Petit et Laffolay ; 2e accessit, Mlles Tousaint et Combesferrier. Tous élèves de M. Chavagnat.

Violon supérieur : 1er prix, Mlle Lavarenne ; 2e prix Mlle Barèges et M. Hasslauer ; 1er acc., M. Mancel ; 2e acc., M. Neuberth. Tous élèves de M. Bergès.

Déclamation, tragédie (hommes) : 2e prix. M. Grandjean ; 2e acc., MM. Baillet et Dervy ; (femmes) : 2e prix, Mlle Tugot. — Comédie (hommes) : 1er prix, M. Grandjean ; 2e prix, MM. Clerc et Duvernet ; 1er acc., M. Deroy ; 2e acc., M. Versanne ; (femmes) 1er prix, Mlle Tugot ; 2e prix, Mlle Delaspre ; 1er acc., Mlle Morizot ; 2e acc., Mlle Schatz. Tous élèves de Mme Victor Roger.

Déclamation lyrique, opéra (hommes) : 1er prix, M. Debray ; 2e acc., M. Germain ; (femmes) : 2e prix, Mlle Brack ; 1er acc., Mlle Braquehais. — Opéra-comique (hommes) : 1er prix, M. Debray ; (femmes) : 2e prix, Mlle Braquehais ; 1er acc., Mlle de Witte ; 2e acc., Mlle Saint-Martin.

— Nous apprenons que notre confrère Albert Soubies, dont les travaux sur le théâtre et la musique slaves avaient été justement remarqués, vient d’être nommé chevalier de l’ordre de Saint-Stanislas, de Russie.

— Le distingué pianiste-compositeur Ferdinand de Croze clôturait jeudi dernier ses cours d’harmonie et d’exécution par une soirée qui fut un concours entre ses élèves. Mlle Jane Michel (d’Uzès) a remporté le plus vif succès en interprétant avec style et grâce le Menuet de Boccherini (transcription de Planté), la Gigue américaine de Redon et la triomphale Grande Marche de Ferdinand de Croze ; aussi est-ce par des applaudissements répétés qu’on a salué le prix d’honneur décerné à cette jeune exécutante du plus grand avenir. Le maître, quand ses élèves eurent pleinement démontré l’excellence de sa méthode, tint lui-même l’auditoire sous le charme en donnant, avec les compositions des grands maîtres, la primeur de quelques-unes de ses œuvres inédites.

— Matinée très réussie chez le virtuose et professeur Mme Zwierkowska. Ont été très applaudis : la Source capricieuse, de L. Filliaux-Tiger, et Entr’acte-Mignon, de Thomas. L’air d’Hérodiade, de Massenet, a remporté un véritable succès.

— De Versailles on nous signale la matinée récemment donnée par Mlle Laure Taconet pour l’audition de ses élèves de chant qui ont tiré, semble-t-il, le meilleur profit de l’excellent enseignement qu’elles reçoivent. Après ses élèves, Mlle Taconet s’est fait entendre avec le concours d’artistes tels que MM. Alfred Brun, Rich. Loys, Delacroix, Queeckers et Balbreck. MM. G. Pierné, P. Vidal et Kaiser étaient venus accompagner ou diriger leurs œuvres. Ils ont été brillamment fêtés, ainsi que leurs vaillantes interprètes. À mentionner spécialement dans ce riche programme : les Nuées, les Fées, le Fidèle Cœur, Printemps nouveau de P. Vidal, les Voix du Printemps, de Kaiser, Yanthis, de Pierné et nombre des plus belles mélodies de Gounod, Massenet, Reyer, Delibes, Lalo, Ch. Lefebvre, Holmès, Godard. Quelque jours après a eu lieu l’audition des élèves de piano de Mlle Taconet, qui n’a pas été moins appréciée que la première.

Mlle Régina Cahen, artiste de grand talent, élève de M. G. Mathias, vient de donner au Havre un récital de piano et de remporter un véritable succès en interprétant des œuvres de Beethoven, Chopin, Grieg, Saint-Saëns. Citons particulièrement Source capricieuse de Mme Filliaux-Tiger, qui a été un triomphe pour la virtuose.

— Comme toujours, le concert de la Lyre lavalloise a brillamment réussi. Mlle Marguerite Lavigne, des concerts du Conservatoire et des concerts Colonne, y a été l’objet de véritables ovations. Son succès, à juste titre, a été très grand. Elle a chanté avec un art infini les Stances de Sapho de Gounod, Jeanne d’Arc, belle inspiration de Mme de Grandval, et Évocation, œuvre intéressante du distingué compositeur lavallois Prosper Mortou, le directeur de la Lyre.

NÉCROLOGIE

On annonce de Reims la mort d’un artiste habile et fort distingué, M. J. Grison, organiste du grand orgue de la cathédrale de cette ville, où il avait acquis une renommée méritée.


Henri Heugel, directeur-gérant.