Nouvelles diverses/27 septembre 1896

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Heugel (no 39p. 6-8).

NOUVELLES DIVERSES


ÉTRANGER

L’Opéra impérial de Saint Pétersbourg a fait sa réouverture le 1er  septembre, par une représentation d’Eugène Onéguine, le plus bel ouvrage de Tschaïkowsky.

— Aux archives du ministère de la guerre d’Autriche-Hongrie existe un département consacré à la musique militaire. On y conserve, non seulement les fanfares réglementaires de l’armée autrichienne depuis plus de deux siècles, mais aussi des marches et autres morceaux historiques qui furent joués par les musiques militaires autrichiennes et certaines chansons qui furent populaires dans l’armée. C’est dans ces archives que M. Fuchs, chef d’orchestre de l’Opéra impérial, a puisé la belle mélodie O Lille, ville ravissante, qui fut chantée par les régiments autrichiens pendant le siège de Lille par les troupes du prince Eugène, et quelques autres mélodies du temps de ce célèbre général, pour les utiliser dans un à-propos musical en l’honneur dudit prince. Tout récemment, les archives musicales de la guerre s’ouvrirent à l’occasion du 200e anniversaire d’un régiment viennois dont le propriétaire perpétuel est le grand maître de l’Ordre teutonique, et ont fourni à la musique militaire de ce régiment toutes les fanfares réglementaires et les marches qui lui servirent à partir de 1696, année de sa formation. La musique militaire joua tous ces morceaux dans la grande rotonde de l’Exposition de 1873, qui est restée debout, et ces morceaux, produits dans leur ordre chronologique, ont été d’un effet superbe. Certaines marches du dix-huitième siècle, par leur allure militaire et leur mélodie entraînante, ont même provoqué un grand enthousiasme dans l’assistance, qui était fort nombreuse. Il paraît que le régiment en question a l’intention de publier son histoire musicale, et cette entreprise mérite d’être encouragée.

— Avec la saison d’automne les théâtres reprennent de tous côtés, comme à Paris, le cours de leurs travaux. À Berlin il n’y en a pas moins de seize ouverts en ce moment, qui sont les suivants : Opéra royal, Comédie royale, Théâtre allemand, Théâtre Lessing, Jardin d’Hiver, Théâtre Apollon, Olympia, Alhambra, Théâtre de Berlin, Théâtre de la Résidence, Théâtre Friedrich-Wilhemstadt, Nouveau-Théâtre, Ostend-Théâtre, Théâtre Schiller, Théâtre Central, Théâtre de la Belle-Alliance.

— Le comité qui s’est formé pour ériger à Rohbert Schumann un monument dans sa ville natale, Zwickau, a déjà réuni la somme de 40.000 francs environ.

— On vient de trouver dans la bibliothèque de l’Ordre teutonique, à Troppau (Silésie autrichienne), deux manuscrits intéressants de Beethoven. Le frère Eugène, qui est chargé de la conservation de cette bibliothèque, découvrit par hasard, en examinant le contenu d’une vieille armoire, deux partitions portant une dédicace à l’archiduc Antoine-Victor, grand maître de l’Ordre teutonique de 1804 à 1835, et la signature de Beethoven. Ce sont deux marches, dont l’une fut composée en 1809, tandis que l’autre, écrite pendant la villégiature de Beethoven à Baden, près de Vienne, est datée du 31 juillet 1810. Les partitions sont autographes d’un bout à l’autre.

— La ville de Dresde va posséder dans le Palais de l’Exposition, où on est en train de l’aménager, une salle de concerts qui sera l’une des plus vastes de l’Allemagne et dont l’inauguration se fera solennellement, le 4 novembre prochain, par une exécution des Béatitudes de César Franck.

— À Hambourg, la Singakademie vient de publier le programme des quatre concerts qu’elle donnera, pour sa saison d’hiver, les 27 novembre, 19 février, 19 mars et 13 avril, avec le concours de la Société philharmonique. Les œuvres exécutées seront les suivantes : Messe solennelle, de Beethoven ; Esther, oratorio de Hændel ; le Chant des Parques, de J. Brahms ; Symphonie avec chœurs, de Beethoven ; la Passion selon saint Mathieu, de J.-S. Bach.

— Une société de téléphone à Budapest a été autorisée à établir une communication directe avec l’Opéra royal, de sorte que les abonnés de ladite société, au nombre de huit mille, peuvent entendre chez eux se qu’on chante à l’Opéra. Cette gracieuseté pourrait tout de même nuire aux intérêts de l’Opéra royal.

— L’orphéon de Mayence a récemment offert une sérénade au grand-duc de Hesse, qui se trouve pour quelque temps dans sa bonne ville de Mayence. Le prince se fit présenter le président de cette société, un brave bourgeois bien nourri, et lui dit en contemplant la phalange des chanteurs : « Je vois avec plaisir que vous avez grossi depuis ma dernière visite à Mayence. » Le président, très flatté, s’incline profondément et répond : « Oh ! oui, Altesse, de dix livres. »

— Les foudres de la justice peuvent tomber sur un critique musical qui se sert d’une langue trop pittoresque en rendant compte d’une représentation théâtrale. C’est ainsi que le critique musical du Tagblatt d’Ulm a été condamné à 30 marks d’amende par le tribunal d’Ulm, parce qu’il avait parlé dans son journal d’une chanteuse de concert dans des termes légèrement irrespectueux et l’avait même désignée comme « la vierge qui chante comme un coq ». Cette métaphore est dure peut-être et le critique aurait pu exprimer sa pensée dans un langage moins vif, mais on ne voit pas trop en quoi cette comparaison pouvait attenter à l’honneur de la chanteuse, qui n’aurait certainement pas déposé une plainte si le critique l’avait comparée au rossignol ou à l’alouette.

— Le théâtre Argentina, de Rome, vient d’établir définitivement son programme pour la prochaine saison de carnaval et carême. Les ouvrages représentés seront les suivants : Falstaff, de Verdi, Asrael, de M. Franchetti, Andrea Chénier, de M. Giordano, le Crépuscule des Dieux et Camargo. Voici les noms des artistes engagés : soprani, Mmes De Frate, Barducci, Ricci de Paz ; mezzo-soprano, Mme Locatelli ; ténors, MM. Mariacher, Borgatti, Sigaldi, Granados ; barytons, Scotti et Cioni. Manquent encore quelques artistes.

— Trois nouveaux professeurs viennent d’être nommés au Conservatoire de Milan : M. Gaetano Coronaro pour une classe de composition, avec un traitement de 3.000 francs, M. Gaetano Pasculli pour une classe de violon et alto, et M. Giacomo Baragli pour une classe de violoncelle, chacun avec un traitement de 1.500 francs.

— Nous avons annoncé qu’un impressario italien, M. Stainer, avait ouvert à Milan un concours pour la composition de plusieurs opéras en un acte destinés à être représentés par ses soins. Cent quatre-vingt-treize partitions ont été envoyées à ce concours, ce qui prouve qu’il y a encore en Italie un certain nombre de compositeurs qui nourrissent le désir et l’espoir de voir leurs œuvres offertes au public. Néanmoins, aucune de ces partitions n’a été jugée digne du premier prix, qui était de 3.000 francs. Le second prix, de 1.500 francs, a été adjugé à M. Vanbianchi, pour son opéra il Vascello, et trois troisièmes prix, de 500 francs chacun, ont été attribués à MM. Giannetti (il Liutaio di Cremona) Orefice (il Gladiatore) et Collini (la Creole). En outre, quatre ouvrages, sans obtenir de prix, ont été retenus pour être représentés.

M. Emilio Pizzi, qui a déjà composé pour Mme Adelina Patti un opéra en un acte intitulé Gabriella, vient d’écrire encore à son intention, sur un livret de M. Luigi Illica, un autre ouvrage du même genre et de même dimension. Titre de ce dernier : la Rosalba.

— À San Pietro in Bagno, première représentation d’un opéra en trois actes, Graziella, paroles de M. Corrado Pazzi, musique de M. Giuseppe Cassetti. À Marmirolo, apparition d’une opérette, i Fanciulli redenti, paroles du capitaine Ettore Boldrini, musique de M. Francesco Pinto. Au théâtre Armonia, de Trieste, autre opérette, il Passaporto del droghiere, musique de Mme Gisella della Grazie.

Mme de Serres, la si remarquable artiste qu’on a maintenant trop rarement l’occasion d’applaudir, a donné à Évian un superbe concert au profit des pauvres, où elle a enthousiasmé son auditoire.

— À Scheveningue, près de La Haye, a eu lieu un intéressant festival de musique belge dont l’Écho musical rend compte en ces termes : — « Le festival de musique belge organisé dans la coquette cité balnéaire a admirablement réussi ; c’est un succès considérable pour nos compatriotes. Le public a chaleureusement applaudi l’ouverture du Polyeucte d’Edgar Tinel ; le Poème symphonique de Peter Benoit ; une fantaisie de M. de Greef, exécutée au piano par l’auteur lui-même et accompagnée par l’orchestre ; une Orientale et un Springdans du même ; Milenka de Jan Blockx ; une Marche inaugurale, d’Émile Wambach ; un Rêve, de Karel Mesdagh, et un fragment symphonique d’Adolphe Samuel. La partie vocale était tenue par la remarquable cantatrice flamande Mlle Flament, qui a fait valoir sa belle voix et sa diction pleine d’autorité dans l’air de la cantate de Philipp Van Artevelde, de M. Gevaert, dans des lieder de MM. Gevaert, Radoux et Huberti, et un fragment de Stabat Mater du regretté Waelput ».

PARIS ET DÉPARTEMENTS

Ce n’est qu’au conseil des ministres de vendredi dernier qu’on a réglé définitivement les détails des représentations de gala à l’Opéra et à la Comédie-Française. À l’Opéra la représentation, qui ne commencera que lors de l’arrivée de l’empereur, durera en tout une heure et demie ; en voici le programme :

1o  Hymne russe, chanté par tous les artistes ;

2o  Ouverture : Marche héroïque (Saint-Saëns) ;

3o  Deuxième acte de Sigurd (Reyer), avec Mme Caron ;

4o  Méditation de Thaïs (Massenet) ;

5o  Divertissement du 1er  acte de la Korrigane (Widor), avec Mme Rosita Mauri.

À la Comédie-Française, le spectacle est ainsi composé :

1o  Compliment composé par M. Jules Claretie, récité par M. Mounet-Sully, doyen de la Comédie-Française ;

2o  Un Caprice, comédie en un acte (Alfred de Musset), joué par Mmes Bartet et Barretta, et M. Worms ou M. Le Bargy ;

3o  Scène du duel du Cid, jouée par MM. Mounet-Sully et Silvain ;

4o  Quatrième acte des Femmes savantes, avec MM. Coquelin cadet et de Féraudy dans les rôles de Vadius et Trissotin.

À l’Opéra, les souverains feront leur entrée par la place de l’Opéra et seront reçus, en même temps que le Président de la République, au bas de l’escalier, par MM. Bertrand et Gailhard. À la Comédie-Française, l’entrée se fera par la place du Théâtre-Français ; M. Jules Claretie recevra également les augustes invités au bas de l’escalier. Dans les deux théâtres, des gardes républicains formeront la haie jusqu’à la loge, qui sera spécialement aménagée. C’est la Présidence de la République qui fera toutes les invitations.

— À l’Opéra-Comique on est tout au Don Juan de Mozart, et on pioche ferme dans les foyers, bien qu’il ne paraisse pas qu’on se soit arrêté encore à une version définitive. Mais les décorateurs brossent leurs toiles du matin au soir, avec vigueur et aussi avec toute la grâce désirable.

— À l’Opéra, on ne pousse pas moins chaudement les études du même Don Juan ; on peut s’en rapporter à l’activité de M. Gailhard. C’est à qui des deux théâtres arrivera bon premier. Lutte curieuse et émotionnante. On en est « à la cravache », comme il est dit sur le terrain des courses, et on peut s’attendre à un dead heat.

— En attendant la venue de Don Juan, M. Carvalho a fait débuter dans le Pardon de Ploërmel une jeune artiste du nom de Courtenay, jeune Américaine, douée d’une fort jolie voix. Elle a réussi et le public l’a chaleureusement rappelée, après la valse du deuxième acte.

— Nicolet, du Gaulois, nous donne de bonnes nouvelles sur la reconstruction de l’Opéra-Comique, place Favart : « Ce ne sera donc pas un vain rêve ? Les hommes de notre génération auront donc la joie, avant de mourir, de voir l’Opéra-Comique reconstruit ? Sérieusement, on peut presque dire — à la grande surprise sans doute des Parisiens qui n’ont pas coutume de passer souvent sur la place Boieldieu — que le monument est aujourd’hui à peu près terminé. Tout au moins, le gros de l’œuvre est fait. La carcasse, l’ossature, c’est-à-dire toute la grosse maçonnerie : murs d’extérieur et d’intérieur, sous-sols, vestibules, couloirs, tours de salle, galeries des divers étages, tout cela est achevé jusqu’à la grande frise du sommet : il ne manque à l’immeuble que la couverture. Dès lors il n’y aura plus à faire, outre la charpente des toits, que la décoration extérieure, c’est-à-dire les sculptures de pierres, et l’aménagement intérieur, c’est-à-dire les travaux en fer et les boiseries. Déjà même on a posé les légères et solides armatures de fer qui formeront les loges ou baignoires du rez-de-chaussée. On n’a pas encore enlevé les immenses clôtures de planches qui écartent les curieux de la zone de travaux, que la monte de pierre de taille rend dangereuse, mais dès maintenant, cependant, on peut pénétrer sans inconvénient dans le monument, sous la conduite obligeante des architectes, et circuler dans ses diverses parties. L’édifice présente trois façades : place Boieldieu, rue Favart et rue Marivaux. Il y a cinq portes à la façade principale, surmontée d’un attique et décorée de statues en cariatides. Elles ouvrent sur un grand vestibule, d’où deux escaliers mèneront au premier étage, où se trouvera le foyer du public. Dans le soubassement des locaux sont ménagés pour le logement des postes de la garde républicaine, de la police, des médecins et des divers services. L’administration a son entrée et ses bureaux rue Marivaux. Sur la rue Favart se trouve l’entrée des décors et de la loge spéciale qu’un traité séculaire réserve à perpétuité, comme on sait, à la famille de Choiseul. La scène a onze mètres d’ouverture sur la salle. Cette salle, circulaire, contiendra quinze cents places. » — Les concours pour l’admission aux classes du Conservatoire sont fixés aux dates suivantes :

Déclamation dramatique (hommes), le 16 octobre ; (femmes), le 17 octobre ; admissibles, le 20.

Chant (hommes), les 26 et 27 octobre ; (femmes), les 28 et 29 octobre.

Harpe, piano (hommes), le 2 novembre.

Violon, les 4 et 5 novembre.

Alto, violoncelle, contrebasse, le 6 novembre.

Piano (femmes), les 9 et 10 novembre.

Flûte, hautbois, clarinette, basson, le 12 novembre.

Cor, cornet à pistons, trompette, trombone, le 13 novembre.

Les aspirants doivent, à partir du 1er  octobre et dans les délais ci-après, se présenter au secrétariat et faire leur demande d’inscription sur une formule spéciale, en y joignant un extrait, sur papier timbré, de leur acte de naissance et un certificat de vaccination. La clôture des inscriptions aura lieu, savoir :

Déclamation (hommes), le 9 octobre, à quatre heures ; (femmes), le 10 octobre à quatre heures.

Chant, (hommes), le 19 octobre, à quatre heures ; (femmes), le 21 octobre, à quatre heures.

Harpe, piano (homme), le 26 octobre, à quatre heures.

Violon, le 28 octobre, à quatre heures.

Alto, contrebasse, violoncelle, le 30 octobre, à quatre heures.

Piano (femmes), le 2 novembre, à quatre heures.

Flûte, etc., etc., le 5 novembre.

Cor, etc., etc., le 6 novembre.

M. Camille Saint-Saëns fait en ce moment, et avec un grand succès, une tournée de concerts d’orgue et de chant, en Suisse, avec le concours de Mlle Baldo. Au programme, des œuvres du maître, une grande fantaisie pour orgue de Liszt, et des compositions religieuses de César Franck et de Gounod.

M. Ch.-M. Widor vient d’être engagé par la Société impériale de musique de Moscou, pour y aller diriger sa seconde symphonie au concert du 16 novembre. Il donnera ensuite un récital d’orgue à l’église de Saint-Pierre et Saint-Paul.

— Nous lisons dans un journal étranger : « Peu d’hommes furent au monde plus infatigables que M. Gladstone. Le grand homme d’État anglais, qui est âgé aujourd’hui de 87 ans et qui, du matin au soir, s’occupe de choses si graves et si diverses, trouve le moyen de s’intéresser aussi à la musique. Un concours musical avait lieu récemment à Hawarden, résidence du great old man, qui est le principal propriétaire du pays, et M. Gladstone distribua lui-même les prix et prononça à cette occasion un discours sur la musique écossaise, qui excita l’enthousiasme des auditeurs. Il appela la musique un « don de Dieu », affirmant qu’elle n’est pas seulement une des distractions de l’humanité, mais aussi une des conditions du bonheur. Il électrisa l’assistance par ses paroles. Les maîtres de prédilection de M. Gladstone sont Palestrina, Soriano, Vittoria, et en général il prise les antiphonaires de Venise et de Rome, étant un grand admirateur du simple chant grégorien. S’il n’aime pas Wagner, qu’il ne trouve pas assez simple, il est séduit par la musique de Gounod, et spécialement par son grand oratorio Mors et Vita. Naturellement, il doit goûter peu les musiciens anglais contemporains, auxquels il conseillerait peut-être d’étudier un peu plus les grands maîtres, qu’il idolâtre. »

— C’est aujourd’hui que doit avoir lieu à Alais l’inauguration de la statue de Florian. Cette inauguration formera la suite naturelle de celle qui vient d’avoir lieu dans les jardins du château de Voltaire à Ferney. Un monument destiné à rappeler le séjour fait à Ferney par Florian enfant et l’amitié que lui portait Voltaire, son parent, a été inauguré le 6 septembre. L’œuvre, due à M. Émile Lambert, auteur de la statue de Voltaire jeune placée dans la cour de la mairie du ixe arrondissement de Paris, représente l’enfance du poète « Florianet ». Après les discours prononcés par M. Goujon, sénateur du département de l’Ain, qui présidait la cérémonie, et par M. Louis Binoche, avocat, adjoint au maire du ixe arrondissement, un groupe de jeunes filles costumées en bergères a couronné le buste du poète, et la fanfare de Ferney a exécuté trois jolies compositions musicales dans le goût du temps, dues à M. Charles Neustedt.

Great attraction pour l’Opéra de Nice. Mme Adelina Patti y créera un nouvel opéra en deux actes, Dolorès, dont M. Georges Boyer a écrit le poème et M. Gaston Pollonais la musique.

— Répertoire de Mlle Calvé pour la prochaine saison d’Amérique : Hamlet, la Navarraise, Hérodiade, Carmen, Faust, l’Africaine et les Noces de Figaro.

— Les admirateurs de Frédérick Lemaître ouvrent une souscription pour élever un buste à sa mémoire, oubliée depuis vingt et un ans.

— On annonce, pour la saison prochaine, de nouvelles auditions de Moussorgski, le Russe original à qui M. Pierre d’Alheim vient de consacrer une nouvelle plaquette, résumé des opinions de la presse et d’une élite sur les concerts-conférences de l’hiver dernier, qui ont mis en valeur, avc l’enthousiasme érudit du conférencier, le jeu vibrant du pianiste Foerster et la diction si pénétrante de Mlle Olénine.

R. B.

Mlle Julie Bressolles, qui vient de charmer les châtelains de Valmondois en chantant, dans plusieurs salons, des fragments du Tasse de B. Godard, les Chansons grises et des mélodies de M. Hahn, des mélodies de Mme Ugalde, vient de rentrer à Paris. La charmante cantatrice se propose de donner, pendant l’hiver, des matinées par invitation, au cours desquelles elle fera entendre des œuvres artistiques et intéressantes. La première matinée sera consacrée à Godard, la seconde à M. E. Moret, puis viendront successivement MM. G. Charpentier, X. Leroux, etc., et enfin, à titre d’enseignement, des auditions du recueil de M. Gevaert : Les Gloires de l’Italie.

— L’École classique de la rue de Berlin, dirigée par M. Ed. Chavagnat, rouvrira ses cours le jeudi 1er  octobre prochain. Les inscriptions sont reçues dès à présent au siège de l’école, 20, rue de Berlin, tous les jours de 9 heures à midi et de 2 heures à 7 heures, fêtes et dimanches exceptés.

Mme Ed. Colonne reprendra, chez elle, 43, rue de Berlin, ses cours et leçons de chant.

Mme Rosine Laborde reprendra ses leçons et cours de chant, chez elle, 66, rue de Ponthieu, à partir du 5 octobre.

— Au dernier concert de la garde républicaine, direction Parès, le programme comportait pour la première fois une suite sur la Navarraise qui a été fort goûtée : rien de plus poétique que ces accents de langueur et de passion, que ce vaporeux nocturne aux timbres argentins, encadrés par d’énergiques clameurs, d’allure fatale…

R. B.

— On écrit de Rouen : « L’éminent professeur du Conservatoire, Marsick, vient de remporter ici, au dernier concert festival, un immense succès. Le célèbre violoniste a exécuté avec autant de pureté que d’éclat diverses œuvres de Lalo, de Dubois, de Sarasate, qui lui ont valu d’unanimes applaudissements. Le public a eu ensuit le plaisir d’associer dans le même succès le compositeur et l’exécutant, notamment dans un nocturne d’une inspiration originale et profonde. »

— Au Palais des beaux-arts de l’exposition de Rouen, jeudi dernier, très beau récital d’orgue donné par M. L. Vierne. Au programme, quinze numéros, dont la Symphonie gothique de C.-M. Widor, le prélude et la fugue en si de Saint-Saëns, plusieurs pièces de Bach, etc., jouées avec un art consommé et une virtuosité rare.

NÉCROLOGIE

L’état du compositeur Carlos Gomes, que les nouvelles récentes avaient annoncé comme s’améliorant, a empiré tout à coup, et l’excellent artiste est mort ces jours derniers. Gomes était né à Campinos (Brésil) le 11 juillet 1839, et avait commencé dans son pays une éducation musicale qu’il vint, avec l’aide de l’empereur, terminer en Italie, à Milan, sous la conduite de Lauro Rossi, alors directeur du Conservatoire de cette ville. C’est là qu’il fit ses débuts de compositeur dramatique en écrivant, pour le petit théâtre Fossati, la musique d’une revue de fin d’année intitulée en dialecte : Se sa minga (On ne sait pas !), qui fut bien accueillie et dont une certaine chanson, dite du fusil à aiguille (c’était après Sadowa), obtint un succès fou. Du coup, Gomes était populaire. Un plus grand succès encore l’attendait à l’apparition à la Scala, en 1870, de son premier opéra, Guarany, ouvrage dans lequel les belles choses et les platitudes, une originalité réelle et l’imitation servile du style de Verdi se croisent et s’entremêlent de la façon la plus singulière. Les deux rôles principaux de cet ouvrage étaient tenus par Mme Marie Sasse et M. Maurel. Jamais depuis lors Gomes ne retrouva, de la part du public, un accueil aussi sympathique et une bienveillance aussi complète, quoique son Salvator Rosa ait été fort bien reçu en 1874. Mais Fosca, Maria Tudor et lo Schiavo n’ont point laissé de traces. En réalité, Gomes était un artiste instruit, non dépourvu d’inspiration, mais inégal et manquant d’originalité.

A. P.

— À Hambourg, est morte, à l’âge de 40 ans environ, Mme Catherine Klafsky, la falcon de l’Opéra de cette ville, des suites d’un abcès au cerveau qui avait nécessité l’opération dangereuse du trépan. Mme Klafsky était fort connue en Allemagne comme chanteuse dramatique, et cultivait spécialement le répertoire de Richard Wagner ; elle avait aussi souvent chanté au théâtre de Bayreuth. Dans les derniers temps, elle était engagée à l’Opéra de Hambourg.

— À Schaerbeek est mort, ces jours derniers, un artiste de talent, Jean-Gaspard-Isidore De Swert, violoncelliste distingué, qui avait été professeur au Conservatoire de Bruxelles et à l’Académie de musique de Louvain, et qui fut pendant de longues années violoncelle-solo au théâtre de la Monnaie. Il était né à Louvain le 6 janvier 1830.


Henri Heugel, directeur-général.