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Nouvelles diverses/5 juillet 1896

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(p. 213-215).

NOUVELLES DIVERSES


ÉTRANGER

Les créanciers de MM. Grau, Abbey et Schœffel, dont nous avons annoncé la déconfiture, ont beaucoup de confiance dans la loyauté et la capacité de ces messieurs. Selon un arrangement qui vient d’être conclu, MM. Grau et Abbey reprennent le théâtre du Metropolitan Opera House à New-York pour la prochaine saison, comme si rien ne s’était passé.

— Tout ce qui touche à la curiosité arrive actuellement à des prix qu’on n’avait pas rêvés il y a seulement vingt-cinq ans. Dernièrement, on a vendu à Londres quelques autographes de musiciens célèbres. Deux petits manuscrits de Beethoven, un air avec variations et l’esquisse d’un quatuor, ont été payés la bagatelle de 1.000 francs.

M. Luigi Arditi, qui a été pendant vingt-cinq ans chef d’orchestre du Her Majesty’s Theatre de Londres, l’auteur du fameux Bacio que Mme Adelina Patti a promené dans l’univers entier et auquel elle a fait une si grande popularité, se prépare à célébrer le soixante anniversaire du jour où, tout enfant, à Milan, il faisait ses débuts comme violoncelliste. On assure qu’il doit publier prochainement un volume de Mémoires artistiques.

— Le Bulletin récemment publié par l’administration des Festspiele de Bayreuth nous apporte quelques renseignements précis et assez curieux sur les collaborateurs du « grand œuvre » pour la campagne nouvelle qui se prépare. La direction de l’orchestre sera confiée successivement à MM. Hans Richter, Félix Mottl et Siegfried Wagner. Le directeur de la scène est M. Julius Kniese ; il y a 6 répétiteurs des solistes et assistants sur la scène, 3 régisseurs et inspecteurs. Le personnel technique, comportant 30 hommes, est sous la direction des chefs de service des machines, MM. Kranich (de Dresde) et Parcival de Vry (Prague). Pour les rôles des « hommes » de Gunther dans le Crépuscule des Dieux, on a engagé 20 chanteurs d’opéras royaux et impériaux, 8 chanteurs d’opéra et un chanteur de cour ; pour les rôles de « femmes », 12 chanteuses d’opéras. L’orchestre comporte le chiffre respectable de 121 instrumentistes, répartis comme suit : 33 violons, 12 altos, 13 violoncelles, 8 contrebasses, 5 flûtes, 6 hautbois et cors anglais, 4 clarinettes, 1 clarinette-basse, 4 bassons, 1 contrebasson, 8 cors, 4 tuben ténors et basses, 4 trompettes, 1 trompette-basse, 5 trombones, 1 trombone-contrebasse, 1 tuba-contrebasse, 7 harpes, 3 timbales. Les artistes sont recrutés un peu partout. Outre les Allemands, il en vient de Boston, Budapesth, Lausanne, Linz, Liverpool, Londres, Manchester, Moscou, Paris, Prague, Presbourg, Christania, Vienne, etc. Les décors sont du peintre de la cour Brückner, de Cobourg, les costumes de J. Scholz, de Leipzig, exécutés d’après les dessins de H. Thomas, de Francfort.

— Un nouvel opéra en un acte intitulé Fra Francesco, musique de M. Henry Waller, vient d’être joué, sur ordre de Guillaume ii, à l’Opéra de Berlin. Succès nul, déception énorme.

— On a fait, à Nuremberg, des essais dans le but de relier téléphoniquement l’Exposition industrielle de la ville avec le Théâtre royal de Munich. Voici comment un des expérimentateurs a rendu compte de l’effet obtenu : « La musique instrumentale ne donnait qu’une résonance assez voilée, les cuivres se percevaient difficilement. Un peu après, la communication s’est améliorée, de manière à rendre le quatuor perceptible, même dans les piano. Les voix n’étaient nettes que dans les forte, le soprano s’entendant mieux que le ténor. Lorsque les artistes chantaient forte et que l’accompagnement instrumental restait un peu à l’arrière-plan, chaque syllabe était perceptible. »

— Le célèbre professeur de chant Stockhausen a fait entendre dernièrement, dans son école de Francfort-sur-le-Mein, une œuvre de J.-S. Bach qu’on ignore généralement. Il s’agit de la cantate pour soli et chœurs intitulée Coffea cantata qui n’est pas autre chose qu’un persiflage de la vogue alors toute récente du café. On sait que vers la fin du XVIIe siècle, la mode hollandaise de boire plusieurs fois par jour du café s’était répandue parmi les Allemandes, et que les pasteurs, les médecins et les moralistes luttaient en vain contre cette fantaisie, à cette époque assez coûteuse. Les femmes n’en raffolaient pas moins du café et n’entendaient pas l’abandonner. La cantate du futur compositeur de la Passion est débordante de bonne humeur et de charme ; quelquefois le compositeur s’y couvre, comme à l’ordinaire, de sa grave perruque et fournit alors de petits chefs-d’œuvre de contrepoint. La donnée de la cantate est fort simple : une jeune fille défend avec conviction et grâce, contre deux moralistes grincheux, le droit de la femme de se gorger d’autant de tasse de café que le cœur lui en dit. Inutile d’ajouter que la petite femme obtient gain de cause et que son droit au café ad libitum est glorieusement inscrit dans son contrat de mariage. L’action de la cantate est naturellement presque nulle, mais elle comporte tout de même une petite mise en scène, et les costumes régence y produisent un joli effet. Signalons la Coffea cantata aux salons où l’on fait de bonne musique et où on n’est pas effrayé par un grand nombre de répétitions, car les chœurs du père Bach ne sont jamais faciles, même quand il ne fait que badiner.

— Le théâtre de la cour de Weimar va jouer, au commencement de la saison prochaine, un nouvel opéra en trois actes intitulé le Poète et le Monde, paroles de M. Jules Petri, musique de M. Waldemar de Baussnern.

— Au théâtre royal de Wiesbaden, le dieu Loge appelé par Wotan pour produire le fameux enchantement du feu dans la Valkyrie a été dernièrement fort imprudent. Il avait par mégarde enflammé le manteau de Wotan. Heureusement, un brave pompier était là, qui surveillait la scène. Voyant Wotan en danger, il s’élança vers lui, arracha le manteau et l’emporta dans la coulisse, où le feu fut vite étouffé. Wotan termina l’apostrophe célèbre sans manteau, mais il n’obtint pas autant d’applaudissements que le pompier courageux, auquel le public fit des ovations et qu’il rappela plusieurs fois en scène après la fin de l’acte.

— Le nouvel opéra en un acte, intitulé Lili-Tsee, paroles de M. W. Kirchbach, musique du compositeur suisse Franz Curti, a été joué avec un succès marqué au théâtre royal de Dresde.

— Un nouvel opéra, Florentina, musique de M. A. Thierfelder, a été joué avec succès au petit théâtre de Brandenbourg.

— Un jeune compositeur wallon, M. Nicolas Daneau, fondateur de la Société des concerts populaires de Charleroi, vient d’être nommé directeur de l’École de musique de Tournai.

— Il semble probable que c’est au mois d’octobre prochain que l’École de musique d’Anvers, dont le directeur est M. Peter Benoît, sera élevée au rang de Conservatoire royal. Des négociations se poursuivent entre la ville et le gouvernement pour régler les conditions financières de ce changement.

Il paraît que M. Mascagni a entrepris la composition d’un nouvel opéra, celui-ci sur un sujet à la fois japonais et fantastique. Le livret est de M. Luigi Illica, l’ouvrage est en deux actes et un prologue, il a pour titre la Giapponese, et l’on pense qu’il sera représenté à la Scala de Milan au cours de la prochaine saison de carème. On assure que le même Mascagni prépare en même temps la publication d’un volume de vers. Comme M. Saint-Saëns, alors !

— La Gazetta musicale de Milan se plaint de voir, en Italie, le gouvernement et le parlement anti-artistiques. « La junte générale du bilan (commission du budget), dit-elle, a décidé de ne pas approuver le chapitre du budget en faveur de l’école communale de Naples, celui relatif à l’école de récitation de Florence, et de supprimer l’école de déclamation de l’Académie de Sainte-Cécile de Rome, qui était confiée à la signora Virginia Marini. Tout ce qui est artistique, tout ce qui est intellectuel, en Italie, a toujours pour adversaire irréconciliables les législateurs. Pourquoi ne supprime-t-on pas le budget de l’instruction publique ? » Dame ! quand on veut faire trop grand d’un côté, il arrive qu’on est réduit à faire trop petit de l’autre.

— Feu le ministère Crispi avait prolongé par décret les droits d’auteur pour l’Italie, en ce qui concerne le Barbier de Séville, afin que le Conservatoire de Pesaro à qui ces droits appartiennent continue à en profiter. Mais quelques députés viennent d’attaquer ce décret comme illégal, et il paraît que le Barbier de Séville va tomber dans le domaine public, même en Italie.

— C’est le 2 août prochain que doit avoir lieu à Pirano (Istrie) l’inauguration du monument élevé à la mémoire de l’illustre violoniste Giuseppe Tartini. La statue en bronze du grand artiste, œuvre du sculpteur Dal Zotto, est arrivée à destination et est déjà placée sur son piédestal.

Mme Gemma Bellincioni, la renommée cantatrice italienne, a des pensées funèbres. Elle se propose, dit-on, d’acquérir au cimetière de Montenero un terrain sur lequel elle fera construire une chapelle qui devra lui servir de sépulture — probablement le plus tard possible. Dans cette chapelle, elle fera ériger une statue personnifiant l’art lyrique.

— Naples, la patrie de Cimarosa et de Paisiello, Naples, qui donna le jour naguère à tant de chefs-d’œuvre lyriques, se vautre aujourd’hui dans l’orgie chansonnière. « Dans les théâtres de Naples, écrit le Trovatore, à l’exception du Fondo où l’on donne un peu de comédie, tout le reste est cafés-chantants. Le Nuovo, le Rossi, le Parthénope sont des temples pour la canzonetta, qui règne aussi aux Variétés, à l’Eldorado, au Cosmopolitain, à l’Eden, au Scotto, au Maiella, au Vigilante et ainsi de suite. » Allez donc en Italie pour entendre de la musique !

— À Varallo-Sesia (Novare), pour la cérémonie d’inauguration de la façade de l’église du Sacro monte, on a exécuté une Messe inédite de M. Zeffirino Longhetti, directeur du concert municipal, et dans la même journée, à vêpres, une symphonie du même compositeur. Les deux œuvres ont produit une bonne impression.

— De Barcelone : M. Gigout vient de faire apprécier, en deux festivals donnés à la salle des Beaux-Arts, avec le concours de l’orchestre d’Antonie Nicolau, les œuvres d’orgue et d’orchestre de Saint-Saëns, dont la superbe troisième symphonie, Ch. Lefebvre, Boëllman, César Franck et les siennes propres. De plus en plus fêté à Barcelone, M. Gigout a promis son concours pour notre prochaine Exposition des Beaux-Arts.

— On a cité dernièrement une opinion singulièrement élogieuse de la musique chinoise, attribuée au pianiste Paderewski. Cette opinion ne paraît pas absolument partagée par un journal californien, qui a imprimé, au sujet de la musique chinoise, les réflexions que voici : « Qu’on se figure un atelier de chaudronnerie où 400 mains manient 400 marteaux, à droite une ferblanterie en pleine activité, à gauche un moulin à vapeur pour pulvériser la roche, en face 600 individus en état d’ébriété armés de toutes sortes d’instruments, sur le toi 4.000 chats enragés, et l’on aura une faible idée de l’effet produit par un corps de musique chinois. » À entendre ça de sang-froid, ça ne paraît pas devoir être fort agréable. Mais ma foi, comparé à la musique que nous font aujourd’hui certains musiciens…

PARIS ET DÉPARTEMENTS

La série des concours à huis clos a commencé cette semaine au Conservatoire. Voici les résultats du concours d’harmonie (hommes) :

1er prix : MM. Pech et Mulet, élèves de M. Xavier Leroux ;

2e prix : M. Morpain, élève de M. Albert Lavignac ;

1er accessit : MM. Aubert et Gallon, élèves de M. Lavignac !

{{corr|2|2e accessit : M. Domerg, élève de M. Taudou.

Le concours de solfège pour les chanteurs, a donné lieu aux récompenses suivantes :

Élèves hommes : 13 concurrents.

Pas de 1re médaille. 2e médaille : M. Edwig, élève de M. Danhauser. 3es médailles : MM. Boyet et Andrieu, élèves de M. Villaret.

Élèves femmes : 26 concurrentes.

1res médailles : Mlles Truck et Pouchier, élèves de M. Paul Vidal ; Mlle Guyon, élève de M. Mangin. 2e médaille : Mlle Gottrand, élève de M. Mangin. 3es médailles : Mlles Telmat et Marciale, élèves de M. Mangin ; Torrès, Thauziat et Poigny, élèves de M. Paul Vidal.

Résultats des concours de solfège pour les instrumentistes :

Élèves hommes : 31 concurrents.

1res médailles : MM. Lepître, élève de M. Schwartz, Leclerc, élève de M. Alkan, et Lermyte, élève de M. Schwartz.

2es médailles : MM. Bilha, élève de M. Rougnon, et Brin, élève de M. de Martini.

3es médailles : MM. Edger, élève de M. Alkan, Salzedo et Mangeot, élèves de M. Schwartz, et Faure-Brac, élève de M. Rougnon.

Élèves femmes : 52 concurrentes.

1res médailles : Mlle Novello, élève de Mlle Barat, de Orelly, élève de Mlle Hardouin, Ploquin, (Mlle Barat), Inghelbrecht (Mlle Hardouin), Kastier (Mlle Barat), et Pestre (Mme Got-Roy).

2es médailles : Mlles Besson (Mme Renart), Depuids (Mlle Barat), Fleury (Mme Got-Roy), Bloch (Mlle Papot), Huber (Mlle Barat), Adam (Mme Got-Roy), et Pitron-Derval (Mlle Barat).

3es médailles : Mlles Grumbach (Mme Devrainne), Bouge et Chave-Praly (Mme Got-Roy), Poulain (Mlle Barat), Schall (Mlle Hardouin), Peretton (Mme Renart), Turban (Mme Got-Roy), Vanvert (Mme Leblanc), Houssin (Mme Renart) et Haas (Mme Got-Roy).

— Voici la liste des morceaux qui ont été choisis pour les concours d’instruments :

Piano (hommes), classes préparatoires : concerto en si mineur, de Hummel.

Piano (hommes), classes supérieures : 4e ballade de Chopin.

Piano (femmes), classes préparatoires : 5e concerto d’Henri Herz.

Piano (femmes), classes supérieures : Carnaval, de Schumann.

Harpe : concerto de Zabel.

Violon, classes préparatoires : 24e concerto (lettre D, en si mineur) de Viotti.

Violon, classes supérieures : 20e concerto (lettre I, en mi mineur) de Viotti.

Alto : concerto de Firkel.

Violoncelle : 9e concerto de Romberg.

Contrebasse : 1er solo de concours de Verrimst.

Flûte : 6e solo de Demerssmann.

Hautbois : 4e concertino de Vogt.

Clarinette : concertino de Weber.

Basson : Fantaisie hongroise, de Weber.

Cor : concerto de Gallay.

Cornet à pistons : 2e Fantaisie de M. Émile Jonas.

Trompette : 2e solo de M. Paul Rougnon

Trombone : solo en bémol de M. C. Gennaro.

— Voici maintenant le nombre des élèves appelés à prendre part aux concours publics :

Chant : 33 concurrents (17 hommes, 16 femmes).

Piano (hommes) : 13.

Piano (femmes) : 27.

Violon : 31 (dont 8 femmes).

Alto : 8.

Violoncelle : 12 (dont 2 femmes).

Contrebasse : 6.

Flûte : 6.

Hautbois : 4.

Clarinette : 7.

Basson : 9.

Cor : 7.

Cornet à pistons : 6.

Trompette : 7.

Trombone : 6.

Opéra : 11 (7 hommes, 4 femmes).

Opéra-Comique : 11 (7 hommes, 4 femmes).

Tragédie : 10 (5 hommes, 5 femmes).

Comédie : 21 (9 hommes, 12 femmes).

— La distribution des prix au Conservatoire aura lieu le mercredi 5 août, à une heure précise.

— Par arrêté du ministre de l’instruction publique, le privilège conféré à M. Carvalho pour l’exploitation du théâtre national de l’Opéra-Comique est prolongé de trois années, pour prendre fin au 31 décembre 1901.

— On devrait bien alors, en suite de cet arrêté, faire activer les travaux de reconstruction du nouveau théâtre. Comment, voilà qu’à présent l’architecte ne trouve pas moyen d’épuiser les crédits mis annuellement à sa disposition pour les travaux qu’il dirige ! Il vient de remettre de ce chef, à l’administration, une somme de plus de quatre cent mille francs qu’il n’a pu employer dans les délais fixés ! S’il mettait sur les chantiers un plus grand nombre d’ouvriers, cela n’arriverait pas… et on verrait enfin approcher le grand jour de l’inauguration, toujours dans les limbes.

M. Carvalho a l’intention de donner, au commencement de la saison prochaine, quelques représentations du Jeu de Robin et Marion d’Adam de la Halle, d’après l’adaptation de notre collaborateur Julien Tiersot.

— Le jury du concours musical de la Ville de Paris, qui a tenu vendredi sa dernière séance, a décerné le prix à M. Lucien Lambert, auteur de la partition intitulée le Spahi, sur un livret de MM. Louis Gallet et André Alexandre (d’après la nouvelle de M. Pierre Loti). Une mention a été attribuée à une autre partition ayant pour titre Sextus (auteur anonyme), dont la partie symphonique a surtout paru remarquablement traitée.

— Dans la dernière séance du conseil des Facultés, le président, M. Gréard, a annoncé qu’une personne qui désire garder l’anonyme met à la disposition de la faculté des Lettres une somme de 10.000 francs destinée à subventionner pendant deux ans, à raison de 5.000 francs par an, un cours complémentaire d’esthétique et de psychologie musicale qui serait confié à M. Lionel Dauriac.

— Vendredi, à l’Opéra, c’étaient les débuts, dans Sigurd, d’un jeune ténor, M. Gautier, récemment sorti du Conservatoire et élève de M. Bax, s’il nous souvient bien. M. Gautier est de très petite taille, surtout pour un rôle de héros, mais il a cette bravoure qu’on trouve souvent chez les petits hommes. Il a aussi le charme, à côté d’une certaine puissance, et, tout compte fait, ses débuts ont été bien accueillis du public.

— Le Casino-Club de Cauterets vient de faire un coup de maître en engageant M. Danbé comme chef d’orchestre pour ses concerts et ses représentations. Les beaux jours de ce casino, autrefois si achalandé, vont donc renaître sous la baguette magique du remarquable maestro.

— En annonçant dimanche dernier la nomination de M. Eugène Lacroix au poste d’organiste de l’église Saint-Merry, nous avons omis de dire qu’il y remplaçait M. Paul Wachs, l’élégant compositeur, qui se retire pour des raisons de convenance personnelle, après nombre d’années de bons et loyaux services.

— Le quatrième grand festival musical donné à l’exposition de Rouen a obtenu le plus grand succès. Le concert débutait par une symphonie de M. Ch. Widor, que l’orchestre, dirigé avec une rare maîtrise par M. Brument, a exécutée dans la perfection. M. Widor tenait l’orgue. Cette symphonie a été très applaudie. — La seconde partie du programme était remplie par les danses anciennes. Mmes Peppa et Lotta Invernizzi ont trouvé auprès du public rouennais un accueil enthousiaste. Rien de plus gracieux que le menuet, la gavotte, la bourrée, la sarabande et la pavane dansés dans de jolis costumes Louis XIV par les deux délicieuses ballerines. Aussi les deux artistes, plusieurs fois rappelées, ont-elles dû bisser la pavane et la bourrée. — Enfin, le festival se terminait par l’exécution de vieux airs du xviiie siècle exécutés par la Société des instruments anciens. MM. Diémer, Grillet, Van Waefelghem et Delsart jouant du clavecin, de la vielle, de la viole d’amour et de la viole de gambe, ont ravi le public par la perfection de leur exécution. Cette troisième partie du festival a laissé les auditeurs sous une impression d’art incomparable.

— Dernière soirée chez Mme Rosine Laborde, le remarquable professeur, et vif succès pour un groupe de nouvelles élèves. Au programme, signalons duo du Roi d’Ys, les Oiselets, Ouvre tes yeux bleus et Élégie de Massenet, Par le sentier, la Menteuse, air de Xavière et duo d’Aben-Hamet de Théodore Dubois, la Barque des amours d’Augusta Holmès, Malgré moi de Maréchal, air et duo d’Hellé de Duvernoy, etc., etc. MM. Théodore Dubois, Alphonse Duvernoy et Maréchal accompagnaient eux-mêmes leurs œuvres au piano.

— Mardi dernier a eu lieu, à Sèvres, l’audition des élèves de l’institution des Dominicaines. Cette séance était présidée par M. Weckerlin, dont on a chanté plusieurs chœurs ; parmi les morceaux de piano : Villanelle, de Massenet, le Rouet enchanté de Mathias, la sérénade de Widor, par Mlles Chaigneau, plusieurs pièces de M. Rougnon, etc., un tout petit programme de 39 morceaux !

— L’excellent ténor suédois M. Furstenberg vient d’obtenir un nouveau succès au concert municipal de bienfaisance du Vésinet, en chantant avec beaucoup de charme différentes mélodies de Massenet, et principalement « Pourquoi me réveiller » de Werther, qu’il a remarquablement interprété.

— Nous avons plusieurs fois mentionné les succès de Mlle Rosa Bonheur aux auditions de Marmontel père. Aujourd’hui nous devons adresser à la brillante virtuose nos éloges pour l’instruction musicale donnée aux élèves qui lui sont confiées. Signalons parmi les morceaux interprétés par ces jeunes filles, dans les salons de Marmontel, Fantaisie mignonne, Valse mélancolique, Au réveil, Mélodie sentimentale, Chanson agreste, Rêverie, Méditation. Toutes ces pièces, extraites de la publication Impressions et Souvenirs, ont été interprétées avec une délicatesse exquise, un goût parfait. Nous devons semblables compliments aux pianistes qui ont exécuté les compositions de Marmontel fils. Signalons Au matin, Chanson arabe, Le long du chemin, Balancelle, Tarentelle, Étude de concert. Tous ces morceaux, d’un style élégant et d’une touche vraiment charmante, ont fait valoir le toucher expressif et l’excellente manière de phraser de ces intéressantes pianistes.

— Très joli concert, le 27 juin, à l’Institution Sainte-Croix (Neuilly-sur-Seine), à l’occasion de la fête du supérieur. L’orchestre militaire fourni par la Garde républicaine s’est signalé par son exécution artistique, notamment dans les fantaisies sur la Farandole, de Dubois, et le ballet de Sylvia, de Delibes. M. Fournets (de l’Opéra) a chanté avec le plus grand sentiment et la superbe voix qu’on lui connaît les stances de Lakmé. Enfin, grand succès pour l’orphéon de la maison, habilement dirigé par M. A. Trojelli, qui s’est fait vivement applaudir dans trois morceaux, dont le chœur des marins, tout de verve et d’entrain, de la Perle du Brésil (F. David) et une cantate à grand effet de M. A. Trojelli : le Triomphe de David.

NÉCROLOGIE

M. Charles Lévêque, membre de l’Institut, professeur au Collège de France, bien connu par les remarquables études de psychologie musicale dont il a, à diverses reprises, donné communication à l’Académie des sciences, vient d’être douloureusement éprouvé par la perte de sa femme, née Octavie de Lassime, morte à Bellevue, le 26 juin, à l’âge de 71 ans. Mme Charles Lévêque était une femme supérieure, qui joignait à un remarquable esprit et à un dévouement touchant la grâce la plus aimable et la plus séduisante.


Henri Heugel, directeur-gérant.

On achèterait piano Érard dem. queue pas vieux, 6, r. Villersexel. Duber.