Nouvelles poésies (Van Hasselt)/Le Dante à Béatrix

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Nouvelles PoésiesBruylant et Cie (p. 32-33).


Le Dante à Béatrix.





E le parole ch’uom di lei può dire,
xxxxxHanno virtù di far piangere altrui.
Dante, Vita nuova.





Vision charmante, ombre blanche et rose,
Diamant tombé de l’écrin des cieux,
Dans mon noir désert fraîche fleur éclose,
Que mon cœur toujours cherche dans mes yeux.

Astre d’or, venu dans ma nuit obscure,
Mais qui t’es voilé comme mon bonheur,

Doux rayonnement, forme sainte et pure,
Que mes yeux toujours cherchent dans mon cœur.

C’était vous, madame. Oh ! ce fut un rêve,
Rêve dont j’ai fait ma réalité,
Songe qu’on poursuit, qu’on poursuit sans trêve
Et qu’on garde en soi pour l’éternité.

Rien ne vous manquait, si ce n’est des ailes.
Éloa vous eût prise pour sa sœur.
Vous aviez ses yeux, chastes étincelles,
Vous aviez sa voix pleine de douceur.

Un instant, un seul, ô fatal dommage !
Et la vision disparut pour moi.
Mais mon âme en a retenu l’image,
Radieux trésor que l’on cache en soi.

Pas un œil humain dans ce sanctuaire
Ne lira le nom dont je suis jaloux,
Et mon cœur sera le pieux suaire
Où vous dormirez, ma pensée et vous.



Mai 1855.