Nouvelles poésies (Van Hasselt)/L’étoile disparue

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Nouvelles PoésiesBruylant et Cie (p. 87-88).


L’étoile disparue.





Stella prius superis fulgebas.
Auson. Epigr. CXXXVI.





Dans l’azur du ciel elle glisse et passe,
Elle glisse et passe et s’évanouit.
Et mes yeux encor cherchent dans l’espace
Sa lueur charmante à travers la nuit.

Douce étoile, hélas ! de tes sœurs sans nombre
Le voilà qui luit tout le chœur joyeux,

Et la nuit te prend dans son voile sombre
Comme un oiseleur un oiseau des cieux.

Rose épanouie à quelque arbre étrange
Qui dans l’air étend ses rameaux de feu,
Rayonnant joyau du collier d’un ange,
Diamant tombé du manteau de Dieu.

En ce grand désert, océan sans borne,
Dont les aigles vont arpenter le seuil,
Te voilà roulant pâle, éteinte et morne,
Entraînant — qui sait ? — tout un monde en deuil.

Oh ! j’avais aussi dans ma nuit un astre
Dont les doux rayons éclairaient mes yeux.
Mais un jour, un jour, ô cruel désastre !
Pour jamais il a disparu des cieux.



12 août 1857.