Où en sont les deux blocus ?

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Où en sont les deux blocus ?
Revue des Deux Mondes6e période, tome 39 (p. 662-677).
OÙ EN SONT LES DEUX BLOCUS ?

Voici quatre mois qu’Alliés et Austro-Allemands ont resserré leurs deux blocus simultanés. Ces opérations qui visent le même but par des moyens fort différens ont-elles déjà donné des résultats, et que peut-on décidément en attendre ? Ce sont là les questions auxquelles nous allons essayer de répondre.

Un mot d’abord des moyens d’action employés de part et d’autre. Chez nos adversaires, c’est surtout, on le proclame assez, sur les sous-marins que l’on compte. Les tentatives faites en faveur de la guerre de course n’ont certainement pas été infructueuses : le Mœwe et le See adler ont capturé dans l’océan Atlantique Sud un assez bon nombre de voiliers et de « cargos. » Mais, pour aboutir à des fins pratiques, — ce qui n’est peut-être pas aussi impossible qu’on l’enseigne dans les écoles. — cette méthode de guerre voulait de bien autres moyens d’action que ces deux bateaux maquillés, et aussi un théâtre plus important, le soutien de quelques puissans « croiseurs de combat. » l’appui d’une base sûre, bien outillée, bien pourvue.

En fait, il semble que le See adler ait été détruit. Du moins n’en parle-t-on plus. Quant au Mœwe, on n’entend pas dire qu’il ait de nouveau quitté Hambourg ou Brême pour aller écumer les eaux de la zone torride.

Ne parlons donc que des sous-marins. Et n’en parlons que brièvement puisque aussi bien j’en ai déjà entretenu les lecteurs de cette Revue au moment où il était aisé de prévoir le redoublement de rigueur des procédés par lesquels nos ennemis comptent nous obliger à demander merci [1].

L’Amirauté allemande a-t-elle effectivement mis en service les très grands submersibles dont je parlais à cette époque ? On l’a nié. Voici qu’il est de nouveau question de ces bâtimens, dont le tonnage peut varier entre 2 500 et 5 000 tonnes. Cela ne saurait surprendre quand on réfléchit que l’entrée en lice des Etats-Unis étend singulièrement le champ des opérations maritimes, et en même temps prive nos adversaires des bénéfices de certaines complaisances particulièrement favorables à leurs sous-marins. N’apprenons-nous pas, à l’heure où j’écris, qu’une compagnie de navigation américaine desservant les Antilles et l’Amérique du Sud, se faisait un devoir de desservir aussi les submersibles allemands en croisière dans ces parages ? On y a mis bon ordre. Mais n’est-il pas curieux de constater qu’il faut qu’un neutre, — et même un neutre plutôt hostile, déjà, à l’Allemagne, — prenne décidément parti en faveur de l’Entente pour être en mesure de supprimer complètement de tels trafics ? Que l’on s’étonne, après cela, des secours que trouvent chez certains Espagnols, par exemple, les sous-marins de la Méditerranée occidentale et du golfe de Biscaye !

Tant y a qu’il paraît acquis que le rayon d’action, — et donc le tonnage, — des navires de plongée allemands augmente toujours. C’est ce que déclarait, le 9 mai, au Reichstag, l’amiral von Capelle, élève et successeur de l’amiral von Tirpitz.

Le nombre de ces bâtimens augmente aussi en dépit de pertes croissantes que le ministre allemand reconnaît avec une assez méritoire sincérité. Et, en définitive. Allemands et Anglais, — toujours véridiques, ceux-ci, — se trouvent d’accord sur les grandes lignes d’une situation que l’on peut définir de la manière suivante :

Pour les sous-marins, la construction reste en avance sur la destruction ;

Pour les navires de commerce anglais, c’est la destruction qui l’emporte.

Nous verrons tout à l’heure quelles conclusions il convient de tirer de ces deux faits. Revenons à l’examen des moyens d’action de l’ennemi, ou plutôt voyons, maintenant, quelles sont les méthodes d’emploi de ces moyens.

On se rappelle que la déclaration de la Wilhelmstrasse, en date du 31 janvier 1917, aggravait singulièrement les dispositions édictées par le gouvernement impérial en février 1915. La zone interdite, jusque là réduite à peu près aux eaux territoriales anglaises, s’étendait désormais à toutes les mers européennes, sauf à la Baltique, à la Méditerranée orientale et à la partie de l’Atlantique qui s’élève le long des fjords de Norvège. Encore, un peu plus tard, et pour bien bloquer la Russie, les Allemands faisaient-ils rentrer dans la zone interdite les eaux de cet Océan qui tangentent la calotte glaciaire de la région arctique.

Tout au plus, pour donner un semblant de satisfaction aux intérêts, disons mieux aux besoins pressans de certains neutres, d’étroits couloirs étaient-ils ménagés dans la zone dangereuse, sans que l’on se préoccupât d’ailleurs le moins du monde de l’impossibilité matérielle où se trouveraient les « cargos » à vapeur de rester dans ces limites, dès qu’il y aurait un peu de brume et les voiliers de ne les point franchir pour louvoyer, si le vent se faisait contraire.

Quant aux pénalités prévues, — et appliquées, — à l’égard des contrevenans, c’est fort simple : toujours le torpillage ou la canonnade sans avis préalable ; toujours les canots abandonnés en plein Océan, fusillés quelquefois ; toujours la destruction, la mort...

Et tout cela sans distinction de nationalité, de destination, de type, de chargement : belligérans ou neutres, paquebots à passagers ou transports-hôpitaux, « cargos » à marchandises ou simples pêcheurs.

Jamais on ne fit régner sur les eaux pareille terreur !...

Reconnaissons-le, la recherche systématique et passionnée de l’intimidation, qui marque d’un trait si net les procédés de guerre actuels de l’Allemagne, semble, cette fois, avoir abouti à un résultat, du moins chez les neutres. Les « routiers de la mer, » norvégiens, hollandais, danois ne naviguent pour ainsi dire plus, tant leurs pertes, en quelques semaines, leur ont paru exorbitantes et hors de proportion avec des bénéfices qui, pourtant, atteignaient des taux extraordinaires.

Or les Alliés, pris dans l’ensemble, les Anglais en tout cas, avaient besoin du tonnage fourni par ces marines du Nord pour donner à leur mouvement commercial l’aisance et l’élasticité indispensables dans les circonstances critiques de l’état de guerre. On peut dire, — pour ne parler que de ce qui s’est passé et se passe encore chez nous, — que c’est à l’arrêt de la navigation des « cargos » norvégiens qu’est due en grande partie la crise charbonnière qui sembla, un moment, tarir les sources mêmes de notre vie économique.

Quoi qu’il en soit, nous sommes bien, n’est-ce pas ? en présence d’un moyen d’action nouveau, et l’on voit à plein le développement logique du système de guerre de l’Allemagne. Elle ne vise d’abord que la destruction des navires de commerce des belligérans, ce qui était, du reste, déjà contraire aux prescriptions nettes du droit maritime international. Constatant ensuite que les neutres jouaient un grand rôle dans le ravitaillement des Alliés, elle déclare qu’elle détruira, — avec avertissement préalable, — leurs paquebots, si elle les découvre dans une zone voisine du littoral britannique. Mais bientôt il lui apparait que cela ne suffit pas. Les gains réalisés par nos « routiers » sont un appât si puissant qu’ils naviguent toujours, construisant à force pour réparer leurs pertes. Et d’autre part, ces neutres se montrent si timides ; ils courbent si aisément le dos sous les coups, protestant à peine et pro forma contre la violence, que l’on peut tout oser... On proclame donc, le 31 janvier 1917, cette abominable loi martiale de la mer où il n’y a même plus le roulement de tambour d’avertissement : on étend largement la zone interdite et dans cette zone interdite on détruira tout, aveuglément. Le simple soupçon d’aller en Angleterre ou d’en revenir vaut un arrêt de mort.

Quelques semaines après, au Reichstag, l’amiral von Capelle peut affirmer sans manquer à la vraisemblance que la guerre sous-marine donne des résultats inespérés, tandis qu’à Londres les ministres anglais, avec cette belle et ferme sincérité qui leur fait moins d’honneur encore qu’à la nation à laquelle ils s’adressent, déclarent que la situation est grave et d’une gravité qui s’accroît.

Pourtant, si les dirigeans de Berlin ont le droit de se montrer satisfaits du succès qu’ils doivent avant tout à leur absolu défaut de scrupules, leur satisfaction n’est pas entière. Ces neutres terrorisés qui, à ce coup, ne veulent plus naviguer du tout, ces neutres, s’ils ravitaillaient l’Angleterre, alimentaient aussi l’Allemagne, malgré toutes les précautions prises par les Alliés pour que les importations hollandaises et scandinaves ne fussent pas suivies de clandestines exportations chez l’ennemi. Il semble donc que l’on ait quelque peu dépassé le but, ce qui arrive presque toujours à qui ne connaît d’autres voies que celles de la violence. Mais comme on prétend savoir coudre la peau du renard à celle du tigre, comme on est, au demeurant, pressé par le besoin, que déjà souffle dans les masses populaires le vent de la révolte, on entreprend de négocier avec les neutres — et qui sait ? peut-être même, sous leur couvert, avec les belligérans, si paradoxal que cela paraisse… On essaie de persuader ces neutres de reprendre la mer, pourvu que ce soit dans l’intérêt de l’Allemagne et l’on se montre prêt à de surprenantes tolérances. On fermera les yeux, par exemple, sur l’expédition des produits agricoles du Danemark en Grande-Bretagne, si le petit royaume consent à livrer largement son bétail sur pied ou ses viandes abattues ; et quelles concessions ne fera-t-on pas à la Norvège, si elle veut bien envoyer ses pyrites, dont on est pressé de tirer l’acide sulfurique indispensable aux fabrications de guerre !

Les anciens fournisseurs bénévoles de l’Allemagne, devenus aujourd’hui récalcitrans, se sont-ils laissé convaincre ? Il n’est pas toujours aisé de le savoir. Il semble que oui, cependant ; mais ce qui est certain, c’est que, soit par des malentendus que l’on peut mettre à la charge des commandans de sous-marins insuffisamment renseignés, soit que les limites imposées aux tolérances aient été dépassées systématiquement par les transporteurs, les torpillages ont recommencé de plus belle contre les « cargos » Scandinaves. Il y a quelques jours — j’écris au milieu de mai — on annonçait que 14 navires danois avaient été coulés dans une seule semaine et que les Norvégiens renonçaient décidément à faire sortir le peu qu’il leur reste de bateaux d’autant mieux que les matériaux nécessaires à la construction ne leur arrivent plus ou que. si l’on peut s’en procurer encore, c’est à des prix exorbitans.

Ainsi, en résumé, le blocus allemand par les sous-marins se montre incontestablement efficace, doublement efficace même, d’abord parce que les destructions de navires alliés dépassent les récupérations, ensuite parce que les neutres s’abstiennent de naviguer. Il est donc clair que si les choses ne changeaient pas ou si notre blocus contre l’Allemagne n’était pas plus efficace encore et plus rapidement efficace, nous serions acculés dans quelques mois à la nécessité de conclure la paix boiteuse qu’il nous faut éviter à tout prix, tout homme clairvoyant le reconnaît.

Conséquences : il faut venir à bout le plus tôt possible des sous-marins et il faut resserrer étroitement le blocus de l’Allemagne.

Réservons le premier point, qui nous occupera un peu plus tard, et considérons le second, le blocus que les Alliés font subir à l’Allemagne.

Pour les origines et les modalités premières de ce « blocus à distance, » auquel l’adversaire et les neutres ont toujours reproché de n’être pas « effectif » et par conséquent de n’ouvrir point en faveur du bloqueur le précieux droit de suite dont nous avons fait usage dès 1915, je prends la liberté de renvoyer le lecteur à mon étude du 15 février 1916 : Le nouveau blocus, où je montrais les inconvéniens et, en tout cas, l’insuffisance du système adopté par les Alliés, l’Angleterre en tête. En vérité, il n’était pas besoin d’être prophète pour faire, dès cette époque, sur l’efficacité du blocus de l’Allemagne « au travers des neutres, » les réserves dont on a découvert la justesse, il y a trois mois à peine. Il n’y avait qu’à réfléchir sur la puissance des intérêts particuliers et de l’appât du gain, qui rend si ingénieux les esprits les plus médiocres ; il n’y avait qu’à observer les faits et constater la crainte qu’inspirait l’Allemagne aux malheureux petits peuples limitrophes dont la neutralité la couvre et que, depuis longtemps, dans ses vastes et profonds desseins, elle considérait à la fois comme ses ravitailleurs naturels et comme les indispensables boucliers de son front septentrional, si vulnérable... N’avait-on pas, d’ailleurs, l’exemple du blocus continental et pensait-on pouvoir mieux faire que Napoléon, qui s’était vu mettre constamment en échec par les hommes de négoce, les courtiers, les entrepositaires, servis pan de hardis contrebandiers ?

Mais, s’il était imprudent de s’en fier pour un objet si grave à de simples visites de cargaisons que l’on relâchait presque toujours, — au grand dépit, reconnaissons-le, de l’Amirauté anglaise [2], — ou à des « contingentemens » calculés avec une rare complaisance et d’ailleurs presque toujours inobservés [3], enfin, comme je l’écrivais, il y a seize mois, à des tractations compliquées avec des « trusts » de grands négocians plus ou moins sincères, en tout cas dépourvus d’autorité et de moyens de coercition, comment pouvait-on laisser se produire des faits comme ceux que M. le député André Tardieu citait, le 30 mars dernier, à la tribune de la Chambre et qui prouvent jusqu’à l’évidence que ce sont les Alliés eux-mêmes, — « nos alliés surtout, » dit M. Tardieu, — qui ont, pour une certaine part, en 1915 et 1916, nourri, sous le couvert de la Hollande, le peuple allemand et ses armées ?

Passons sur des chiffres surprenans, cités à ce sujet par le distingué orateur que le gouvernement vient de charger d’une très importante mission aux Etats-Unis. Aussi bien, M. Denys Cochin, l’éminent sous-secrétaire d’État chargé du blocus, a-t-il, tout en reconnaissant l’exactitude générale des révélations de M. Tardieu, remis « au point » quelques assertions de détail et montré à la Chambre, — ce qu’elle savait déjà, du reste, — que le blocus que nous faisons subir à nos ennemis, s’il est incomplet, insuffisant, ne laisse pas d’avoir quelque efficacité.

De ces intéressans débats et de, ceux que la même question a provoqués en Angleterre, il résulte que les Alliés vont s’efforcer cet an-ci, — trop tard malheureusement pour empêcher que les empires du Centre puissent faire « la soudure ! » — de resserrer étroitement les mailles du blocus « au travers des neutres du Nord » et particulièrement des neutres limitrophes de l’Allemagne.

Mais par quels moyens ? Par des moyens nouveaux, décisifs ? Par les opérations d’ailleurs très variées et dont quelques-unes sont délicates, du blocus effectif ? Ou encore en mettant les neutres dont il s’agit en demeure de choisir entre les deux partis, puisque enfin il devient de plus en plus évident que leur neutralité est, par la force des choses, par le fait même de leur situation géographique et de leur faiblesse militaire, purement fictive et nécessairement favorable à l’Allemagne ?

Non, nous n’en sommes pas encore là. Nous y viendrons peut-être, mais pas avant que de nouvelles épreuves n’aient modifié profondément des mentalités dont le trait caractéristique (en soi, fort honorable) est le respect, poussé jusqu’au dernier scrupule, de la liberté, des droits des petites nations… « des petits pays indépendans, » dit-on officiellement, sans s’apercevoir, ou plutôt sans vouloir dire qu’en fait, ces petits pays ne sont plus indépendans, mais vassaux de l’Allemagne.

Eh bien ! donc, encore un coup, que veut-on faire ?

D’abord, étendre et perfectionner le système des consignations et des contingens[4], en ce qui touche les neutres du Nord (c’est déjà fait et bien fait, semble-t-il, en ce qui concerne la Suisse),. Ensuite, recourir à la politique d’achats, c’est-à-dire, « sans violenter les neutres. » leur demander de nous donner la préférence sur les Allemands quand il s’agit pour eux de vendre et d’exporter les produits de leur propre sol.

Rien à dire sur le premier point, sinon que la fixation des chiffres du contingentement en Hollande et en Danemark sera toujours très difficile, si l’on veut que cette opération soit réellement favorable aux intérêts généraux de l’Entente. Je veux bien que les négocians alliés dont je parlais tout à l’heure consentent enfin à ne pas exporter chez les limitrophes de l’Allemagne des stocks de denrées et de matières qu’ils savent bien qu’on fait passer à nos ennemis. Il suffit d’ailleurs que les gouvernemens cessent de fermer les yeux sur ces extraordinaires pratiques Mais conçoit-on les Hollandais et les Danois eux-mêmes se piquant à l’envi de ne demander que ce qui leur est strictement nécessaire et s’interdisant ainsi des bénéfices considérables, si considérables que leur conscience les absout sans peine d’entretenir la guerre et de favoriser l’iniquité ? Il ne faut pas trop demander aux hommes !

M’objectera-t-on qu’on ne s’en fie pas seulement aux déclarations qu’ils peuvent faire de leurs besoins et que l’on se sert contre eux de leurs propres statistiques d’importations avant la guerre ? Hé ! que de raisons, que d’argumens victorieux ne produiront-ils pas contre une méthode si rigoureuse ! J’en ai cité des exemples, le 15 février 1916, et les preuves abondent. Pourrions-nous, d’ailleurs, les pousser dans leurs derniers retranchemens sans les violenter, ce qui est contraire à nos principes ? Enfin ne sait-on pas qu’à une statistique donnée on en peut toujours opposer une autre et qu’on fait dire aux chiffres tout ce que l’on veut ?...

Mais passons sur le contingentement. Après tout, ce système a donné déjà quelques résultats, comme l’a montré M. le sous-secrétaire d’Etat, et on en peut tirer de plus marqués encore, si l’on s’attache à vaincre, par une fermeté inflexible, les difficultés dont je viens de parler.

La « politique d’achats, » fort intéressante, certes, et ingénieux moyen d’action, se heurte à des obstacles différens mais qu’il n’est point, non plus, aisé de surmonter.

C’est très bien, sans doute, d’avoir, en achetant 400 000 tonnes de pyrites en Norvège, privé l’Allemagne de produits chimiques qui sont indispensables à ses industries de guerre et fort utiles à son agriculture. Et il n’est pas sans intérêt d’observer que, pour « persuader » les Norvégiens de se prêter à nos desseins, il a fallu les menacer de leur « couper le charbon et le cuivre, » ce qui semble prouver justement l’efficacité de l’attitude énergique [5] ; mais que d’autres moyens à la disposition de l’Allemagne pour tirer des neutres les matières dont elle manque totalement ou celles qui lui permettent de réserver exclusivement pour les industries de guerre les substances qu’elle ne produit qu’en insuffisante quantité !

« Si les légumes sont si rares et si chers en Hollande, dit le journal socialiste hollandais Hetwolk, c’est que l’Allemagne affamée, mais pleine d’or, les achète à tout prix et qu’elle a la permission de les accaparer... » Suivent des accusations contre le Cabinet de La Haye qu’il est inutile de reproduire. Posons, en revanche, cette simple question : pourrions-nous, le cas échéant, surenchérir ? Pourrions-jeter l’or à pleines mains sur le marché hollandais pour détourner de l’Allemagne ces légumes — puisque légumes il y a et que c’est fort important — et en faire bénéficier les Alliés ? J’en doute, même en tablant sur les subsides américains. Et puis ce sont denrées périssables, qu’il faut « enlever » et exporter tout de suite, par voyages continus. Oui, mais encore un coup, les sous-marins sont là, aux aguets, sans parler des grands torpilleurs de Zeebrügge... Voilà donc notre politique d’achats paralysée.


« Soit ! vont me dire mes lecteurs. Tout cela est assez juste, encore qu’un peu poussé au noir. Mais tout cela va s’arranger. Les Etats-Unis [6], bien résolus à en finir avec l’Allemagne, les Etats-Unis qui connaissent le prix du temps et la valeur des décisions fortes, vont mettre les neutres du Nord en demeure de choisir entre le désagrément de fermer leurs portes du côté de l’Allemagne et le danger de se voir couper les vivres, — le blé en tête, — qui leur vient d’Amérique. L’alternative est cruelle, si cruelle (car que dira, que fera l’Allemagne !...) que, tout de suite, des négociations ont été entreprise par les neutres avec la grande république et qu’avant même que le Congrès ait été saisi officiellement de l’affaire, on en discute les termes avec le gouvernement de Washington.

Que résultera-t-il de tout cela ? Les Américains se montreront-ils inflexibles ? Iront-ils jusqu’à exiger que ce soient les « cargos » des neutres qui aillent chercher au delà de l’Atlantique — et en grand danger de traverser la zone interdite [7] — les denrées et matières indispensables à leur existence, ce qui compliquera singulièrement la difficulté, mais ce qui, après tout, semble fort logique ?

Nous n’en savons rien encore. Certainement M. Wilson et le Congrès feront quelque chose dans ce sens ; mais des considérations de l’ordre humanitaire n’interviendront-elles pas pour adoucir le sort des petits peuples du Nord, encore que, pour parler franc, l’attitude générale de ceux-ci, leur âpreté au gain, les fâcheuses manifestations de la terreur que leur inspire l’ogre allemand aient quelque peu atténué peut-être, dans l’esprit des belligérans anciens et nouveaux, les sympathies qui vont toujours aux faibles ?

Mais ce que je tiens à rappeler ici, parce qu’on l’oublie trop souvent chez les Alliés d’Occident, c’est que, pour être décidément privée des exportations hollandaises et scandinaves, l’Allemagne ne serait cependant pas complètement à bout de ressources, parce qu’elle a pris, en temps utile, ses précautions pour faire produire les territoires qu’elle a conquis par ses propres armes et dont elle s’attribuera les récoltes en même temps que les matières premières extraites du sol. La Courlande, une partie de la Lithuanie, la Pologne, la Belgique, une petite portion de la France du Nord sont dans ce cas ; et ce sont des terres fertiles qui, cultivées intensivement, auront, en dépit de tant de circonstances défavorables, un bon rendement.

Quant aux contrées conquises par les forces mises en commun des coalisés du centre, la Valachie, la Serbie, la Macédoine orientale, on en partagera les produits au prorata des besoins constatés et nul doute que l’Empire qui détient l’hégémonie ne se fasse une part avantageuse, sinon celle du lion [8].

Enfin il y a la Turquie, la Turquie d’Asie surtout, où depuis longtemps on signale la mise en jeu d’une foule d’ingénieurs agronomes allemands qu’ont suivis quantité de machines agricoles. Il existe une difficulté, celle des transports. Le gouvernement de Berlin, tout-puissant dans l’Empire ottoman, s’efforce avec quelque succès de vaincre ces obstacles. Il semble que ses camions automobiles passent partout et que la traversée du Taurus par le rail allemand soit désormais un fait acquis.

Toujours est-il qu’il ne faut pas espérer que la soudure ne se puisse faire en Allemagne, cette année, et que, pour ne se point trop flatter, il n’y faut compter qu’avec réserve pour 1918. Aussi ne puis-je m’associer complètement à la certitude qu’exprime, dans la Nouvelle Revue, M. le député Victor Boret, dans son étude sur le rôle décisif que pourra jouer le blocus au printemps de 1918 et, bien moins encore, à la conclusion que cet homme politique tire de ses prémisses : « Puisque nous savons sûrement, dit-il, que, dans un an environ, c’est-à-dire dans l’été de 1918, la vie ne sera plus possible à nos ennemis qu’à la condition, non de nous offrir, mais de nous demander la paix, il ne faut pas sacrifier nos hommes au système de l’offensive quand même. Il faut, au contraire, nous organiser au front et à l’arrière pour vivre l’année qui nous donnera, par sa seule durée, la victoire certaine. »

Organisons nous, — à l’arrière surtout, où tout est encore à peu près à l’état inorganique, — organisons-nous pour « tenir » largement une année de plus : rien de mieux. Tout le monde y donnera les mains. Mais ne prêchons pas la défensive systématique, sous prétexte que « l’offensive quand même, » — si tant est que l’offensive actuelle ait ce caractère, — ne nous a pas donné tout de suite tous les résultats que nous en attendions et qu’elle nous a coûté des pertes dont on a, du reste, singulièrement exagéré le total.

Ceci nous conduit, après avoir vu rapidement ce que l’on voulait faire pour u intensifier)) le blocus, à examiner ce qu’il conviendrait effectivement de faire pour donner à cette méthode de guerre sa pleine efficacité.

Ce qu’il conviendrait de faire, c’est, évidemment, comme je le disais plus haut, de venir à bout le plus tôt possible des sous-marins. Le plus tôt possible, j’y insiste, puisqu’en définitive le facteur temps acquiert ici une importance capitale. Des deux adversaires qui se tiennent à la gorge, celui qui gardera le souffle le plus longtemps finira par terrasser l’autre. Encore faut-il que le premier réussisse promptement à desserrer l’étreinte qui menace de l’étouffer.

Quel regret d’ailleurs pour celui-ci de n’avoir pas su donner plus tôt tout son effort ! M. Tardieu a dit avec raison que, dès 1916, la « soudure » n’eût pu être faite en Allemagne si on avait fait subir à cette dernière, — même « au travers des neutres du Nord, » — le blocus que l’on pouvait lui imposer ; et, d’autre part, il est bien clair que l’on n’a opposé, en 1915 et 1916, que des moyens d’action insuffisans aux opérations des sous-marins. Faut-il que je rappelle, entre cent autres faits, qu’il résulte de déclarations officielles que c’est en avril 1917, seulement, que le département de la Marine a été, chez nous, mis en mesure d’organiser méthodiquement ce que j’appellerai l’aviation anti-sous-marine ? Et l’armement des navires de commerce ? Et la multiplication des navires de chasse légers ? Et la constitution des convois et des escortes ? Et la fixation de certains itinéraires, de certaines routes, de certains ports ? Et la mise en pratique d’une foule de précautions destinées à dérouter le sournois adversaire, à déjouer les espions des ports de partance, à priver les sous-marins des services de leurs ravitailleurs clandestins ? Etc. etc.

Supposons que tout cela eût été fait ou entrepris dès la déclaration allemande de février 1915, n’en serions-nous pas plus près du succès ?

C’est une question cependant de savoir si, même dans ces conditions, le succès eût été complet, puisque, ne l’oublions pas, nos ennemis réussissent à construire plus de sous-marins que nous ne leur en détruisons ; ou, ce qui revient au même, que, réparant numériquement leurs pertes, ils produisent des types plus puissans, plus « endurans, » plus rapides, donc capables de faire plus de besogne dans le même laps de temps, capables aussi d’échapper plus aisément aux poursuites et aux embûches.

En réalité, il semble bien que l’Etat-major naval de Berlin ait résolu le double problème d’augmenter, en dépit de lourdes pertes, l’effectif de ses navires de plongée et de les perfectionner d’une manière sensible, en utilisant à la fois le bénéfice de l’augmentation du tonnage et les enseignemens de l’expérience [9].

Pouvons-nous espérer raisonnablement qu’en présence de progrès si marqués, ceux que nous faisons, — car nous en faisons, certes ! — dans l’application de l’exclusive méthode de poursuite des sous-marins en cours d’opérations, nous permettent de l’emporter à bref délai dans cette lutte acharnée ?

Je ne le pense pas. Et je ne le pense même pas, en toute franchise, depuis que, par l’entrée en ligne des Etats-Unis, nos moyens d’action, en ce qui touche la méthode que je viens de définir, peuvent être considérés comme fortifiés d’une notable manière. Entendons-nous bien : je ne dis pas que nous ne détruirons pas un plus grand nombre de sous-marins ; je suis même assuré du contraire, et déjà, dans cette seconde quinzaine de mai, le « tableau » semble devoir être sensiblement plus fourni. Je dis seulement qu’il n’est certain, ni que les Allemands n’arriveront pas à balancer ces pertes plus grandes par une production encore plus active ; ni que nos pertes, à nous, seront très sensiblement réduites ; ni que, le fussent-elles, ces pertes pourraient être couvertes par la construction [10] dans un délai assez rapproché ; ni, enfin, que les neutres du Nord se décideront à reprendre la navigation et à fournir ainsi à notre ravitaillement l’appoint indispensable du tonnage dont ils disposent encore...

Or je prétends que nous ne pouvons pas rester dans cette incertitude, qui n’est rien moins que celle du to be or not to be.

Il faut donc faire autre chose et, à la méthode exclusive de « poursuite des sous-marins en cours d’opérations, » joindre celle qui consiste à empêcher ces submersibles, soit de sortir de leurs bases, soit d’y rentrer si, par hasard, ils réussissaient à s’évader.

Ni l’idée ni l’expression ne sont nouvelles pour les lecteurs de ce recueil, puisque c’est dans l’automne de 1914 que j’ai formulé pour la première fois, à ce sujet, des propositions bien souvent renouvelées depuis. Avec les réserves indispensables, — réserves qui m’empêchent malheureusement de fournir à cette élite quelques-uns de mes meilleurs argumens, — j’ai exposé [11] les points fondamentaux de la méthode de guerre navale qui satisferait d’une manière complète aux conditions du problème. Je n’y insiste donc pas. Je me borne à rappeler que l’Amirauté britannique semble avoir accepté, il y a quelques mois, mais avec une sorte de timidité, le principe essentiel du système, lorsqu’elle a organisé à grands frais et avec une louable persévérance l’immense barrage de filets et de mines qui, partant de la côte Sud du Jutland danois et pointant vers Flamborough (comté d’York), oblique brusquement à l’Est-Sud-Est pour rejoindre les eaux hollandaises de la Frise.

Ce barrage « à distance » et qui rappelle un peu malencontreusement le « blocus à distance » dont nous avons constaté l’insuffisance, n’a pas donné les résultats que l’on s’en promettait. Il y parut assez lorsque, dans les dernières semaines d’avril, le nombre des navires anglais de plus de 1 600 tonnes détruits par les sous-marins, passa de 17 à 18 en moyenne, par semaine, à 38 et 44. L’Amirauté avait pourtant, déjà, essayé d’augmenter l’efficacité du dispositif en rapprochant autant qu’il était possible, sans violer la neutralité des eaux territoriales, les extrémités du barrage des côtes du Jutland et de la Hollande[12].

Mais il est évident, d’une part, que la garde d’une barrière de plusieurs centaines de milles marins, — garde indispensable, cependant, — est fort difficile à organiser, de l’autre, que le barrage ainsi compris et disposé n’empêche pas, par exemple, les submersibles de Wilhelm’s haven ou ceux d’Helgoland de rentrer dans l’Elbe, de passer, de là, dans la Baltique, grâce au canal maritime, et de déboucher dans la mer du Nord par les détroits danois et le Skager Rack.

A-t-on pris, sur ce dernier point, les mesures absolument nécessaires ? Nous l’ignorons et devons l’ignorer. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’on ne peut considérer a priori comme définitivement efficace que l’occlusion de chacun des estuaires allemands de la mer du Nord, pris isolément, opération qui dépend du système général de la guerre de côtes et doit être poursuivie, avec une parfaite méthode, au moyen des engins spéciaux de cette guerre.

Inutile d’ajouter qu’il faut en même temps, — ou immédiatement après, — soit entrer dans la Baltique pour y procéder de la même façon, soit barrer complètement aux sous-marins ennemis la sortie du Sund et même celles du Grand-Belt et du Petit-Belt, par où ils pourraient se glisser dans le Cattégat, en dépit des mines danoises de ces deux derniers détroits.

N’oublions d’ailleurs pas que les Allemands ont, il y a un an déjà, barré le débouché du Sund dans la Baltique pour empêcher les submersibles anglais d’y rentrer...

Mais, je le répète, ce sujet a déjà été suffisamment traité. Il n’en est pas de même, je crois, des réflexions que suggère nécessairement aux esprits attentifs et clairvoyans la constatation des mesures si énergiques et si judicieuses, — et parfaitement illégales, — au moyen desquelles les Allemands comptent parer au capital danger que leur ferait courir un blocus vraiment hermétique. Ces mesures sont telles qu’un ministre pouvait, il y a quelques semaines, affirmer au Reichstag que tout serait sauvé, si l’on franchissait le cap redoutable des mois de juillet et d’août 1917, « car, disait-il, notre ravitaillement sera mieux assuré en 1918 que cette année-ci. »

Que faut-il donc faire, de notre côté ? Rester partout sur la défensive et permettre à l’Allemagne de « tenir » encore au moins dix-huit mois, grâce aux ressources supplémentaires que lui fourniront les pays qu’elle occupe et ceux dont des alliés soumis tolèrent, bon gré mal gré, la mise en coupe réglée ?

Manifestement non ! et pour cent raisons que l’on me dispensera d’énumérer. Il est, au contraire, absolument indispensable de faire sur tous les fronts, — y compris le front Nord, — les efforts les plus vigoureux pour disputer aux empires du Centre la libre disposition de ces territoires sur lesquels semblent compter, comme ressource suprême, les profonds stratèges du grand état-major. Bien mieux, c’est précisément sur les fronts Est et Sud qu’il conviendrait, en bonne logique, d’agir avec le plus de vigueur et de gagner le plus de terrain.

Hé ! dira-t-on, comment faire, avec la révolution russe, d’un côté, la Grèce de l’autre, sans parler de l’ « infranchissable » coupure des Dardanelles et de l’obstacle, au moins moral, que nous oppose la neutralité danoise ?

Aucune de ces difficultés n’est insurmontable, et je me propose, — dans la mesure où cela me sera possible, — d’indiquer à larges touches, dans une prochaine étude, les solutions qui me paraissent satisfaisantes du plus grave problème que cette guerre extraordinaire ait encore posé à notre constance.


Contre-Amiral DEGOUY.

  1. Voyez la Revue du 1er janvier 1917 : la Guerre sous-marine de 1917.
  2. Rapport du chef de l’Amirauté anglaise en 1916, cité par M. Tardieu : « Si l’Allemagne a finalement la liberté de recevoir les grands approvisionnemens de vivres et d’autres matières qui, en pratique, passent toutes entre nos mains avant de gagner ce pays (en empruntant les territoires neutres), il semble évident que le blocus ne produit pas les résultats que l’on pourrait attendre du nombre des navires arrêtés et que nous n’usons pas à fond de l’arme qui abrégerait la durée des hostilités. »
  3. Notons encore avec M. Tardieu que, pour la Suisse, il y a 247 articles contingentés tandis que, pour la Hollande, il n’y en a que 21, et, pour le Danemark, 12.
  4. « Avant de donner une autorisation de sortie pour une marchandise à destination d’un neutre limitrophe de l’Allemagne, nous exigeons que cette marchandise soit consignée à une société de surveillance et qu’elle soit contenue comme quantité, dans les limites d’un contingent calculé sur le montant nécessaire à la consommation intérieure de chaque pays… » (Discours de M. Denys Cochin.)
  5. M. Denys Cochin, en rapportant le fait, ajoute ceci qui est bien significatif comme indication de « mentalité. » Sir Edward Carson a dit, à ce sujet, à la Chambre des Communes : « Prenons garde ! Il est évident que nous n’avons pas un blocus complet, mais un blocus partiel ; et si nous voulions violenter les neutres, nous nous mettrions en guerre avec eux. » Il s’agit de savoir ce que l’on appelle violenter. Je remarque seulement qu’à l’égard de la Norvège justement, l’Allemagne a usé, l’automne dernier, de véritables violences pour faire rapporter l’édit du 13 octobre 1916.
  6. Le New-York Times a publié au milieu de mai des chiffres intéressans au sujet des majorations considérables qu’ont subies, en 1915 et 1916, les importations de vivres, denrées, matières premières provenant d’Amérique dans les pays scandinaves, en Suisse et en Hollande. Je ne puis donner ici le détail de ces chiffres. Bornons-nous à en citer les principaux : en Norvège, les importations des États-Unis passent de 8,3 millions de dollars en 1913 à 66,2 millions en 1916. En Danemark, de 18 millions à 36. En Suède, de 12 millions à 49.
  7. Le tracé de cette zone, dans la mer du Nord, est particulièrement compliqué. En fait. Hollandais, Danois, Suédois et Norvégiens du Sud ne peuvent sortir de cette mer sans passer par un étroit défilé, entre l’ilot d’Utsiré et la côte ferme de Karmö, département de Stavanger. Au point de vue nautique, ce n’est pas toujours possible.
  8. Je signale à ce sujet aux lecteurs de la Revue l’article très documenté qui a paru, le 21 mai, dans l’Information sous la signature de M. André Chéradame « Les profits de guerre de l’Allemagne ». Lire particulièrement le paragraphe relatif à la « capture des vivres » et à la mise en valeur, au profit exclusif des Allemands, des 500 000 kilomètres carrés conquis depuis le début de la guerre.
  9. Je saisis cette occasion pour mettre en garde mes lecteurs contre l’opinion qui semble se répandre que l’armement des navires marchands est la solution du problème de la lutte contre les sous-marins. Cette mesure, très judicieuse et trop longtemps attendue, n’est cependant qu’un bon moyen entre beaucoup d’autres. L’augmentation progressive du tonnage des submersibles va leur permettre de se créer une carapace à l’épreuve des obus de l’artillerie légère, et, d’autre part, il sera possible de leur donner un approvisionnement beaucoup plus fort de torpilles légères lancées par des tubes spéciaux.
  10. Voyez la Revue du 1er mars 1917 : « La guerre de côtes et les deux blocus. »
  11. Revue du 1er mars 1917, déjà citée.
  12. Le 18 mai, un grand torpilleur allemand qui, avec quelques autres, accompagnait un sous-marin, a sauté sur une mine en vue de l’île hollandaise de Shiermonikoog. Un croiseur auxiliaire qui, sortant de l’estuaire de l’Ems, accourait au secours a eu le même sort. Il est probable que ces bâtimens se sont heurtes à l’extrémité du barrage.