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Où s’en vont les chemins (Grégoire Le Roy)

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Où s’en vont les chemins


Par le vitrail, du haut de son manoir,
La belle enfant, la douce châtelaine,
Voit, là-bas, sur les routes, dans la plaine,
Un peu d’automne pourpre, un peu de soir.

Ô ces chemins, et ces routes lointaines !
Les bien-aimés s’en sont allés par là…
Ô les chemins ! Tout ce qui s’en alla,
Laissant ici les regrets et les peines !

La douce enfant ! Dans son regard profond,
Si lointain de regrets et de pensées,
C’est la douceur des pauvres délaissées,
Et leur douleur pour ceux-là qui s’en vont…

Ô les chemins ! Ils s’en vont de notre âme
Et s’enfoncent là-bas dans le passé…
Comme on est seul, comme on est délaissé !…
La souvenance appelle et nous réclame.


La pauvre enfant ! Dans le soir de ses yeux,
Comme une étoile, un pleur vient d’apparaître ;
Ô ces chemins ! Et c’est dans tout son être,
Comme un qui part et comme des adieux.

Ô les chemins ! Les routes désolées !
On voit toujours quelqu’un du Souvenir
À l’horizon s’éloigner et partir,
Partir au loin des heures envolées.

La pauvre enfant ! Dans ses yeux il fait noir,
Le soir tombé rêve de l’heure morte…
Tous les aimés ont dépassé la porte…
Et dans son cœur il tombe un peu de soir.