Océan vers/Les Écréaux. — Écueil
XXVIII
LES ÉCREAUX. — ÉCUEIL.
Soudain — qu’est-ce que c’est ? Le temps change ? Frisson.
Quelque chose d’obscur grandit sur l’horizon.
Les immenses flots noirs font une rumeur d’âmes.
Le vent saute, l’écume éclate au bout des lames.
Et, brusquement, voilà la mer comme un chaos.
Est-ce que quelqu’un sait le pourquoi des fléaux ?
À de certains instants dont le mystère échappe
Même à ceux que la peine inexorable frappe.
Tout à coup, de la part de l’Inconnu profond,
La tempête vient voir ce que les hommes font.
Et s’élance, et sitôt que dans le double abîme.
Sur la mer monstrueuse et dans le ciel sublime.
Laissant choir de ses plis le tonnerre vivant.
Ruisselante d’éclairs, toute pleine de vent.
Long suaire de flamme et d’eau, s’est déployée
La robe de cette âpre et sinistre envoyée.
C’est fini ; tous les fronts se courbent sous l’horreur ;
L’épi frémit, le flot hurle ; le laboureur
Tremble pour sa moisson, le marin pour sa vie ;
L’air fuit, de l’ouragan la rafale est suivie ;
Et l’ombre croît avec un bruit prodigieux.
Mettez- vous à genoux, priez, fermez les yeux,
Dieu passe .