Octobre en fleur/1/024

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Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 35).

XXIV

TRISTESSE.


Le ruisseau frais, coulant dans l’herbe et le myrtil,
M’a dit : — « Celui qui prit ton cœur où donc est-il ? »

— « Où donc », m’a dit la brise odorant le sainfoin,
« Où donc est-il, l’ami dont ton cœur a besoin ? »

Le soleil exaltant les ombres, vers le soir,
M’a dit : — « Et pourquoi seule ? et n’as-tu plus d’espoir ? »

J’ai dit au ruisseau frais : — « Je suis seule à jamais,
Une autre a pris le cœur de celui que j’aimais. »

Et j’ai dit à la brise odorant le blé vert :
— « Celui qui prit mon cœur l’a jeté dans la mer. »

Et j’ai dit au soleil mourant dans l’or du soir :
— « Ô soleil ! la nuit tombe et je n’ai plus d’espoir »