Octobre en fleur/4/028

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Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 162).

XXVIII.

BAISERS D’AUTOMNE.


Oh ! ces baisers perdus que nul amour ne cueille !
Violettes d’Avril sous l’herbe et sous la feuille
Et que décèle en vain leur parfum doux et frais,
Car la brise le mêle au souffle des forêts.
Oh ! ces baisers, éclos dans l’enclos de mon âme,
Où l’éternel Avril des tendresses de femme
S’extasie et rayonne et pleure et chante encor,
Malgré l’automne ! Oh ! vois ! Octobre mue en or
Les feuillages plaintifs balancés par la brise.
Oh ! ces fleurs de mon cœur ! Vois, l’Automne m’a prise
Dans ses bras, son haleine est moite sur mon front
Et je pressens l’hiver et la mort qui viendront.
Et, frissonnant d’effroi, je refuse mes lèvres
À l’Automne, et, brutal, il me souffle ses fièvres.
Et je souffre et je crie et je pleure et j’ai peur…
Et tous mes doux baisers vont mourir de douleur.