Octobre en fleur/4/039

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Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 175).

XXXIX.

JOUR DE MAI.


Le bouleau printanier semble un arbre de rêve,
Sur le pâle horizon d’un bleu mêlé de lait.
Les frondaisons de chêne ont des rougeurs de sève,
Au pied du hêtre éclôt du feuillage en bouquet.

Les chevaux de labour, bruns sur la terre bise,
Veloutés de sueur, travaillent gravement.
Et, sous les longs baisers que lui donne la brise,
La glauque mer de seigle a des remous d’argent.

Cher, je voudrais sentir ma main dans ta main douce,
Pour que ce beau printemps fût le printemps pour moi,
Nous irions à pas lents dans l’herbe et sur la mousse,
Palpitant de désir et pâlissant d’émoi.

Sous la fraîche feuillée, au grand bois solitaire.
Tu poserais, ami, ton front sur mes genoux.
Et tu serais le ciel et je serais la terre
Et nos baisers feraient le vrai printemps pour nous.