Octobre en fleur/4/042

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Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 180).

XLII.

TRISTESSE.


Ignorant à jamais la saveur de tes lèvres,
Je clos les yeux et rêve à ton baiser divin.
Je l’imagine pur et clément à mes fièvres.
Je tends les bras, je t’aime et je t’appelle en vain.

Je dis ton nom, chère âme, et je t’offre ma bouche,
Comme un fruit rouge et mûr pour la soif de ton coeur.
Soudain je me reprends, palpitante et farouche
Et mon amour se voile et l’orgueil est vainqueur.

Les jours glissent, voilés, pareils à des fantômes
Et, parmi leurs pâleurs, mon cœur seul est vivant.
Mais il implore en vain la tendresse et les baumes
De ton baiser divin, mirage décevant.

Et toujours l’oasis, son eau fraîche et ses palmes,
Attire mon délire au désert de mon sort.
Oh ! boire tes baisers ! — et puis, joyeux et calmes,
Nous endormir ensemble à l’ombre de la mort !