Octobre en fleur/4/070

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Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 219-220).

LXX.

L’AMOUR DORMAIT.

Mon doux Amour dormait, à l’ombre, sous les branches,
Las du dédale et des chemins.
J’ai couronné son front de violettes blanches,
J’ai mis un lys entre ses mains.

J’ai baisé son front moite et ses paupières closes
Et ses pieds nus meurtris et las.
J’ai fait pleuvoir sur lui des pétales de roses,
D’hyacinthes et de lilas.

— « Amour, vas-tu mourir ? oh ! ne meurs pas encore,
Amour suprême, Amour cruel,
Amour que je maudis et que pourtant j’adore,
Toi qui m’avais promis le ciel !

« Amour, réveille-toi ! l’ennemi vient ! aux armes !
Défends-toi bien, il veut ta mort. »
L’Amour s’est réveillé sous mes fleurs, sous mes larmes,
Souriant, orgueilleux et fort.


— « Qu’importe l’ennemi ? qu’il vienne et que sa lance
Effleure mon cœur immortel !
Viens, je veux t’enivrer de rêve et de silence,
Vois, mes yeux bleus sont pleins de ciel. »