Octobre en fleur/4/087

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Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 237).

LXXXVII.

SOUS L’ARCHET DE L’ÉMOI…


Sous l’archet de l’émoi vibre encor chaque fibre,
Ma main frissonne encor d’avoir touché ta main.
Laisse — mon cœur est las de n’être jamais libre,
Tu m’as trop fait pleurer, va, passe ton chemin.

En nul baiser béni ne se joindront nos lèvres,
Nos yeux même se sont défendu les aveux.
Ne touche plus ma main pour raviver mes fièvres.
Voici le carrefour et l’heure des adieux.

Ta route est belle encor, la mienne est solitaire
Et monotone et longue aux lenteurs de mes pas.
Adieu — Lorsque avant toi me reprendra la terre,
J’attendrai mon amour, je ne dormirai pas.

Nos âmes s’aimeront du pâle amour des anges.
Dans les fleurs des tombeaux refleuriront nos corps.
Leurs parfums troubleront de voluptés étranges
Les cœurs des amoureux qui vont pleurer les morts.