Octobre en fleur/4/118

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Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 276-277).

CXVIII.

DIS MOI TA PEINE…


Dis-moi ta peine, car je t’aime,
Dis-moi ta peine, car j’en meurs.
Je recevrai comme un baptême
Le sel et l’onde de tes pleurs.

Je t’ai cherché toute ma vie,
Sous l’aubépine et les lilas,
Dans les blés d’or que le vent plie,
Parmi les sombres dahlias.

Un soir, dans la forêt d’automne,
J’ai rencontré l’ami divin.
Le vent gémit, l’orage tonne,
Mais j’ai trouvé l’amour enfin.

Si tu ne veux sceller ma bouche
Du sceau brûlant de ton baiser,
Donne ta main que je la touche,
Laisse mon front s’y reposer.


Répands tes larmes comme un baume,
Cher, sur mes pieds meurtris et las
Et chasse le cruel fantôme
De ma vie où tu n’étais pas.

Du fond des bois la lune émerge.
Ô bien-aimé ! ne pleurons pas.
Je t’aimerai comme une vierge,

Sous l’aubépine et les lilas.