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Odes (Horace, Séguier)/I/17 - À Tyndaris

La bibliothèque libre.
Odes et Épodes et Chants séculaires
Traduction par M. le Comte de Séguier.
A. Quantin (p. 25-26).

XVII

À TYNDARIS



Souvent du Lycée au charmant Lucrétile,
Léger, descend Faune, et, toujours gracieux,
      Il épargne à mon troupeau mobile
   Les jours brûlants, les souffles pluvieux.
De l’impur mari chaque libre compagne,
En broutant le thym, le rampant arbousier,
      Sans péril peut courir la montagne :
   Aucun aspic ne l’y vient effrayer,
Nul loup martial des sommets d’Hédilie,
Dès que, Tyndaris, son pipeau fortuné
      Fait vibrer et la roche polie
   Et les vallons de l’Ustique incliné.
J’ai l’appui des dieux ; les dieux aiment ma muse
Et ma piété. Viens ! l’Abondance alors
      Épandra de sa corne profuse
   Dans tes deux mains ses rustiques trésors.
Viens ! des chaleurs d’août une vallée opaque
Doit te garantir : sur le luth de Téos
      Tu diras d’Éa comme d’Ithaque
   L’amour croisé pour un même héros.


Viens ! tu videras, à l’ombre, maints calices
D’innocent Lesbos, sans qu’à des chocs ingrats
      Thyonée, au sein de nos délices,
   Provoque Mars ; enfin point ne craindras
Que l’ardent Cyrus, ô ma beauté mignonne,
Sur toi porte l’ongle en un jaloux transport,
      Lacérant ton agreste couronne,
   Ta robe aussi, digne d’un meilleur sort.