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Odes (Horace, Séguier)/I/27 - À ses compagnons dans un festin

La bibliothèque libre.
Odes et Épodes et Chants séculaires
Traduction par M. le Comte de Séguier.
A. Quantin (p. 36-37).

XXVII

À SES COMPAGNONS DANS UN FESTIN


Avec son calice, instrument d’allégresse,
Se battre est d’un Thrace : à ces barbares mœurs
      Coupons court, et qu’une aimable ivresse
   Empêche ici de sanglantes fureurs.

A table, aux flambeaux, des poignards de Médie ?
Amis, ce contraste est horrible entre nous !
      Modérez votre clameur impie,
   Et sur le coude, en paix, remettez-vous.

Veut-on qu’à mon tour de ce falerne rêche
J’absorbe ma part ? Frère de Mégilla

L’Opontienne, apprends-nous quelle flèche,
   En te blessant, si bien t’ensorcela.

Ta langue s’abstient ? Je ne promets de boire
Qu’à ce prix. N’importe aujourd’hui ta Vénus :
      Tu n’as point à rougir à l’histoire
   De ses ardeurs ; les amours ingénus

Te sont spéciaux. En des oreilles sûres,
Va, laisse tomber tous tes secrets….
      Malheur ! Dans Charybde, oh ! que tu t’aventures,
   Adolescent digne d’un feu meilleur !

Quel mage entendu, quelle habile sorcière,
Ou même quel dieu pourra te délivrer ?
      Des liens de ta triple Chimère
   Pégase à peine oserait te tirer.