Odes (Horace, Séguier)/III/25 - À Bacchus

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Odes et Épodes et Chants séculaires
Traduction par M. le Comte de Séguier.
A. Quantin (p. 129).


XXV

À BACCHUS


Où donc, Bacchus, m’entraînes-tu,
Plein de ton souffle ? En quel bois, quelle grotte,
      M’égare un délire nouveau ?
Du grand César quels rochers vont m’entendre

      Célébrer l’éternel honneur,
L’entrée aux cieux dans le conseil de Jove ?
      Je dirai maint fait éclatant,
Neuf, non chanté. Comme, d’une montagne,

      L’Évias admire, au réveil,
Le cours de l’Hèbre, et les neiges de Thrace,
      Et le Rhodope que gravit
Un pied barbare, ainsi j’aime une rive

      Solitaire, un bosquet désert,
Quand j’erre au loin ? Ô prince des Naïades,
      Des Bacchantes dont la valeur
Peut renverser les plus robustes frênes,

      Mes chants n’auront rien de petit,
D’humble, d’humain. C’est un péril suave,
      Lénœus, de suivre le dieu
Qui porte au front des pampres pour couronne.