Ode triomphale en l’honneur du centenaire de 1789

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LE TRIOMPHE DE LA RÉPUBLIQUE
REPRÉSENTATIONS DONNÉES LES 11, 12 ET 14 SEPTEMBRE 1889
AU PALAIS DES CHAMPS-ÉLYSÉES

ODE TRIOMPHALE
EN L’HONNEUR
DU CENTENAIRE DE 1789
POÈME ET MUSIQUE
PAR
AUGUSTA HOLMÈS

ÉDITION
donnant les indications de mise en scène et de costumes.

PARIS
MDCCCLXXXIX



ODE TRIOMPHALE

EN L’HONNEUR DU CENTENAIRE DE 1789

Poème et Musique

PAR

AUGUSTA HOLMÈS










ODE TRIOMPHALE
EN L’HONNEUR
DU CENTENAIRE DE 1789
POÈME ET MUSIQUE
PAR
AUGUSTA HOLMÈS

ÉDITION
donnant les indications de mise en scène et de costumes.

PARIS
MDCCCLXXXIX


Page:Augusta Holmes ode triomphale 1889.djvu/6

PERSONNAGES CHANTANTS


LA RÉPUBLIQUE

LES VIGNERONS. LES MOISSONNEURS.
LES SOLDATS. LES MARINS.
LES TRAVAILLEURS (1er chœur) LES TRAVAILLEURS (2e chœur).
LES ARTS. LES SCIENCES.
LES JEUNES GENS. LES JEUNES FILLES.
LES ENFANTS (1er chœur). LES ENFANTS (2e chœur).

PERSONNAGES MUETS

(Figures allégoriques.)
LE VIN. LA MOISSON.
LA GUERRE. LA MER.
LE TRAVAIL. L’INDUSTRIE.
LE GÉNIE. LA RAISON.
L’AMOUR. LA JEUNESSE.

UNE FIGURE VOILÉE

COSTUMES


PERSONNAGES CHANTANTS


LA RÉPUBLIQUE.

Elle est vêtue des couleurs françaises, portant le péplum bleu, la tunique blanche et le bonnet phrygien couronné d’épis d’or.

Au front, l’étoile flamboyante. À la ceinture, un glaive au fourreau. Dans la main gauche, le sceptre antique sur lequel on s’appuie, terminé par la main de Justice. Dans la droite, des rameaux d’olivier. Aux pieds, des sandales d’or.

LES VIGNERONS, hommes et femmes.

Costumes français aussi pittoresques que possible. (Voir les costumes du Midi de la France.) Cols découverts, bras nus, vestes sur l’épaule, chapeaux de paille enguirlandés de raisins et de pampres. Costumes dans le même esprit pour les femmes.

Ils portent des cruches, des coupes, des ceps de vigne.

LES MOISSONNEURS, hommes et femmes.

Comme les précédents, ils sont vêtus très pittoresquement. Les femmes ont des chemises de toile bise et des jupes de couleurs éclatantes. Autour des chapeaux, guirlandes de fleurs des champs, bleuets, pâquerettes, coquelicots. Moissonneurs et moissonneuses portent des gerbes, des fléaux, des faucilles.

LES SOLDATS.

Ici, il faudrait entremêler des uniformes de toutes les armes en choisissant les plus éclatants. Bouquets tricolores dans les canons des fusils.

LES MARINS.

Uniformes de la marine de guerre. Ancres et avirons aux mains.

LES TRAVAILLEURS.
1er CHŒUR.
Enfants du Père Soubise et de Maître Jacques, Compagnons du Devoir.

Menuisiers, tourneurs, vitriers, taillandiers, forgerons, maréchaux charrons, tanneurs, corroyeurs, etc.

2e CHŒUR.
Enfants de Salomon, Compagnons de Liberté.

Tailleurs de pierre, menuisiers, serruriers, charpentiers. En tête de chaque chœur, un groupe de compagnons, portant le costume du compagnonnage. Grands chapeaux, vestes garnies de flots de rubans, hautes cannes enrubannées aux pointes de fer et de cuivre. En main, l’équerre et le compas. Aux oreilles, boucles en forme d’équerres et de compas pour les charpentiers, de fers à cheval pour les maréchaux, de martelets et d’aissettes pour les couvreurs, de raclettes d’argent pour les boulangers. Tous ont des bouquets aux chapeaux. Prodiguer les couleurs brillantes.

LES ARTS.

Figures allégoriques, hommes et femmes. La Poésie, le Drame, la Comédie, l’Éloquence, l’Histoire, l’Architecture, la Sculpture, la Peinture, la Musique et la Danse, vêtus à l’antique, portant leurs attributs, puis une foule de personnages représentant les différentes branches de l’Art, puis des Gloires et des Renommées ailées. Effet clair et rayonnant, faire dominer les blancs, les ors, les tons d’aurore.

LES SCIENCES.

Figures allégoriques, hommes et femmes. La Philosophie, l’Astronomie, la Géométrie, l’Algèbre, l’Arithmétique, la Mécanique, la Médecine, la Zoologie, la Botanique, la Géologie, la Minéralogie, la Chimie, la Physique, la Météorologie, etc. Chacune de ces figures doit porter le costume et les attributs voulus. D’autres personnages représentant les plantes, les étoiles, les métaux, etc., que la science a donnés au monde. Effet riche et sévère. Les tons d’acier, de feu, de nuit, doivent dominer.

LES JEUNES GENS.

Costumes variés : vestes et culottes ou pantalons pris dans des guêtres ou des bottes claires. Tons très clairs, fleurs aux boutonnières. Ils portent des palmes et des lauriers verts. Tête nue ou couronnée de chêne.

LES JEUNES FILLES.

Robes blanches, couronnes de chêne et de roses blanches et roses, d’un ton très effacé. Cheveux blonds surtout, Grandes guirlandes de liserons, de chèvrefeuille, de clématites passant sur une épaule et retombant dans les plis de la robe. Touffes de roses blanches à la main. Quelques-unes portent des colombes. Effet printanier et fleuri.

LES ENFANTS (Filles et garçons).

Tuniques blanches, ceintures bleues, blanches et rouges, jambes nues ; sandales, couronnes de fleurs diverses.

LE PREMIER CHŒUR tient, liés sur un char par des chaînes de fleurs, des animaux féroces, tigres, jaguars, panthères.
LE SECOND CHŒUR porte des épées nues, entourées de feuillages.



PERSONNAGES MUETS

(Figures allégoriques.)

LE VIN.

Un jeune homme, cheveux noirs, teint basané, vêtu d’une peau de panthère et d’une tunique couleur lie de vin. Bras nus cerclés d’or, jambes nues. Cnémides de pourpre et d’or. Sur la tête, couronne de lierre, de vigne et d’hyacinthe. Il est porté sur un pavois fait de pampres et de raisins.

LA MOISSON.

Jeune femme rousse, couronnée d’épis et de fleurs des champs. Robe d’un bleu pâle ; faucille d’or à la ceinture. Elle tient une gerbe de blé et s’appuie sur un soc de charrue.

Elle est portée sur des monceaux de gerbes et de fleurs.

LA GUERRE.

Grande et robuste, cheveux noirs, casque d’acier surmonté d’un coq aux ailes déployées. Cuirasse d’écailles d’acier sur une tunique rouge relevée pour laisser voir les jambes revêtues de jambard d’acier. Lance à la main, glaive au côté.

Elle est portée sur des boucliers.

LA MER.

Jeune femme très blanche et très blonde, d’un blond pâle. Cheveux ruisselants jusqu’aux pieds. Robe chatoyante d’un vert glauque aux reflets d’azur. Innombrables colliers de perles, de coraux, de coquillages, bracelets de perles aux bras nus. Guirlandes de plantes marines dans les cheveux et sur la robe. Elle porte à la main le trident.

Elle est assise sur une conque entourée d’un amas de coquillages, d’algues et d’écume.

LE TRAVAIL.

Géant aux formes athlétiques, le tablier de cuir autour des reins, le marteau à la main. Il est porté sur une enclume.

L’INDUSTRIE.

Tunique blanche, ceinture et bracelets d’argent. Aux pieds, des cnémides avec des ailes.

Elle s’appuie sur un rouet et tient un caducée de l’autre main.

Elle est portée sur des instruments de métier.

LE GÉNIE.

Très grand, très jeune, très blond.

Coiffure de l’Apollon Musagète. Tunique de toile d’or, cnémides d’or, bracelets d’or, bras et jambes nus.

Il porte la lyre d’ivoire aux cordes d’or.

Il ne sera point porté, mais marchera en tête du groupe des Arts, suivi et éclairé par une lumière couleur d’or.

LA RAISON.

Jeune, sévère, de haute taille. Couronnée d’étoiles, cheveux noirs, robe bleue semée d’étoiles d’argent, le flambeau à la main. Elle marche en tête du groupe des Sciences, dans une clarté bleue.

L’AMOUR (travesti).

Aspect d’un chasseur adolescent. Cheveux bouclés, tunique blanche relevée sur un genou ; peau de tigre retenue par une ceinture de fer. Grand arc. Carquois à l’épaule. Ailes rosées.

Il marche en tête du groupe des jeunes gens.

LA JEUNESSE.

Svelte et vaporeuse. Tunique et péplum blanc et rose tendre. Couronne de roses des bois sur des cheveux clairs envolés. Ailes de papillon aux mille couleurs.

Elle précède le groupe des jeunes filles.

UNE FIGURE VOILÉE.

Longs cheveux blonds dénoués. Voile noir cachant le visage et tombant en grands plis jusqu’au bas de la robe traînante, où l’on devine du bleu, du blanc, du rouge… Chaînes de fer aux bras, ceinture de fer avec chaîne.



MISE EN SCÈNE.


La scène comprend un large espace en amphithéâtre, entouré de colonnes chargées de trophées auxquelles s’entremêlent des paimiers et des lauriers énormes.

Des rampes établies à droite et à gauche entourent un autel de forme ancienne qui se dresse au centre de la scène. Au milieu, un large escalier monte vers l’autel. Au-dessous de celui-ci, une plate-forme d’où l’on accède vers lui par quelques marches plus étroites.

Au-dessus de l’autel, un grand voile d’or est suspendu à des trophées d’armes, de fleurs, de drapeaux.

Autour de l’autel, quatre trépieds où brûlent des parfums.

Derrière l’autel, une seconde plate-forme aboutit à une nouvelle série de larges degrés menant à une troisième plate-forme au bout de laquelle s’élèvent les derniers praticables se reliant au fond de la scène qui s’étage circulairement, représentant des cités, des forêts et des montagnes lointaines.

Les rampes latérales devront être aménagées de façon à ce qu’il y ait, par intervalles, des surfaces horizontales destinées à recevoir les pavois des figures allégoriques qui, de cette façon, se trouveront échelonnées jusqu’au bas, de chaque côté, en avant des chœurs.


Les chœurs devront entrer en scène par la droite et la gauche, simultanément, ainsi :

CÔTÉ JARDIN. CÔTÉ COUR.
LES VIGNERONS. LES MOISSONNEURS.
LES SOLDATS. LES MARINS.
LES TRAVAILLEURS (1er chœur) LES TRAVAILLEURS (2em chœur).
LES ARTS. LES SCIENCES.
LES JEUNES GENS. LES JEUNES FILLES.
LES ENFANTS (1er chœur). LES ENFANTS (2e chœur).

Les chœurs devront chanter face au public, à l’avant-scène, puis monter simultanément les rampes latérales pour garnir les côtés et le fond, en mettant en relief les figures allégoriques et les pavois qui les précèdent pour les symboliser.

LES ARTS ET LES SCIENCES viendront des parties hautes en sens contraire, exceptionnellement, pour descendre vers l’autel des deux côtés.

LE GÉNIE ET LA RAISON se tiendront debout, de chaque côteé de l’autel.

LES JEUNES GENS ET LES JEUNES FILLES, venant de l’avant-scène, se grouperont des deux côtés, sur la plate-forme au dessous de l’autel.

L’AMOUR ET LA JEUNESSE se tiendront debout, enlacés, en avant et au-dessous de l’autel.

LES ENFANTS se rendront au milieu de l’avant-scène et se grouperont en avant et sur les marches de l’escalier central.

LA FIGURE VOILÉE sortira du milieu de l’avant-scène et passera au milieu des enfants, puis devant les jeunes gens et les jeunes filles et — l’Amour et la Jeunesse se séparant pour lui faire place — montera jusqu’à l’autel, où elle s’agenouillera en suppliante.



ODE TRIOMPHALE


La cérémonie commence par de longs appels de trompettes se répondant des quatre points de la voûte. D’autres appels répondent à ceux-ci, de loin d’abord, puis de plus en plus rapprochés.

Enfin l’orchestre éclate en un prélude en forme de marche triomphale. Aux dernières mesures, le rideau s’ouvre et les vignerons entrent en scène.
LES VIGNERONS,
précedés par le Vin, porté sur un pavois où s’écroulent des raisins et des pampres

Evohé ! Soleil ! Evohé !

La vigne a fleuri !
La grappe a mûri !
Dans les cuves, le vin bouillonne !
Ce soir, vignerons,
Nous reposerons,
Car le vin rougeoie et rayonne.

C’est le vin joyeux
Le vin des aïeux,
Qui rend la vie et l’espérance,
C’est le vin pur et glorieux,
Evohé C’est le vin de France !

LES MOISSONNEURS.
précédés par la Moisson portée sur des gerbes de blé et de fleurs des champs.

Evohé ! Soleil ! Evohé !

Le baiser vermeil
De l’ardent soleil
A gonflé les épis superbes,
Et, toujours, encor,
En lourds monceaux d’or
S’entasse la gloire des gerbes.

Soleil ! Evohé !
C’est le pain sacré
Que nous tirons des blondes plaines,
Que les bœufs dorment dans le pré,
Moissonneurs, les granges sont pleines !

LES VIGNERONS.

Ce vin, c’est le sang
Chaud et rubescent
De la terre qui nous fit naître !

LES MOISSONNEURS.

Ce pain, c’est la chair
Du sol trois fois cher,
Que le soc déchire et pénètre !

LES DEUX CHŒURS.

Forts et rénovés
Mangez et buvez,

Fils du Rire et de la Vaillance,
Le pain et le vin
Sans qui tout est vain,
La chair et le sang de la France !




LES SOLDATS,
précédés par la Guerre, portée sur des boucliers.

L’arme au bras, l’épée au côté,
Le front haut, le cœur sans colère,
Nous en qui la Patrie espère,
Nous attendons sa volonté.

À l’heure où, d’une voix sonore,
Le Coq de guerre chantera,
Le Maître de la nuit fuira
Devant les soldats de l’Aurore !

Et nous célébrerons ton nom,
France, ô mère des épopées,
Au cliquetis clair des épées,
Aux rugissements du canon.

Entends-nous ! Notre âme te crie :
« Nous voulons mourir en t’aimant ! »
Car c’est vivre immortellement
Que de mourir pour la Patrie !

LES MARINS,
précédés par la Mer, portée sur des monceaux de coraux et de plantes marines.

Sur les flots gris de l’Océan sans bornes,
Sous les vents ruisselants,
Depuis les mers aux rivages brûlants
Jusqu’aux neiges mornes
Où veillent les Nornes,
Voguent nos vaisseaux aux beaux flancs !

La vague est terrible et profonde ;
L’éclair brille et la foudre gronde…
Mais dans le danger
Pour nous protéger
Nous t’invoquons, France la blonde !
Et nous semons, vermeilles fleurs,
Les pavillons aux trois couleurs
Aux pays lointains où nous mène l’onde !

À toi, la conquête féconde !
À toi, l’or et la perle ronde !
Qu’importent les morts
Si, par nos efforts,
La France obtient les richesses du Monde !



LES TRAVAILLEURS.
1er groups précédé par le Travail. — 2e groupe, précédé par l’Industrie.
1er CHŒUR.

Tope, frère et dis-moi ton nom !

2e CHŒUR.

Je suis enfant de Salomon.
Dites vos noms qu’on les redise

1er CHŒUR.

Enfant de Jacque et de Soubise.
À qui dois-je donner mon cœur ?

2e CHŒUR.

À ton frère, le travailleur.
À qui dois-je donner mon âme ?

1er CHŒUR.

À ton pays qui la réclame.
À quoi dois-je employer mes bras ?

2e CHŒUR.

Le Temple tu reconstruiras !

LES DEUX CHŒURS.

Avec la pioche et la truelle,
Avec l’équerre et le compas,
Cimente, égalise et nivelle
Compagnon, ne t’arrête pas !

Construis le Temple de justice,
Le cœur tranquille et plein de foi ;
Il faut que l’ordre s’accomplisse :
Frère l’Avenir est à toi !

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