Odes (Horace, Leconte de Lisle)/I/1
Traduction Leconte de Lisle, 1873
æcenas, issu d’aïeux rois, ô mon
appui et ma chère gloire ! il plaît aux
uns de recueillir, en courant, la poussière Olympique ; et la borne évitée par
les brûlantes roues et la noble palme
les portent vers les Dieux, maîtres du monde. Il
plaît à celui-ci que la foule des Quirites mobiles s’agite pour l’élever aux triples honneurs, et à cet autre,
d’entasser dans sa propre grange tout ce qui est
balayé sur les aires Lybiques. Celui qui se réjouit
de sarcler les champs paternels, jamais tu ne l’en
éloigneras, au prix des richesses Attaliques, afin
que, matelot tremblant, il fende, d’une nef
Cyprienne, la mer de Myrto. Épouvanté du vent
d’Afrique luttant contre les flots Icariens, le marchand vante le repos et les campagnes de sa petite
ville ; mais, bientôt, il répare ses nefs brisées, indocile aux maux de la pauvreté. Tel autre ne dédaigne
ni les coupes de vieux Massicus, ni de se réserver
une partie du jour, tantôt couché sous l’arbousier
vert, tantôt près de la source tranquille d’une eau
sacrée. Les camps plaisent à beaucoup, et le son
de la trompette mêlé au clairon, et les guerres
détestées des mères. Le chasseur reste sous Jupiter
glacé, ne se souvenant plus de sa jeune femme, soit qu’une biche ait été vue des chiens fidèles,
soit qu’un sanglier Marse ait rompu les filets
égaux. Pour moi, les lierres, ornement des doctes
fronts, m’unissent aux Dieux supérieurs ; les bois
frais, les chœurs légers des Nymphes avec les
Satyres, me séparent de la foule, pourvu qu’Euterpé
ne fasse pas taire les flûtes, et que Polyhymnia ne
refuse pas de tendre la barbitos Lesbienne. Si tu
me donnes place parmi les poëtes lyriques, de ma
tête sublime je frapperai les astres.