Odes (Horace, Mondot)/10

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Traduction par Jacques Mondot.
Poncelet (p. 24-25).
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À L’HONNEVR DE
Mercure.


ODE X.




Mercure des dieux la faconde
Le Nepueu d’Atlas, qui du monde
Barbare, rude & sans raison
Armé de ta sage conduite
Ses mœurs dressant en douce luite
As formé sa ieune saison.

De ma fureur suiuant la flamme
Qui me rauit & brusle l’Ame,
Et qui fait bouillonner mon cœur
Ie veux sacrer à tes hautesses
Mille Poësies charmeresses,
Et mille autels à ton honneur.

Ie veux raconter à la bande
De nos nepueux, qui ia desbande
Son trait de nos ans enuieux,
Ie diray que ceux soubz qui tramble
Le grand Olimpe tous ensemble
T’ont mis au rang des plus grands Dieux.

Qu’au talon. ilz t’ont mis vne aisle
Te choisissant ccmme fidelle
Secretaire de leurs secrets,
Que pour eterniser ta gloire
Tu as fait parler vn yuoire
Lanimant par tes mots sacrez.

Bien qu’Apolon fut en colere
Contre toy pour la perte amere
De ses bœufs : apres luy auoir
Encor par jeu rauy sa trousse
S’en rist & plus ne se courrouce
Donnant loüange à ton sçauoir.

Ainsi comme les rangs d’Atride
Priam suivant ton pas pour guide

Par toy celé vint eſpier
Les feux Theſſaliens, les armes,
Les bataillons des Grecs gensd’armes
Et pour Hector Achil’prier.

Tu es encor celuy qui meines
Les diuins eſprits par les plaines,
Francs du trauail laborieux,
Et bref comme ton Caducee
Fait toute Mane treſpaſſee
Deſcendre aux enfers tenebreux.