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Odes (Horace, Mondot)/15

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Traduction par Jacques Mondot.
Poncelet (p. 33-35).
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Le presage de Neree, Dieu de la
mer fut la ruine de
Troye.


ODE XV.


LEs vents voyant Pâris
Guider son beau Soleil,
Enuieux & marrys
S’enyurent de sommeil.

La mer calme se taist
En rompant ses esbats,
Neree se repaist
Dans les Troyens combats.

Combien de maux, helas !
Faudra-il lors souffrir.
Qu’vn tranchant coutelas
A toy viendra s’offrir.

Comme le Grec viendra
Assaillir Illion,
Pâris lors deuiendra
En rien ton vnion.

Pallas déia te met
(Ie le voy) son harnois,
Son char, son feu, l’armet,
Son rondache, & son bois.


Presomptueux estant
De Venus caressé
Tu ne seras pourtant
Par ses traictz deIaissé.

Delaissé ne seras
Pour viure à ton plaisir
D’vn torment tu mourras
Qui ia te vient saisir.

À Dieu les doux attraitz
De l’amour nourrissons,
À Dieu les sainctz pourtraitz
Seuls suiets à mes fons.

En vous quittant, ie dois
Sur les Grecz bataillons
Chargé d’vn braue harnois
Rompre mes eguillons.

C’est d’Aiax que ie veux
Suivre d’vn fer pointu
L’arrogance, & les vœux
De sa haute vertu.

Mais quoy ? las ! trop tardif
Pour atteindre à ce point
Il te fera captif
Dans ses mains mal apoint.

Le flottant ennemy
Ne vois-tu ondoyer
Qui te vient, à demy
Forcené, foudroyer.

Teücre vaillant & preux
Pour ta force esbranler
Va d’vn cueur genereux
Ses troupes assembler.

Regardant sur le front
Tu verras Merion
Entre tous ceux qui ont
Le cresté morion.

Tydide ayant son cueur
Enragé de despit
Rechaufant sa fureur
Veut te veoir desconflt.

Comme vn cerf fugitif
Au regard affamé
Du Loup : ainsi craintif
Tu seras, & pasmé.

Pasmé lors tu seras :
Voyant de ta fierté
L’orgueil, tu changeras
Alors ta fermeté.

Paris, tu n’auois pas,
Au souhait de tes yeux
Ouuert, (trois fois, helas)
Ses propos ennuyeux.

Allumé de courroux
Achille vn iour viendra,
Des Troyens, par ses coups
Qui ta gloire esteindra.