Oh ! ce bonheur
Apparence
Mercure de France, (p. 51-52).
XXII
Oh ! ce bonheur
Si rare et si frêle parfois
Qu’il nous fait peur !
Nous avons beau taire nos voix
Et nous faire comme une tente,
Avec toute ta chevelure,
Pour nous créer un abri sûr,
Souvent l’angoisse en nos âmes fermente.
Mais notre amour étant comme un ange à genoux
Prie et supplie
Que l’avenir donne à d’autres que nous
Même tendresse et même vie,
Pour que leur sort, de notre sort, ne soit jaloux.
Et puis, aux jours mauvais, quand les grands soirs
illimitent, jusques au ciel, le désespoir,
Nous demandons pardon à la nuit qui s’enflamme
De la douceur de notre âme.