Ombres de poésie/À la vieillesse

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P.-H. Krabbe (p. 223-224).







À LA VIEILLESSE



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Lorsqu’on n’a plus le droit de dire à la Jeunesse :
— Moi je suis votre égal ; — Je suis autant que vous ; —
Il faut jeter, hélas ! le cri de la détresse....
Chercher déjà la Tombe, et se mettre à genoux !

Car tout vous dit : La mort ! (Le Soleil et la Feuille,
Le Soleil toujours chaud, la Feuille revenant....)
Et lorsque vous tenez une fleur qui s’effeuille,
Vous touchez votre image, et vous allez pleurant :

Pleurant si vous aimez, pleurant si l’on vous aime,
À supposer qu’un cœur brille encore à vos yeux....
Vos yeux de qui la flamme est l’ombre d’elle-même,
Ombre dont le regard doit se porter aux Cieux.

. . . . . . . . . . . . . . .

Là, vous ayez passé !… passe à ton tour, oui, passe,
Jeune homme, jeune fille, aux rires doux et frais....
Bientôt ta vie aussi redira : « Je suis lasse,
Et veux m’étendre aux pieds d’un if ou d’un cyprès. »


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