Ombres de poésie/Un mot sur une horreur

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P.-H. Krabbe (p. 69-70).







UN MOT SUR UNE HORREUR


Dédié à Rome.



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La Guerre !… Une action terrible, lamentable,
Puisque son arme tend à produire la mort…
Qu’Elle cherche à tuer l’Être humain, un semblable,
Et briller dans le sang pour se mettre d’accord.

Malheur toujours affreux s’étendant sur le monde,
Que celui des combats, même pour le Vainqueur ;
C’est toujours un orage, un tonnerre qui gronde
Pour ce silence après qui vient trouver le Cœur.

Oui, oui, silence affreux !… un sol couvert de Braves
(Car tout brave est celui qui s’est bien défendu),
Expirés ou râlant… hideux monceau d’entraves
Où tout rang, où tout grade est éteint, confondu…

Après le jour, la Nuit, pareille aux creux de tombe ;
Alors, pour retrouver des parents, des amis,
Chacun cherche, soulève un être qui retombe
Heureux, balbutiant : — Je meurs pour mon pays !

Puis sonne le Départ… Mais avant, une fouille
Se pratique en la terre… immense et noir cercueil…
Qui reçoit dans ses flancs l’héroïque dépouille…
La terre se referme… et l’Herbe fait le deuil !

. . . . . . . . . . . . . . . .

C’est un mot seulement que je viens de vous dire ;
Mais que la Guerre soit ou folie ou raison,
Je ne craindrai jamais de penser ou d’écrire
Que Guerre signifie — ABOMINATION !!!


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