Ornithologie du Canada, 1ère partie/II ORDRE — LES PASSEREAUX.

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Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 124-125).

IIIe ORDRE.

LES PASSEREAUX.

(Perchers.)


Les auteurs rangent sous le nom de Passeres, d’Ambulatores, de Sylvains, ce que nous appelons Passereaux, la plus grande partie des oiseaux à caractères négatifs, c’est-à-dire, ceux qui ne sont ni rapaces, ni échassiers, ni palmipèdes.[1]

Les Passereaux se distinguent des Rapaces, dont le bec est crochu et les ongles très acérés, quoiqu’ils soient liés à cet Ordre par les Pies-Grièches ; ils se séparent des Gallinacés, en ce que ceux-ci ont la mandibule supérieure voûtée et les trois doigts antérieurs unis à la base par une petite membrane ; ils ne peuvent être confondus avec les Échassiers, dont les jambes sont dégarnies de plumes au-dessus de l’articulation tibio-tarsienne, ni avec les Palmipèdes, dont les doigts sont ou bordés de festons membraneux, ou entièrement réunis par une large membrane. Les Passereaux varient par leurs mœurs comme par leur conformation : les uns sont solitaires, les autres sont sociables ; les uns volent avec vigueur, d’autres quittent peu les taillis ; tous sont monogames. Ils se nourrissent d’herbes, ou de graines, ou de baies, ou d’insectes, ou de vers, ou de poissons, ou d’oiseaux ; quelquefois même ils sont omnivores. La plupart sont de petite taille. Quelques-uns ont un chant agréable, et la chair de beaucoup d’entr’eux pourvoit à l’homme un aliment délicat.[2]

Dans nul ordre autant que chez celui des Passereaux, a-t-on remarqué ces variations périodiques dans la livrée que Vieillot décrit comme suit : « Dans les oiseaux, chaque âge, spécialement dans les mâles, est marqué par un vêtement particulier, et chaque vêtement en indique les diverses époques, depuis leur naissance jusqu’à leur état parfait. Le nombre de ces changements n’est pas le même chez toutes les espèces, et ils ne s’effectuent pas en même temps ; cela dépend du terme assigné à chacune pour se parer des couleurs qui ne laissent plus de doute sur les sexes : ces couleurs sont, lors de l’accouplement, plus distinctes chez les mâles que chez d’autres. La plupart se revêtent de la robe nuptiale dès leur première année ; et quelques-uns ne la prennent que deux et même trois ans après leur naissance ; tous la conservent dans le temps des amours et la quittent à la mue, pour se recouvrir de leur plumage d’hiver : la différence de ces vêtements se saisit facilement dans un grand nombre d’oiseaux. C’est sous le vêtement d’hiver que tous ceux qui émigrent se mettent en route, et qu’on les voit dans le sud ; alors leur ramage est enroué, faible et sans expression ; mais à leur départ des pays chauds ou pendant le voyage, leurs couleurs deviennent plus nettes et plus brillantes ; ce changement se fait chez les uns sans muer, et chez les autres après une mue complète. Leur chant n’acquiert qu’à cette époque sa clarté, sa force, son étendue ; dès qu’il est parvenu à sa perfection, il indique celle du plumage, et il annonce que ces oiseaux ont la faculté de s’apparier. »

Les Passereaux composent l’ordre le plus nombreux, le plus varié et le plus intéressant.


  1. Lesson.
  2. Le Maout.