Ornithologie du Canada, 1ère partie/La Grive couronnée

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Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 174-176).

LA GRIVE COURONNÉE.[1]
(Golden-crowned Thrush.)


Cet oiseau a la taille et le bec effilé des Fauvettes sans en avoir la vivacité ou le genre de vie. Il est classé maintenant avec les Grives, avec lesquelles il a de l’analogie dans le caractère, et les mouchetures de ses parties inférieures. Ses habitudes sont celles de la Grive solitaire ; il se plaît dans les bois épais, solitaires et arrosés par des ruisseaux ; il ne se perche que sur les arbrisseaux ou sur les branches les plus basses des arbres. D’un naturel silencieux, il vit toujours isolé, si ce n’est au printemps où l’on rencontre quelquefois le mâle et la femelle ensemble. Son cri se compose de trois notes répétées rapidement, pèche, pèche, pèche, et qui dure un quart de minute à la fois. Comme il cherche sa nourriture plus volontiers à terre que sur les arbres, c’est au pied des arbrisseaux et des buissons qu’on est presque toujours certain de le trouver. Cette Grive diffère des autres par la manière de placer et de construire son nid. Elle le pose à terre sur le penchant d’un monticule exposé au midi ; le compose de feuilles sèches et d’herbes grossières ; lui donne une forme ovale et place l’entrée à l’un des deux bouts. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs bleus et tachetés de brun. Elle nous quitte l’automne et passe son quartier d’hiver à St. Domingue, à la Jamaïque et dans les contrées voisines. À l’instar de bon nombre d’oiseaux qui nichent à terre, cette Grive a recours à une infinité de ruses, pour soustraire ses petits au danger.

L’Étourneau, « trop grand seigneur, pour élever une famille, » s’en remet souvent à cette Grive du soin de couver ses œufs et de nourrir ses jeunes : il ne saurait en effet leur choisir de nourricier plus attentif. La Grive couronnée vit de larves, d’insectes ; elle est sédentaire au Texas, dans la Floride et à la Louisiane ; assez rare dans le Bas-Canada, elle fréquente l’Ouest de la province, sans se rendre au Labrador.

« Les côtés de la tête de cette petite Grive sont d’un gris verdâtre, et le sommet d’un beau jaune orangé avec une bordure d’un noir velouté ; un trait de cette dernière couleur part de la racine du bec et s’étend sur les côtés de la gorge ; celle-ci est blanche ainsi que le devant du cou et le ventre ; la poitrine et les flancs sont d’un blanc glacé de jaunâtre, avec des taches noires longitudinales ; le dessus du cou et du corps, le bord extérieur des ailes et de la queue sont d’un olivâtre sombre ; les pieds d’un jaune rembruni ; le bec est brun. »

Longueur totale, 6 ; envergure, 9.

« La femelle ne diffère du mâle qu’en ce que sa couronne est d’un jaune moins vif et bordée d’un noir terne. Les jeunes ont le dessus de la tête d’un jaune roux, frangé de noirâtre ; le dessous du corps d’un blanc sale, grivelé de brun ; le dessus, de cette dernière couleur et moucheté de roux : ces mouchetures sont la livrée de presque toutes les Grives dans leur premier âge. »


  1. No. 186. — Seiurus aurocapillus. — Baird.
    Seiurus aurocapillus.Audubon.