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Oui, croyez-moi, m’amie

La bibliothèque libre.
Poèmes Premier et second carnets de poèmesmanuscrits autographes (p. 84).

XXVII

sonnet


Oui croyez-moi m’amie, je vous dis, prenez garde !
Fuyez tous ces plaisirs, car ils sont inconstants,
Et, bien qu’à vous frapper le malheur encor tarde,
Il viendra ! — La douleur est compagne du temps !

Quand le cœur est si laid qu’il se voile et se farde,
Il sent que la misère est de tous les instants !
Les larmes, et la faim, et ces maux attristants,
Qui font, Catinetta, qu’à peine, on vous regarde !

Assez, amie, assez ! Car rien n’est triste à voir
Comme une pauvre fille en pleurs, et jeune encore,
Que le passé poursuit, que le présent devore,

Dont l’avenir se perd dans un horizon noir !
Avoir vécut d’amour, et mourir de tristesse !
Oh ! que vous payez cher, quelques moments d’ivresse !