Ozymandias

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Ozymandias
Traduction par Félix Rabbe.
Albert Savine, éditeur (IIIp. 29).

OZYMANDIAS (Sonnet)

J’ai rencontré un voyageur venu d’une terre antique qui m’a dit : « Deux jambes de pierre vastes et sans tronc se dressent dans le désert. Près d’elles, sur le sable, à moitié enfoncé, gît un visage brisé, dont le froncement de sourcil et la lèvre plissée, et le ricanement de froid commandement disent que le sculpteur sut bien lire ces passions qui survivent encore, empreintes sur ces choses sans vie, à la main qui les imita et au cœur qui les nourrit. Et sur le piédestal apparaissent ces mots : Mon nom est Ozymandias, roi des rois ; regardez mes œuvres, ô puissants, et désespérez ! Il ne reste rien à côté. Autour de la ruine de ce colossal débris, sans limites et nus, les sables étendent au loin leur niveau solitaire. »