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PARTENZA…

tantôt se déchaîne et tantôt arrive jusqu’à nous dans une caresse lente à s’évanouir. Il m’est impossible de fixer en moi cette idée que nous sommes au premier janvier ; ici tout est reposé, calme, tranquille, bercé d’une inexprimable sérénité ; je ne connaissais que le premier janvier assommant, maussade et menteur de Paris ; ce jour de l’an à Rome est infiniment doux et n’oblige à aucune étreinte fausse, à aucun répulsif serrement de main…

La via Sistina, la rue des marchands de photographies dont la consommation est grande, ici, comme le besoin d’emporter avec soi le souvenir matérialisé de tout ce qui enchante les yeux. À côté des reproductions de monuments quelconques et d’œuvres d’art qui déjà, celles-ci, sont pleines d’intérêt, il y a des photographies charmantes ; ce sont des études de modèles prises sur nature, un peu partout, particulièrement à Rome, à Naples et à Taormine. Les gars de Taormine sont superbes, mais leur nudité a l’aspect un peu rude ; leurs yeux très beaux éclairent des visages réguliers, mais fermés, ne laissant deviner aucun frisson de leur être intérieur ; à part quelques jeunes garçons délicats et d’une joliesse plutôt efféminée, les autres ont des allures solides d’étalons et feront, certes, de beaux enfants comme eux ; j’allais dire de fort jolies bêtes, car il m’a paru que c’est l’animalité jolie qui domine surtout en eux malgré la forme pure des visages où ne s’égare aucune pensée. Mais ceux de Naples et de Rome ! Quelle exquise finesse dans les yeux, dans la bouche dont la lèvre inférieure fuyante