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CAZOTTE

— Ah ! interrompit l’autre, si j’avais seulement mes membres…

— Et moi, dit l’adversaire, si j’avais seulement mes mains… Et d’ailleurs, me disait-il, vous pouvez vous apercevoir que ce qu’il dit ne saurait passer le nœud de la gorge.

— Mais, disais-je, ces disputes-ci vont trop loin…

— Eh ! non, laissez-nous faire ; ne vaut-il pas mieux se quereller que de bâiller ? À quoi peuvent s’occuper des gens qui n’ont que des oreilles et des yeux, qui vivent ensemble face à face depuis un siècle, qui n’ont nulle relation ni n’en peuvent former d’agréables, à qui la médisance même est interdite, faute de savoir de qui parler pour se faire entendre, qui…

» Il en eût dit davantage ; mais voilà que tout à coup il nous prend une violente envie d’éternuer tous ensemble ; un instant après, une voix rauque, partant on ne sait d’où, nous ordonne de chercher nos membres épars ; en même temps nos têtes roulent vers l’endroit où ils étaient entassés. »

N’est-il pas singulier de rencontrer dans un poëme héroï-comique de la jeunesse de l’auteur, cette sanglante rêverie de têtes coupées, de membres séparés du corps, étrange association d’idées qui réunit des