Page:Discorso filosofico-politico sopra la carcere de' debitori.djvu/66

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rappeller les hommes sans cesse. Le passage de l’humanité à la barbarie n’est que trop facile, les impressions fréquentes au même objet sur les sens émoussent la sensibilité, sans la quelle on ne peut être humain ; & si malheureusement la puissance législatrice ne la nourrit pas, le plus grand nombre sera bientôt opprimé par le plus petit.

Le sage Solon prévit cet inconvénient en donnant des loix à Athenes. Il proscrivit l’emprisonnement pour cause de dettes civiles ; mais malheureusement pour le genre humain il n’a pas été imité ; on ne peut plus attendre que des lumieres de notre siecle la cessation de cette barbarie autorisée par les loix[1].

  1. Il y a quelques années qu’il fut défendu à Florence d’emprisonner aucun débiteur pour une somme au dessous de deux écus ; on pouvoit auparavant contraindre par corps pour plus petite dette. C’est là un premier pas fait en faveur de l’humanité.