ses vertus naturelles n’avait pas laissé une impression profonde dans la cour impériale. On l’avait négligé dans les temps de prospérité ; mais dans la crise du danger, son mérite fut universellement senti et avoué. Quelle confiance ne devait pas avoir Gratien dans la probité de Théodose, lorsqu’il comptait que ce fils sensible oublierait, pour l’amour de la patrie, le meurtre de son père ! Quelle opinion on manifestait de ses talens lorsqu’en le nommant, on plaçait en un seul homme l’espoir du salut et du rétablissement de l’empire d’Orient ! Théodose monta sur le trône dans la trente-troisième année de son âge. Le peuple admirait sa figure noble et sa taille majestueuse et pleine de grâce, qu’il se plaisait à comparer aux portraits et aux médailles de Trajan, tandis que les observateurs attentifs découvraient dans son cœur et dans son esprit une ressemblance plus précieuse avec le plus grand et le meilleur des empereurs romains.
Prudence de Théodose et ses succès dans la guerre contre les Goths. A. D. 379-382.
C’est avec le regret le plus sincère que je me vois privé d’un guide exact et impartial qui a écrit l’histoire de son siècle, sans se livrer aux passions et aux préjugés dont un contemporain se garantit difficilement. Ammien-Marcellin, qui a terminé son utile ouvrage par la défaite et la mort de Valens, recommande l’histoire glorieuse du règne suivant à l’éloquence vigoureuse de la génération naissante[1] ; mais cette génération négligea son avis,
- ↑ Écoutons Ammien lui-même : Hæc ut miles quondam