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POLYMNIE, LIVRE VII.

chénice[1] de blé seulement chaque jour, cela ferait par jour cent dix mille trois cent quarante médimnes[2], sans y comprendre celui qu’on donnait aux femmes, aux eunuques, aux bêtes de trait et de somme et aux chiens. Parmi un si grand nombre d’hommes, personne par sa beauté et la grandeur de sa taille ne méritait mieux que Xerxès de posséder cette puissance.

CLXXXVIII. L’armée navale remit à la voile, et étant abordée au rivage de la Magnésie, situé entre la ville de Casthanée et la côte de Sépias, les premiers vaisseaux se rangèrent vers la terre, et les autres se tinrent à l’ancre près de ceux-là. Le rivage n’étant pas en effet assez grand pour une flotte si nombreuse, ils se tenaient à la rade les uns à la suite des autres, la proue tournée vers la mer, sur huit rangs de hauteur. Ils passèrent la nuit dans cette position. Le lendemain, dès le point du jour, après un temps serein et un grand calme, la mer s’agita ; il s’éleva une furieuse tempête, avec un grand vent d’est que les habitants des côtes voisines appellent hellespontias. Ceux qui s’aperçurent que le vent allait en augmentant, et qui étaient à la rade, prévinrent la tempête et se sauvèrent ainsi que leurs vaisseaux, en les tirant à terre. Quant à ceux que le vent surprit en pleine mer, les uns furent poussés contre ces endroits du mont Pélion qu’on appelle ipnes (fours), les autres contre le rivage ; quelques-uns se brisèrent au promontoire Sépias ; d’autres furent portés à la ville de Mélibée, d’autres enfin à Casthanée ; tant la tempête fut violente.

CLXXXIX. On dit qu’un autre oracle ayant répondu aux Athéniens d’appeler leur gendre à leur secours, ils avaient, sur l’ordre de cet oracle, adressé leurs prières à Borée. Borée, selon la tradition des Grecs, épousa une Athénienne nommée Orithyie, fille d’Érechthée. Ce fut, dit-on, cette alliance qui fit conjecturer aux Athéniens que

  1. La chénice signifie une mesure et la chose mesurée.
  2. Il y a quarante-huit chénices dans un médimne. Les cent dix mille trois cent quarante médimnes supposent qu’il y avait cinq millions deux cent quatre vingt-seize mille trois cent vingt hommes dans l’armée des Perses. Or cette armée était moins forte de treize mille cent hommes. (L.)