Page:Le Correspondant, année 93, tome 282, 1921.djvu/518

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ques heures plus tôt, l’invocation matinale des scouts de France

« Mère du Sauveur, cause de notre joie, priez pour nous1)) Il ignorait que dans cette même invocation tous ces scouts en partance avaient élevé vers Dieu cet appel « Seigneur Jésus, daignez aujourd’hui nous conserver tous en état de grâce, et faites que nul d’entre vos scouts ne passe sa journée sans avoir rendu un service à son prochain pour l’amour de vous. Ainsi soit-il. »

Il ignorait que dans le for intime de certaines de ces petites âmes s’était murmurée la prière professionnelle du scout, libellée d’après saint Ignace


« Cœur de Jésus, apprenez-moi à être généreux, à vous servir comme vous le désirez, à donner sans compter, à combattre sans souci des blessures, à travailler sans chercher le repos, à me dépenser sans attendre d’autre récompense que celle de savoir que je fais votre Sainte Volonté. »


Il ignorait que, lorsque la petite équipe aurait atteint l’endroit prévu pour le campement, le chef, avant d’édifier les tentes, prierait, et que ce chef dirait à Dieu


« Seigneur et chef Jésus-Christ, qui malgré ma faiblesse m’avez choisi pour chef et pour gardien de mes frères scouts, faites que ma parole éclaire leur marche au sentier de votre Loi que je sache leur montrer vos traces divines dans la nature que vous avez créée, leur enseigner ce que je dois, et conduire ma patrouille d’étape en étape jusqu’à vous, mon Dieu, dans le camp du repos et de la joie, où vous avez dressé votre tente et la nôtre pour toute l’éternité. Amen ».


La patrouille, pourtant, s’effaçait sur l’horizon le promeneur superficiel devant lequel elle avait défilé gardait l’impression, bientôt oubliée peut-être, d’une bande d’enfants en joyeuse randonnée ; que ne pouvait-il assister, le soir même, à la prière devant les tentes, et entendre résonner en plein air, sur les lèvres des scouts, le chant du couvre-feu Encore un jour de passé,

ou encore

Seigneur Jésus, bonté suprême,

Nous vous avons offensé,

Mais nous vous aimons tout de même. C’est la nuit

Tout se tait,

Sur la plaine,

Les collines,

Et les bois,

C’est la paix

Tout est bien,

Et Dieu vient.